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13/01/2013

Émotions fortes

C’est fou comme les gens trouvent vite un prétexte pour rejeter quelqu’un qui ne paraît pas coller avec l’univers qu’ils partagent. J’ai observé cela à l’occasion d’une émission télé hier soir. L’homme mis "hors du coup" par le groupe était vicomte, c’était apparemment le prétexte tout trouvé pour le sacquer. "L’agence de notation", c’est-à-dire les quatre autres, a donné à ce candidat "hors norme" qui participait au jeu télévisuel Un dîner presque parfait, une note assez basse en vue sans doute de marquer le fait qu’ils n’acceptaient pas, comme déclara le vicomte ensuite, "ce qu’il était". Il y a des malheurs plus grands que ce genre de rejet mais enfin, voir les quatre protagonistes faire bloc, pour un prétexte aussi léger, contre un homme, se fermer comme des huîtres dès qu’ils ont vu sa maison-château, m’a surpris. Comme ils se coincent vite ces quatre-là me suis-je dit, est-ce qu’ils sont tellement meilleurs que les autres ? Est-ce qu’ils donneraient plus facilement un coup de main aux SDF que les autres ? Non, parce que si solidarité il y avait entre français il n’y aurait plus de sans-abris, ou beaucoup moins. Et se rendent-ils compte de la difficulté qu’il y a à réchauffer ces grandes bicoques aux plafonds très hauts, autant dormir dehors certains soirs d’hiver à mon avis. Et puis, les maisons-châteaux, d’après le vicomte, font un peu peur. Il ne croit pas aux fantômes, a-t-il démontré à sa façon de prendre de haut cette superstition ridicule, mais quand même, il y pense, en raison justement de ce patrimoine, qui comme tout patrimoine qui se respecte attirerait, d'après les naïfs, les esprits désincarnés en quête parfois de vengeance, squat qui serait préjudiciable aux résidents légitimes et qui nous a valu nombre de films d‘horreur d’assez mauvais goût. Si j’avais participé à ce jeu dans cette équipe-là, j’aurais fait bonne figure au vicomte jusqu’au moment de l’animation où il a cru bon de blaguer avec justement, un éventuel fantôme qui rôderait dans sa maison. Plafond haut ou pas, je pense que je me serais senti soudain à l’étroit dans la grande bâtisse et que je serais partie sans tambour ni trompette. Partie en effet, mais, j’y tiens, sans rancune. La rancune étant à priori le sentiment qui avait l’air d’animer le clan des quatre contre un vicomte qui n’avait fait, après tout, que les inviter chez lui… très inélégant ce genre de remerciement, il faisait ressembler ses auteurs à des huissiers réprobateurs, en manque de quelque chose à se mettre sous la dent.

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11/01/2013

Vu

Un homme muni de béquilles riait seul, sans discontinuer tout en avançant avec lenteur sur un trottoir du centre ville, un rire audible et assez doux. Une scène hilarante semblait lui revenir en mémoire, les gens autour n’existaient pas. Quelque chose l'obnubilait. Son grand imper en disait long sur son indifférence au monde qui l’entourait. Il était ailleurs. Sa tête lui importait peu mais si quelqu’un lui avait demandé l’autorisation de le prendre en photo histoire de le titiller un peu, son rire serait peut-être devenu grinçant ;  Le fait est que la douceur un peu inquiétante de ce fou rire  l’isolait, les gens évitaient de le regarder comme s’ils avaient eu peur de saisir un reflet dérangeant dans ce miroir ambulant. Saturé "de monde", il avait l'air de ne vouloir rencontrer personne.  

 

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08/01/2013

Les gens s'expriment

J’ai aimé Les Enfants du Marais, film de Jean Becker. Le côté candide des personnages principaux m’a touchée. Parti pris d’oublier un temps la politique, on est encore mal remis de la Grande Guerre, mais on veut vivre. Une envie d’école buissonnière, de voyage. J’ai marché à fond, avec l’impression de m’être bien baladée. Amédée, bien que coincé aux entournures dans un carcan culturel un peu lourd, s’évade enfin de son milieu bourgeois grâce aux deux principaux protagonistes du film. Les incultes : Jo Sardi, Pépé, Marie, Le Vieux, semblent plus aptes à vivre pleinement leur vie, un peu trop pleinement en ce qui concerne Jo. Sans doute un peu illusoire tout ça mais cette grande récré m’a fait du bien, des murs tombent, des gens que la société veut séparer en raison de parcours différents se retrouvent. Ils n’entrent pas dans le moule des conventions, et c’est drôle. J’ai lu un tout autre « ressenti » de ce film dans Télérama, voici la critique, qui tient à mon avis du catéchisme sans surprise, mais elle a bien le droit de penser ce qu'elle pense Marine Landrot :

« C'est Laurel et Hardy, version rupestre et franchouillarde. Avec une grosse louche de bons sentiments et une petite cuiller de poujadisme. Domiciliés au bord d'un étang dans des bicoques délabrées, un benêt corpulent (Jacques Villeret) et son copain flandrin (Jacques Gamblin) battent une campagne mordorée pleine d'inégalités sociales. Adapté d'une historiette champêtre sans relief, le film est construit sur leurs fades rencontres avec plus riches qu'eux : un Trissotin bas du canotier (caricatural, André Dussollier perd les pédales pour la première fois de sa carrière), un boxeur à l'uppercut facile (Eric Cantona, toujours pas acteur, malgré des répliques courtes, ponctuées d'anachroniques « enfoiré ! »), un papy pêcheur de grenouilles (Michel Serrault, placide comme le passager d'une croisière troisième âge)... Abonné aux rôles de « petits ronds au coeur tendre », Jacques Villeret exécute à plusieurs reprises les deux gags phares du film : se saouler au pommerol couleur grenadine et trembler devant un majordome sénégalais qu'il traite de Banania. Y a bon, Becker ? Pas très. »

08:37 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)