06/05/2009
Les lilas
Je rentrais d’une marche à pieds quand j'entendis un cri sauvage provenant d’une voiture. En un dixième de seconde, la vitre avant côté passager se baissa pour laisser passer la main de celui qui venait de hurler. Il me faisait signe bonjour et m’adressa un sourire dont la douceur était aussi surprenante que la sauvagerie du cri qu’il venait de pousser. Sous l’effet de la surprise, je me vis en train de lui sourire à mon tour, chaleureusement, comme on rend une poignée de main.
Aujourd’hui je ne suis pas rentrée à la maison en ligne directe comme cette fois-là, j’ai bifurqué vers les allées parallèles, bordées de haies entrecoupées d’arbres et arbustes ; elles enserrent un parc étroit, lieu où le canal coulait, avant d’être recouvert d’un manteau de verdure sur un petit kilomètre de son passage en centre-ville. J’ai coupé vers ce lieu, pour sentir les lilas, et autres parfums forts de seringats que le vent du soir mélange. J’ai respiré ce cocktail d’odeurs avec la même reconnaissance éprouvée envers les sourires dans la tempête. De ceux qui vous demandent de les comprendre et qui vous donnent beaucoup.
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24/04/2009
Les gens de souche
Arrêtons avec la France de souche ! Nous sommes responsables du pays où nous vivons, et devons être respectueux à l‘égard de toutes les personnes qui y habitent, sans chercher à savoir si elles sont là depuis longtemps ou pas : chose qui les regarde en priorité. Ce qui compte c’est le droit fondamental au respect. C’est pourquoi à la traque humaine qui se produit vers Calais je pose la question : « Pourquoi ces personnes n’auraient-elles pas le droit d’avoir une vie décente soit dans leur pays d'origine ou ici puisque c'est impossible là-bas ? Avec des soins, un apprentissage etc. comme tout être vivant ? Au nom de quelle barbarie n'y auraient-ils pas droit ? »
Vous penserez que le propos est un peu ironique en raison de ce qu'endure mon enfant ? C'est que je parle selon ce qui devrait être tout naturellement pour tout un chacun. Faire barrage à l'évolution de quelqu'un c'est renoncer à l'essentiel.
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23/04/2009
Luminothérapie
Cet après-midi j‘avais besoin de détente, les nouvelles de la veille à propos de Sam m’avaient stressée une fois de plus. Je me suis octroyé une luminothérapie, en plein patio, en même temps vrombissaient les moteurs de mobylettes des quelques passionnés de mécanique qui se réunissent régulièrement dans le parc d’en face. L’espace d’un sentier, de quelques broussailles, et deux ou trois brasses dans la petite rivière, pour rejoindre la berge où opère le chef mécanicien de la joyeuse troupe. Les exclamations très proches et autres éclats de voix parmi les vroum-vroum des tigres à moteur, m’étaient indifférent. La lumière emportait tout en bruit de fond, je me baignais dans ses ondes. Tigret le chat souriait, inoculant une sorte de chaleureux silence virtuel autour de nous ; par moment il semblait voguer, éclaboussé de soleil. J’aurais aimé faire partager cela à Sam, qui a besoin de luminothérapie plus que moi, mais impossible d’accéder vraiment jusqu’à lui, c'est-à-dire de l'emmener en balade, pour le moment.
Sam étant hospitalisé depuis dix anx, nous devons cycliquement supplier les instances administratives afin qu'il puisse mettre un peu le nez dehors, ne serait-ce que dans le parc de l‘hôpital. Son handicap mental ne lui permettant pas de s‘exprimer, chaque fois qu’il est accusé de quelque chose, il reste sans défense ; nous les parents sommes obligés de prendre pour argent comptant la parole de son ou ses accusateurs, gens du personnel qui se tiennent dans l'ombre, voulant rester anonymes, un peu aigris sans doute parce qu'ils n'aiment apparemment pas leur métier ; En conséquence de leurs dires, Sam doit supporter sa punition sans autre choix que d'attendre le bon vouloir des ces "hôtes" pour revoir un bout de ciel. Il endure sa cellule des jours durant. Des personnes toujours anonymes, en guise d'informations m'affirment qu'il aime manger des nuts et pas ces produits bio à la noix que je lui achète.
Des mois sans quasiment sortir pour lui, jusqu‘à ce qu‘à nouveau nous parvenions à obtenir l‘autorisation de l‘emmener faire un tour. Mais, ces derniers temps, il était tellement habitué à sa cellule qu‘il n‘était plus capable de marcher longtemps dehors.
Vous l'avez compris, chaque fois qu’un quidam du service se plaint de lui, nous recevons le coup de fil fatidique, comme celui d’hier, nous informant qu’il réintègre sa cellule sans plus aucune autorisation de sortir avant d’obtenir la permission administrative auprès du directeur. Il est arrivé que même le préfet s'en mêle pour le maintenir arbitrairement enfermé. Toutes les drogues que Sam ingurgite de force, sous les bons offices de ces « protecteurs » feront de leur victime un être violent ou pas, selon les doses. Il est devenu une sorte de jouet, un défouloir.
Je pense que son martyr, maintenant qu’il ne pèse plus qu’une trentaine de kilos, sera bientôt fini car il prendra probablement l’envie à quelqu’un de terminer de jouer avec lui et nous et de l’euthanasier. Lui qui ne demandait qu’à vivre. Interdiction définitive de rêver pour mon amour.
Ces quelques mots donc, dans l'espoir de les en empêcher.
Hier , après le coup de fil fatidique pour m'informer que décidément non, pas même le parc ne lui était autorisé, je suis allée témoigner de cela au commissariat de police, dans le but de déposer plainte. Mais il m’a été répondu que sans coups et blessures, on ne peut déposer plainte.
C’est le pays où nous vivons.
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