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23/04/2009

Luminothérapie

Cet après-midi j‘avais besoin de détente, les nouvelles de la veille à propos de Sam m’avaient  stressée une fois de plus. Je me suis octroyé une luminothérapie, en plein patio, en même temps vrombissaient les moteurs de mobylettes des quelques passionnés de mécanique qui se réunissent régulièrement dans le parc d’en face. L’espace d’un sentier, de quelques broussailles, et deux ou trois brasses dans la petite rivière, pour rejoindre la berge où opère le chef mécanicien de la joyeuse troupe. Les exclamations très proches et autres éclats de voix parmi les vroum-vroum des tigres à moteur, m’étaient  indifférent. La lumière emportait tout en bruit de fond, je me baignais dans ses ondes.  Tigret le chat souriait, inoculant une sorte de chaleureux silence virtuel autour de nous ; par moment il semblait voguer, éclaboussé de soleil. J’aurais aimé faire partager cela à Sam, qui a besoin de luminothérapie plus que moi, mais impossible d’accéder vraiment jusqu’à lui, c'est-à-dire de l'emmener en balade, pour le moment.

 Sam étant hospitalisé depuis dix anx, nous devons cycliquement supplier les instances administratives afin qu'il puisse mettre un peu le nez dehors, ne serait-ce que dans le parc de l‘hôpital. Son handicap mental ne lui permettant pas de s‘exprimer, chaque fois qu’il est accusé de quelque chose, il reste sans défense  ; nous les parents sommes obligés de prendre pour argent comptant la parole de son ou ses  accusateurs, gens du personnel qui se tiennent dans l'ombre, voulant rester anonymes, un peu aigris sans doute parce qu'ils  n'aiment apparemment pas  leur métier ;  En conséquence de leurs dires, Sam doit   supporter sa punition sans autre choix que d'attendre le bon vouloir des ces "hôtes" pour revoir un bout de ciel. Il endure sa cellule des jours durant. Des personnes toujours anonymes, en guise d'informations m'affirment qu'il aime manger des nuts et pas ces produits bio à la noix que je lui achète.

Des mois sans quasiment sortir pour lui, jusqu‘à ce qu‘à nouveau nous parvenions à obtenir l‘autorisation de l‘emmener faire un tour. Mais, ces derniers temps, il était tellement habitué à sa cellule qu‘il n‘était plus capable de marcher longtemps dehors.

Vous l'avez compris, chaque fois qu’un quidam du service se plaint de lui, nous recevons le coup de fil fatidique, comme celui d’hier, nous informant qu’il réintègre sa cellule sans plus aucune autorisation de sortir avant d’obtenir la permission administrative auprès du directeur. Il est arrivé que même le préfet s'en mêle pour le maintenir arbitrairement enfermé. Toutes les drogues que Sam ingurgite de force, sous les bons offices de ces « protecteurs » feront de leur victime un être violent ou pas, selon les doses.  Il est  devenu une sorte de jouet, un défouloir.

Je pense que son martyr, maintenant qu’il ne pèse plus qu’une trentaine de kilos, sera bientôt fini car il prendra probablement l’envie à quelqu’un de terminer de jouer avec lui et nous et de l’euthanasier. Lui qui ne demandait qu’à vivre. Interdiction définitive de rêver pour mon amour. 

Ces quelques mots donc,  dans l'espoir de les en empêcher. 

Hier , après  le coup de fil fatidique pour m'informer que décidément non, pas même le parc ne lui était autorisé, je suis allée témoigner de cela au commissariat de police, dans le but de déposer plainte. Mais il m’a été répondu que sans coups et blessures, on ne peut déposer plainte. 

C’est le pays où nous vivons.

19:41 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

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