L'herbe à chats

J’ai semé quelques graines d’herbe à chat vers la fin mai. J’avais désherbé pour ce faire, l’espace d’un cercle au diamètre d’un pot de fleur moyen. La vraie herbe à chat si l’on peut dire, est une cataire, sorte de menthe pour chats, mais je savais que ce serait tout simplement de l’herbe qui y pousserait (mais qui aurait quelque chose de spécial, au niveau du goût ), parce que ce sont des pots d’herbe apparemment très commune qui sont vendus sous l’appellation d’ herbe à chat ici.

Quelques jours plus tard, j’ai vu se pointer bien droites des petites herbes vert tendre qui se mirent à pousser dru.

Très vite ces herbes tout en brins serrés et droit, se mirent à l’aise dans leur espace réservé, chaque brin se transforma, il s’allongea, s’élargit, se « lancéola », et courba plus ou moins sa pointe vers le sol. Dans un même mouvement de pousse cela devint finalement un bouquet harmonieux et sensible au moindre souffle de vent, d’environ quarante centimètres de haut, les herbes du pourtour un peu plus inclinées pour qu‘on puisse admirer l‘ensemble.

Les quatre chats du jardin ne vont pas se rouler dedans comme ils le font avec les cataires, pas même la goûter.

Plantée à une vingtaine de centimètres de là, une petite sauge fait ses premières feuilles, discrètement.

Ses racines vont probablement serrer celles de son voisin : le bouquet maître en art graphique, le temps d’un petit salut.

Les chats eux se contentent en broutant le gazon.

Oeillet suite et fin

Suspense : ne s’égara-t-il pas dans sa quête de définition, description, évocation de l‘œillet ? J’avoue que par exemple ses dernières recommandations : Pour « se déboutonner », voir bouton. Voir aussi cicatrice.

Bouton : vu, il ne faut pas rapprocher bout et bouton, ni déboutonner dans la phrase, car c’est le même mot (de bouter, pousser), (fin de l’extrait) ; ainsi que son enthousiasme débordant :

Foule sortant en delta de la communion

Ou culotte à belles dents de fille soigneuse de son linge

Répandant des parfums d’une sorte à

chaque instant

Qui risque quel plaisir de vous mettre

au bord de l’éternuement

(fin du deuxième extrait), m’ont laissée perplexe sur le moment, mais il est arrivé à bon port, dans cette apothéose :

Le bouton d’un chaume énergique

Se fend en œillet

O fendu en oe

O ! Bouton d’un chaume énergique

Fendu en œillet !

L’herbe, aux rotules immobiles

Elle ô vigueur juvénile

i, aux apostrophes symétriques

O l’olive souple et pointue

Dépliée en oe, i, deux l, e, t

Languettes déchirées par la violence de leur propos

Satin humide satin cru

Etc

(Mon œillet ne doit pas être trop grand-chose : il faut qu‘entre deux doigts on le puisse tenir.).

Que d’émotions la botanique ! A demain

 

L'aventure, suite

Bonjour

Nous allons voir comment Francis Ponge, avant de continuer son aventure linguistique (non dénuée de risques, il nous avait prévenus), vérifie en en faisant profiter ses lecteurs, son vocabulaire, matériel indispensable pour mener à bien cette entreprise difficile ! Bon vous suivez …

Opiniâtre : fortement attaché à son opinion.

Papillotes, papillons, papilles : même mot que vaciller.

Déchiré : d’un mot allemand skerran. Déchiqueter.

Dents et dentelles.

Chiffons. Crème, crémeux.

Œillet : Linné l’appelle bouquet parfait, bouquet tout fait.

Satin.

Festons : « Ces belles forêts qui découpaient d’un long feston mobile le sommet de ces coteaux. »

Fouetté : crème fouettée, qui à force d’être battue devient toute en écume.

Eternuer.

Jacasse et Jocaste ?

Jabot : appendice de mousseline ou de dentelle.

Frissonner : chiffonner, faire prendre des plis irréguliers. (L’origine est un bruit.)

Friser (une serviette) : la plier de façon qu’elle forme de petites ondes.

Friper, au sens de chiffonner,se confond avec fespe, de fespa, qui veut dire chiffon et aussi frange, sorte de peluche.

Franges : étymologie inconnue. 2 Terme d’anatomie : repli des synoviales.

Déchiqueter : découper en chiquettes, en faisant diverses taillades. Se déchiqueter, se faire des entailles.