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19/12/2012

Le journal auquel je suis abonnée

J’ai lu un fait divers pas banal dans mon journal d‘hier. Une femme, manifestement de la droite dure, peut-être assistante sociale ou je ne sais quoi, serait allée harceler chez eux trois vieux artistes qui vivent ensemble afin qu‘ils payent leurs loyers en retard. Elle les aurait harcelé dit l’article, à coups de « Vous payez ce que vous devez ou je vous flanque aux Peupliers ! » Aux Peupliers, ni une ni deux, manu militari, il s’agit d’un mouroir dont la réputation n’est plus à faire. Qu’ont fait les trois artistes ? Le journaliste laisse deviner sa perplexité par quelques points trémas et poursuit assez platement : « Rien de si particulier que ça, hormis chercher un job. » Et d’expliquer au lecteur que la philosophie des trois personnes est assez complexe en soi et difficile à résumer par cette simple phrase qui n'en est qu'une approche  : «  On n’a pas le choix avec ce chameau, il faut payer sinon c’est la mort, mais on verra bien qui rira le dernier. » On apprend alors que la technique de recherche d’emploi des deux premiers a été de « laisser venir à eux », pour l’un, ce fut une petite fille en mal de grand-père, accompagnée de sa maman dans une mauvaise passe, qui l'ont embauché pour qu'il assure un soutien psychologique temporaire en période de deuil, l’autre "vieux" est tombé sur un mécène inattendu en la personne d’un journaliste de gauche (un collègue de l’auteur de l’article en question ?) et le troisième élément du trio, une vieille dame pétillante et glamour, aurait rencontré par inadvertance l’homme de sa vie, qui a prouvé que, si nécessaire, il pouvait devenir un voleur zélé quoique assez malhabile. Le projet de la vieille dame, qui était de faire nounou, a du coup tourné court. L'auteur de l'article, apparemment emballé par ce trio de choc raconte qu’à la fin les trois personnages ont réussi à accumuler une belle somme d’argent et sont devenus propriétaires de leur logement, si bien qu’ils ont enfin pu récolter les fruits de leur philosophie en invectivant la femme qui leur réclamait le loyer avec tant d’insistance traumatisante lorsqu’ils étaient aux abois, ils l’auraient invectivée alors même que cette dernière se proposait de goûter à la confiture de rhubarbe. En conclusion, le journaliste inspiré jubile : «  La philosophie mise en pratique par notre trio de choc peut aussi s’appliquer à ceux qui imposent outrageusement leurs diktats en terme d’esthétique. » et il prend pour exemple «  un cinéaste qui n’accepterait de donner du travail à une actrice qu’à la condition que celle-ci ne pèse que quarante kilos, une fois qu’elle y serait parvenu, en contre partie du travail obtenu à grand peine, l'actrice enverrait à jamais son employeur sur les roses à des niveaux plus substantiels. » Une application parmi d’autres de cette attitude réfléchie et astucieuse de l’adaptation lucide. Parce que finalement ajoute-t-il, nos soi-disant démocraties nous laissent-elles le choix ? J’ai lu cet article en toute bonne foi dans la rubrique faits divers de ce journal très à gauche. Au bout du compte je me suis aperçue que le journaliste parlait d’une fiction jouée par Jeanne Moreau et autres grandes pointures du cinéma, c‘était une erreur de rubrique ou alors une blague vu le nombre de candidats au suicide ces temps-ci parmi les lecteurs. Après ce genre de canular journalistique je me demande si le départ de Depardieu en Belgique ne serait pas une blague pour divertir un peu les gens en cette période de morosité particulièrement morose, pour désennuyer grâce à nos amis Belges.

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16/12/2012

Calamity Jane

Le premier degré, c’est de la réalité à l’état cru ; un peu comme les conversations de bistrot, qui ne sont pas au ras des pâquerettes aussi souvent qu‘on le dit, les gens débitent crument, à la Jean Yanne, ce qu’ils sentent, sans faire gaffe, en « calamités Jane » du quotidien. J'ai écouté hier un brin de conversation entre deux femmes de mon quartier :

— C’est la faute aux parents si les enfants sont si violents. Ils démissionnent, ce sont des parents absents et pour compenser cette absence, ils achètent des choses de marque à leurs enfants, et après ils deviennent très matérialistes… et on s’étonne de ce qui se passe.

— Il faut se mettre aussi à la place des parents. Prenez une maman par exemple qui n’est pas riche. Qu’est-ce que les infos lui montrent à son gamin en ce moment ? Des femmes riches qui font leurs courses sur les grands boulevards à Paris en période de Noël. Il se dit que sa mère est une ringarde, il ne la respecte plus — je ne sais pas si vous lu « l’attrape cœur », le bouquin parle de ça — bref, il veut de l’argent, il ne respecte plus sa mère, comment elle peut rivaliser la pauvre avec ces femmes à la télé en ce moment ? La violence s’enclenche forcément.

— Oui madame, les média ont une part importante de responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui, et Internet.

— Peut-être que les parents pourraient faire un peu plus attention à leurs enfants aussi…

— Et vous avez vu ce jeune homme en Amérique qui a tué des enfants. Il a même assassiné sa mère avant d’aller tuer les enfants.

— Et celui de Toulouse… s’en prendre à une petite fil…Je vois que vous allez de ce côté, je vous souhaite une bonne promenade alors…

— Oh Je crois qu’il va pleuvoir, regardez ce ciel ! Passez une bonne journée madame.

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15/12/2012

Certains soirs

Soirée cinéma. Premier film : deux jeunes femmes, d’une certaine façon en cavale. Elles sont américaines, l’une est d’origine orientale, l’autre pas mais est passionnée de danse orientale. Le film n’est pas mal, l’amitié des deux femmes fait rêver. Le film suivant parlait de choses plus compliquées, Emmanuelle Béart joue le rôle d’une mère alcoolique, violente envers son mari, elle torture aussi moralement sa fille aînée, lui déclare, bien éméchée, que son père est un autre et perturbe inéluctablement non seulement la fille concernée mais les deux autres sœurs également, qui restent néanmoins solidaires dans l’épreuve. La cadette a une double peine pourrait-on dire, elle est enceinte et son amant s’est suicidé. L’absence du père n’en est que plus dure à affronter pour elle, comme si tous les pères du monde se défilaient dans sa vie, inéluctablement. Les moments d’apaisement arrivent notamment lorsque la jeune femme se retrouve à faire cours à ses élèves sourds et muets… les enfants sont joyeux et du coup apaisants, moments de grâce. Mais ensuite elle retrouve sa famille douloureuse, une mère inhumaine, un père d’une mollesse vertigineuse, des sœurs désemparées. On la voit, à la fin du film se diriger seule vers la mer, la mer qui purge des passions dévorantes. Un film émouvant. Certains soirs la télé vaut la peine.

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