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02/12/2012

La langue montrée

La novlangue c'est tout un ensemble de déformations de mots,  contrairement à l'argot, c'est plutôt  maniéré (je n'ai rien contre les manières) elle se cantonne  dans un milieu donné, ici, celui des jeunes qui font un pied de nez à l'école, ou qui font semblant mais travaillent quand même dur à la maison, au niveau des devoirs. C'est un peu comme traîner les pieds dans la cour de récré. Fichtre ! Est-ce que l'on écrit - pasque -, pour se faire mal voir des profs et bien voir des copains ? (il y a du conformisme là-dedans tout autant que de l'anti-conformisme). Un indice : le tout semble  vouloir  sonner essentiellement "affranchi". Chacun ses petites manières, je craque pour "fichtre", et autres choses du genre.

 Quant à l'expression "bouger les lignes", c'est aussi un phénomène de mode mais qui ne ressort pas de la novlangue, une simple expression.  C'est en lisant le livre de Chris Baker que je me suis aperçue que "bouger les lignes" vient du langage militaire. En 14, sur les fronts improvisés de la guerre de positions, il s'agissait de faire concrètement "bouger  les lignes", une question de stratégie guerrière  pour  les officiers ; pour  les simples soldats qui constituaient ces lignes, cela a quelquefois fini au corps à corps, quand il ne se faisaient pas tuer avant.

"loosing a second horse, he continued alone on foot until he had established a line to which his own troops could withdraw and so conform to the general situation" The Battle for Flanders  Chris Baker      

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30/11/2012

Money

L’argent intervient très tôt dans la vie des gens, même dans ces années-là. J’ai un souvenir de mon rapport avec l’argent quand j’avais environ six ans ou à peine un peu plus. C’est la ducasse. Une jolie petite fille de deux ou trois mon aînée fait un tour de manège en balançoire et moi je la regarde derrière la barrière, le forain et mes sœurs pas loin de moi. La veinarde est une petite brune aux yeux noirs, une esthétique qui m’impressionne beaucoup à l’époque. J’ai oublié son prénom mais je me souviens que c’est une cousine de mon cousin et qu’elle faisait la joie de sa petite famille artésienne. Elle représentait pour l’enfant que j’étais l’image même de l’intégration réussie, c’est-à-dire de l’enfant adulée des siens. Ce jour-là donc alors qu’elle faisait un tour de balançoire, elle me jette une pièce de un franc, ce devait être déjà des nouveaux francs, mais je n’en suis pas certaine, je m’empresse de ramasser la pièce, toute joyeuse, persuadée qu’elle vient de m’offrir un tour de manège. Je jubile, "j’oublie", d'une certaine façon, mes sœurs qui, elles non plus, n’ont pas reçu le sou qui sauve... Un clin d’œil même à ma petite sœur parce que je pense qu’il y a lieu pour elle de se réjouir avec moi (quelle innocence!... aux mains pas si pleines que ça). La brunette sur la balançoire se rend immédiatement compte de mon allégresse et par là même, du malentendu et déclare "C’est ma pièce ! Je te l’ai lancée juste pour que tu me la gardes, je fais un autre tour après". Je ne sais plus trop ce que j’éprouve ensuite, en tout cas, je reste droite et digne et affiche un sourire qui a certainement dû virer au jaune, volonté de cacher ce moment de grande solitude à mes sœurs, par fierté et surtout pour ne pas leur faire de peine, je pensais alors que tout ce qui me peinait les peinait, c'est cela, la naïveté. Bref, cacher donc, comme mentir. L'état d'esprit a bien changé depuis, fort heureusement,  c’est tellement mieux de sortir sa douleur, sans pour autant l'exhiber, la sortir juste, comme un vieux machin dérisoire. À la lumière, les petits faits qui furent si douloureux à un moment donné deviennent  inoffensifs. Foutu fric quand même.

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28/11/2012

Vous voyez

Je pense que si j'avais un aveugle parmi mes amis je lui dirais souvent "Tu vois", comme "tu vois ce que je veux dire." j'imagine que les aveugles comprennent mieux que d'autres, ils écoutent mieux. Sans faire de généralité non plus. Vous qui lisez ce blog, vous verrez de quoi je parle j'espère dans les lignes qui vont suivre. Je ne mets pas d'autre extrait ici de The Battle for Flanders, pour l'instant je vais continuer à le lire dans mon coin, le  grand coin où ces événements terribles se sont déroulés. Le livre m'a donné une idée de cette guerre, où ça bougeait tout le temps, l'ennemi était remonté, comme enragé, une énergie diabolique, et devant ça, des "gamins"  souvent parmi les troupes de défense, des appelés qui ne demandaient qu'à vivre. Aujourd'hui encore il  est difficile de comprendre pour certains le "Vivre et laisser vivre", d'aucuns ont de l'énergie à revendre pour abréger la vie de personnes qui ne leur demandaient rien. Avec ce livre j'ai l'impression que le démon de la guerre est infatigable, il veut des sacrifices, il est lourd aussi pour la planète, car que de dégâts, de plus, au niveau écologique. En fait, je lisais initialement ce livre pour le traduire en tant que document à fournir à Patrick Vast, je ne m'attendais pas à me sentir finalement dans l'esprit d'une reporter de guerre fantôme, (cent ans d'intervalle avec les faits). Ces jeunes morts de 18 ans, restent des jeunes pour moi. Les oublier serait comme les laisser attendre au bord d'une route, et penser à eux gentiment, c'est comme les accueillir. Avant, je ne savais pas vraiment. Mais il faut tout de même à un moment donné que je fasse silence, ils ont de quoi être en colère, si vous voyez de quoi je parle. 

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