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01/03/2013

Émission passionnante de radio aujourd'hui

« C’est toujours beau un corps de femme. » dit l’homme à l’intervieweuse. Le ton était paisible, rassurant, l’homme est le patron d’une petite entreprise française de poupées gonflables (en latex), qui ne connaît pas la crise. Il ne comprend pas forcément tous les processus mentaux concernant les fantasmes de ses clients, mais s’y intéresse et ne juge pas leurs pratiques. S’il y a bien un domaine où il ne faut pas juger c’est celui du sexe a-t-il l’air de dire, tant que ça ne nuit pas à autrui ou à soi-même… d’ailleurs, même quand ça craint un peu, il reste ouvert, sans jugement de valeur en ce qui concerne la stricte intimité sexuelle des uns et des autres. Par exemple, il raconte qu’un jour il a reçu un appel, à une heure très tardive, d’une cliente voulant lui acheter un spéculum (appareil pour explorer l’anatomie), la dame fut très embêtée quand elle apprit qu’il ne vendait pas ce produit et finit par lui avouer qu’à l’aide de cet appareil elle espérait pouvoir retirer la pomme de terre qu’elle avait introduite dans l’anus de son mari. Par peur d’être jugée, elle n’a pas osé appeler le médecin de famille ni aucun autre médecin, seul, lui, le fabricant de poupées gonflables avait eu droit à cet aveu. À la radio, il raconte, ému, cette histoire. Nous apprend qu’il a ensuite averti de la chose un de ses amis sexologues, ce dernier fit hospitaliser la « victime » en toute urgence. On lui retira la pomme de terre après que celle-ci eut mariné quatre jours dans ses intestins. L’homme a frôlé l’occlusion intestinale. Moi aussi cette histoire m’a émue au plus profond, si j’ose dire. J'ajoute que "ce fait", à ne pas mettre dans la rubrique des faits divers  divers, aurait intéressé Flaubert et Maupassant, les deux, même le poète, et peut-être surtout le poète, s'intéressaient beaucoup aux côtés concret, voire trivial des choses de quoi est faite la nature humaine. Cela a été confirmé par le journaliste qui animait cette passionnante émission.    

17:04 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

27/02/2013

Un charme, cette nuit

Un épisode vu à la télé m’est revenu cette nuit, au réveil d’un mauvais rêve : l’interview d’un chanteur, que j’avais écoutée quelques heures à peine auparavant, une écoute d’abord distraite puis au fil de la conversation des deux protagonistes, de plus en plus attentive. Ce que disait l’homme était singulier, il mentait par élégance, paroles qui sur le coup m’avaient seulement surprise par leur légèreté compte tenu du contexte. L’interviewer venait de mettre sous le nez du questionné une vieille scène télévisée où le chanteur avait été l‘objet, au début de sa carrière, d’une provocation détournée, le jouet d’un jouet si l’on peut dire. On y voyait une enfant écervelée traitant avec insistance le chanteur « de moche » (en réalité c’est le contraire, mais la fillette avait l’air de vouloir persuader sa victime de ce dont on l’avait elle-même persuadé). Des paroles finalement insultantes à force d’ingénuité malmenée, pas non plus insignifiantes, en raison de la répétition du propos. Sadisme ordinaire des puissants faisant écho au sadisme ordinaire de tout un chacun ? Sauf que le bonhomme chanteur, après visualisation de cette scène relativement pénible d‘une émission d’antan à succès, garda un joli flegme ; sans apparemment vouloir faire le moindre humour il s’est mis à parler avec gentillesse du potentiel manipulateur de la fillette (célébrissime présentateur), affirmant qu’il l’aimait beaucoup en raison du respect que cet homme lui avait toujours témoigné en privé ; il fit complètement l’impasse sur la fillette. Sagesse instinctive ? Le chanteur déclara quand même finalement que tous les médias sont dangereux, que la télé notamment était un média dangereux. Ce souvenir de télé, tout frais, m’est donc peu à peu revenu au réveil pour faire place à un souvenir de lecture : l’honnête homme selon l’idéal de Molière. Tribulations étrange de la matière grise face aux tribulations des autres ! La lecture de Molière aura été illustrée, comme à propos, quelques siècles plus tard, par le comportement d’un honnête homme comme lui le voyait. Merci charmant chanteur. J’ai aimé la chanson qu’il a chantée ensuite. Maintenant un petit dodo jusque cinq heures.

04:07 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

25/02/2013

Rousseau et Alceste

Après la pièce Le Misanthrope éditée chez Hatier on trouve un supplément conséquent : anthologie sur l’honnête homme ainsi que, entre autres documentations diverses, une rubrique Thèmes et documents. Où l’on prend la pleine mesure des incidences ou résonnances de la littérature dans le réel, pour ceux qu'elle intéresse.

 La lettre répertoriée de Jean-Jacques Rousseau à d’Alembert fait écho à la pièce de Molière.  Lettre à d’Alembert sur les Spectacles (1758) et son introduction :

"Dans cette lettre, Rousseau répond à D’Alembert (1717-1783), qui défend dans l’article « Genève » de L’Encyclopédie l’idée d’ouvrir un théâtre à Genève. Le théâtre, en s’adressant davantage aux passions qu’à la raison, détournerait de La vertu. Le Misanthrope lui semble être l’exemple d’une pièce qui prétend instruire le spectateur, mais qui raille en réalité l’honnêteté à travers le personnage d’Alceste, dont le portrait satirique serait immoral."

Quelques lignes de la lettre de Rousseau : "Vous ne sauriez me nier deux choses : l’une, qu’Alceste dans cette pièce est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l’autre, que l’auteur lui donne un personnage ridicule. C’en est assez, ce me semble, pour rendre Molière inexcusable."

Quelques phrases du texte, en réponse, de D’Alembert :   "Mais je viens au Misanthrope. Molière, selon vous, a eu dessein dans cette comédie de rendre la vertu ridicule. Il me semble que le sujet et les détails de la pièce, que le sentiment même qu’elle produit en nous, prouvent le contraire. Molière a voulu nous apprendre, que l’esprit et la vertu ne suffisent pas pour la société, si nous ne savons compatir aux faiblesses de nos semblables, et supporter leurs vices même ; que les hommes sont encore plus bornés que méchants, et qu’il faut les mépriser sans le leur dire"

Forts de café tous les deux, non ? J’ai aimé pour ma part l’étude que Molière a faite du rapport de pouvoir entre ces deux personnages : Célimène et Alceste. Célimène manie la satire avec brio, Alceste est dans l’absolu, à la poursuite d’un idéal et veut par conséquent soumettre Célimène, faire plier le réel à ses désirs. Deux solitudes s‘affrontent finalement. Je n’ai pu m’empêcher de sourire aux réparties de Célimène lorsque Arsinoé, son amie singulière, l’attaque, et d’être touchée par la détresse d’Alceste. Molière prend le parti d’Éliante, je pense, parce qu’elle a du recul et n'est pas dépourvue d'une réelle bonté. Elle aime Célimène et prend sa défense, ne se comporte jamais en rivale bien que Célimène ait plus de succès auprès de celui qu'elle aime d'abord avant de le prendre en amitié. Éliante, c'est l’espoir. La réaction de Rousseau est assez passionnée… l’indice d’une identification probable à Alceste, du coup, malgre son génie, il n'a pas tenu compte d'Éliante.

13:15 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)