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08/12/2021
Réhabilitation par Yannis Ritsos
Réhabilitation
Il n'aimait pas du tout les oiseaux, les fleurs, les arbres qui deviennent des symboles, que des camps tout à fait opposés exploitent pareillement. Lui, il essayait de leur restituer leur vraie nature, leur substance. Pour prendre l'exemple des colombes, il n'en faisait pas un slogan pour divers congrès, mais de beaux oiseaux amoureux, au pas lourd, qui ne cessent de se becqueter dans la cour et jonchent le dallage de fientes et de plumes (elles me plaisent ainsi) ; ou tout au plus de petits facteurs qui transportent au-dessus des sphères célestes les lettres que les enfants pauvres adressent à Dieu pour lui demander des cahiers, des chaussures et quelque bonbons. Les lys, non pas des emblèmes de la chasteté mais des plantes odoriférantes, toute sensualité, avec leurs pétales grands ouverts laissant voir leurs étamines tendues de pollen d'or. Et l'olivier, non pas une récompense de victoire ou de paix mais le père fécond qui donne l'huile pour notre repas ou notre lampe, pour le prurit du bébé ou le genou blessé de l'enfant inquiet, désobéissant, ou encore pour l'humble veilleuse de la Vierge. Et moi -dit-il - nullement un mythe, un héros ou un dieu, mais un simple ouvrier comme tout un chacun - un prolétaire de l'art toujours aussi amoureux des arbres, des oiseaux, des bêtes et des gens, amoureux avant tout de la beauté des pensées pures et de la beauté des corps juvéniles - un ouvrier qui écrit, écrit sans relâche pour tous et à tout propos et dont le nom est aussi bref que facile à prononcer ; Yannis Ritsos. |
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