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19/12/2007

L'art à l'état vif

L’art à l’état vif

Malachi Farrell crée des machines animées dotées de circuits électroniques combinant la précision des technologies de pointe et l’ingéniosité du Système D. Avec elles, il compose des mises en scène spectaculaires qui plongent le visiteur dans un tohu-bohu de sons et d’images empreint d’une forte charge émotionnelle.

Associant de façon inattendue les procédés du divertissement populaire à un discours critique sur la violence des sociétés ou le pouvoir des médias, il renouvelle la position de l’artiste engagé par l’introduction d’un langage de franc-tireur qui rappelle à la fois la féerie des sculptures de Tinguely et le burlesque d’un Charlie Chaplin.

Le titre du débat, L’art à l’état vif, reprend celui d’un ouvrage fameux du philosophe Richard Shusterman qui reconsidère la notion d’art à la lumière des arts populaires et de la culture des mass médias. Christine Macel, conservatrice au Musée national d’art moderne au Centre Georges Pompidou témoignera de son intérêt constant pour le travail de Malachi Farrell, artiste qu’elle avait invité à participer à l’exposition « Dionisiac », dont elle fut le commissaire en 2005.

Le lien

Voyage aux pays du coton

Bamako

À deux pas de la gare, une petite dame plus toute jeune règne sur un gros bunker blanc. Son visage ressemble à celui d’un oiseau, pointu, osseux, surmonté d’un casque de cheveux gris impeccablement séparés par une raie. Elle vous reçoit avec cette sorte de gentillesse automatique des bonnes maîtresses de maison, leur réel souci de bien accueillir le visiteur, quel qu’il soit. Ses gardes, nombreux et musculeux, ont des manières plus rudes.

La dame s’appelle Vicki Huddleston. C’est l’ambassadeur des États-Unis. D’une voix douce, elle dit sa conviction. Et l’on devine que rien, jamais, ne l’en fera changer.

Sa leçon de bon sens libéral est impeccable.

Il faut repartir sur des bases saines, dit-elle. Chacun doit faire son métier. Une société cotonnière a pour mission de produire de produire du coton, et du coton rentable, pas d’alphabétiser les populations, ni d’entretenir des routes, ni d’ouvrir des dispensaires.

Et un État a d’autres tâches que de combler les déficits d’une société beaucoup trop lourde et bien trop mal gérée.

Donc la privatisation s’impose.

Le FMI et la Banque mondiale le recommandent au Mali depuis des années. Ils ont prévu des financements pour accompagner la mesure.

Mais le Mali continue à repousser, repousser, repousser…

Mme Huddleston soupire. Cette lenteur, tellement contraire à l’intérêt du pays, semble l’atteindre personnellement. « J’ai beaucoup voyagé, depuis mon arrivée. Ce peuple m’a émue. J’aime le Mali. »

Je lui fais part de l’inquiétude des paysans. La CMDT leur apporte tant…

— Si l’État ne prend pas le relais, nous confierons la formation et la santé à des ONG. Je fais confiance à leur efficacité…

Pauvres Maliens ! N’ont-ils le choix qu’entre un kolkhoze dépassé et une privatisation sauvage accompagnée par les compresses de la charité ?

Vais-je me montrer impoli, gâcher soudain l’aménité de l’entretien ? Je quitte un instant le Mali. Je traverse l’Atlantique. J’évoque ces subventions gigantesques versées par l’administration de Washington aux producteurs de coton américains. Ne faussent-elles pas le libre jeu de la concurrence, ne vont-elle pas contre la loi du marché ? En un mot, les agriculteurs de Kaniko, qui réclament la fin de ces distorsions, ne sont-ils pas plus libéraux que leurs collègues du Texas ?

Vicki me sourit comme un enfant attardé ou décervelé par le soleil. Du même ton si doux, elle me conseille de ne pas tout mélanger.

— L’Afrique a la manie d’accuser les autres continents de ses propres problèmes au lieu de trouver par elle-même, en elle-même, des solutions. Pour votre enquête, vous allez vous rendre dans mon pays, j’imagine ? Si vous êtes honnête, vous y verrez une agriculture moderne. Bon voyage.

Erik Orsenna

 

 

Littérature

de Francis Berthelot

A bientôt 60 ans, Francis Berthelot poursuit son aventure en littérature. Chercheur au CNRS, Polytechnicien, Docteur en biologie moléculaire... il n’a, côté littérature, cessé de nous étonner. Depuis Rivage des intouchables, sa production est plutôt rare mais toujours d’une exceptionnelle qualité. La preuve avec ces quatre Grand Prix de l’Imaginaire obtenus au fil de ses parutions.

 

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