Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/02/2022

Loys Masson dans Le bar à poèmes ♣ L'eau ne fait pas de bruit ♣ La pluie

Extrait du poème :

 

La grille grince comme une écluse, tu as des feux de position verts et bleus

à tes doigts

     Jésus-Christ est ce phare tranquille sur les grands bois.

     Tu croises à fleur de racines partout où le traqué lutte et prie

     Tu dérades jusqu’à la maison à l’heure de la soupe et du pain gris

 

     qu’on partage avec toi en pleurant.

     Tu viens jusqu’à moi aux jours de grand vent, tu accroches une ancre aux

 

maïs

     Ta main frôle ma main lorsque je touche l’écorce fraternelle d’un bouleau

     et je fais tressauter ta tête de lumière aux cahots des chars de liberté.

 

Délivrez-nous du Mal

Editions Seghers, 1945

 

Poème intégral :

 

http://www.barapoemes.net/archives/2018/05/21/36420559.html

 

 

 

Effata !

 

J'accueille, Seigneur, ta parole.

J'accueille cet ordre qui vient, si pétri de douceur, puisque ta parole sort de ta bouche,

et qu'elle est là pour guérir, pour créer, pour agir.

 

Restons en silence et accueillons,

L'eau ne fait pas de bruit ni de raisonnement pour pénétrer la terre et pour la féconder.

Laissons la entrer en nous.

 

Lu sur le site méditation Regnum Christi

 

 

La pluie

 

Monsieur Yousouf a oublié son parapluie

Monsieur Yousouf a perdu son parapluie

Madame Yousouf, on lui a volé son parapluie

Il y avait une pomme d'ivoire à son parapluie

Ce qui m'est entré dans l'œil c'est le bout d'un parapluie

Est-ce que je n'ai pas laissé mon parapluie

Hier soir dans votre porte-parapluies ?

Moi je ne me sers jamais de parapluie

J'ai un cache poussière avec un capuchon pour la pluie

Monsieur Yousouf vous avez de la veine de vous passer de parapluie.

 

                                                                                  Max Jacob

 

 

Saint Jacques et le chemin de compostelle

 

 

Lecture de la lettre de saint Jacques

Sachez-le, mes frères bien-aimés :
chacun doit être prompt à écouter,
lent à parler, lent à la colère,
    car la colère de l’homme
ne réalise pas ce qui est juste selon Dieu.
    C’est pourquoi, ayant rejeté tout ce qui est sordide
et tout débordement de méchanceté,
accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ;
c’est elle qui peut sauver vos âmes.
    Mettez la Parole en pratique,
ne vous contentez pas de l’écouter :
ce serait vous faire illusion.
    Car si quelqu’un écoute la Parole
sans la mettre en pratique,
il est comparable à un homme qui observe dans un miroir
son visage tel qu’il est,
    et qui, aussitôt après, s’en va
en oubliant comment il était.
    Au contraire, celui qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté,
et qui s’y tient,
lui qui l’écoute non pour l’oublier,
mais pour la mettre en pratique dans ses actes,
celui-là sera heureux d’agir ainsi.
    Si l’on pense être quelqu’un de religieux
sans mettre un frein à sa langue,
on se trompe soi-même,
une telle religion est sans valeur.
    Devant Dieu notre Père,
un comportement religieux pur et sans souillure,
c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse,
et de se garder sans tache au milieu du monde.

            – Parole du Seigneur.

 

 

 

 

18/12/2021

Pierre Emmanuel

De Pierre Emmanuel, je lis ce soir un poème dédié à Claude Vigée. Le poème est intitulé Interrogatoire. Je recopie ici la troisième partie du poème :

 

 

Est-il besoin d'océans de semence

Pour contenir la postérité d'Abraham ?

Il y suffit d'un pleur de la rosée

Encore faut-il que ce pleur soit versé

Pour que s'infuse en lui l'aube première

 

 

Celui qui laisse une femme au matin

Fraîche et mouillée comme rose au jardin

Il est le père de tous les hommes

Il est fondé sur l'orgueil de ses reins

La glorieuse humilité de ses reins

Il est le même innombrable il est Un

Multiplié par le ciel plein d'étoiles

Et par l'écume au ventre de la mer

 

 

 

Homme debout telle une forêt d'hommes

Quand il dit Je chacun se nomme en lui

Sa frondaison bourgeonne de visages

Quêtant ses yeux pour s'y voir définis

Oui vraiment Je que nul moi n'incarcère

Centre parfait qui rayonne et s'oublie

Il a le temps d'être un dans tous ses frères

Et tout entier ici et maintenant

Foyer infime et raison de la sphère

Il est élu de l'éternel présent

 

(Versant de l'Age, éd. du Seuil)

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Emmanuel

00:14 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

08/12/2021

Réhabilitation par Yannis Ritsos

Réhabilitation
 


Il n'aimait pas du tout les oiseaux, les fleurs, les arbres qui deviennent des symboles, que des camps tout à fait opposés exploitent pareillement. Lui, il essayait de leur restituer leur vraie nature, leur substance. Pour prendre l'exemple des colombes,
il n'en faisait pas un slogan pour divers congrès, mais
de beaux oiseaux amoureux, au pas lourd, qui ne cessent de se becqueter dans la cour et jonchent le dallage de fientes et de plumes (elles me plaisent ainsi) ;
ou tout au plus de petits facteurs qui transportent au-dessus des sphères célestes
les lettres que les enfants pauvres adressent à Dieu pour lui demander
des cahiers, des chaussures et quelque bonbons. Les lys,
non pas des emblèmes de la chasteté mais des plantes
odoriférantes,
toute sensualité, avec leurs pétales grands ouverts
laissant voir leurs étamines tendues de pollen d'or. Et l'olivier, non pas une récompense de victoire ou de paix mais le père fécond qui donne l'huile pour notre repas ou notre lampe,
pour le prurit du bébé ou le genou blessé
de l'enfant
inquiet, désobéissant, ou encore
pour l'humble veilleuse de la Vierge. Et moi -dit-il -
nullement un mythe, un héros ou un dieu, mais un simple ouvrier
comme tout un chacun - un prolétaire de l'art
toujours aussi amoureux des arbres, des oiseaux, des bêtes et des gens,
amoureux avant tout de la beauté des pensées pures
et de la beauté des corps juvéniles - un ouvrier
qui écrit, écrit sans relâche pour tous et à tout propos
et dont le nom est aussi bref que facile à prononcer ; Yannis Ritsos.

10:56 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)