08/07/2007
L'oeillet de Ponge
L’Œillet
Relever le défi des choses au langage. Par exemple ces œillets défient le langage. Je n’aurai de cesse avant d’avoir assemblé quelques mots à la lecture ou l’audition desquels l’on doive s’écrier nécessairement : c’est de quelque chose comme d’un œillet qu’il s’agit.
Est-ce de la poésie ? Je n’en sais rien, et peu importe. Pour moi c’est un besoin, un engagement, une colère, une affaire d’amour-propre et voilà tout.
Je ne me prétends pas poète. Je crois ma vision fort commune.
Étant donné une chose - la plus ordinaire soit-elle - il me semble qu’elle présente toujours quelques qualités vraiment particulières sur lesquelles, si elles étaient clairement et simplement exprimées, il y aurait opinion unanime et constante : ce sont celles que je cherche à dégager.
Quel intérêt à les dégager ? Faire gagner à l’esprit humain ces qualités, dont il est capable et que seule sa routine l’empêche de s’approprier.
Quelles disciplines sont nécessaires au succès de cette entreprise ? Celles de l’esprit scientifique sans doute, mais surtout beaucoup d’art. Et c’est pourquoi je pense qu’un jour une telle recherche pourra aussi légitimement être appelée poésie.
L’on s’apercevra par les exemples qui suivent quels importants déblais cela suppose ( ou implique ), à quels outils, à quels procédés, à quelles rubriques l’on doit ou l’on peut faire appel. Au dictionnaire, à l’encyclopédie, à l’imagination, au rêve, au télescope au microscope, aux deux bouts de la lorgnette, aux verres de presbyte et de myope, au calembour, à la rime, à la contemplation, à l’oubli, à la volubilité, au silence, au sommeil, etc.
L’on apercevra aussi quels écueils il faut éviter, quels autres il faut affronter, quelles navigations (quelles bordées) et quels naufrages - quels changements de points de vue.
Il est fort possible que je ne possède pas les qualités requises pour mener à bien une telle entreprise - en aucun cas.
D’autres viendront qui utiliseront mieux que moi les procédés que j’indique. Ce seront les héros de l’esprit de demain.
(Un autre jour.)
Quoi de particulier, en somme, dans le naïf programme (valable pour toute expression authentique) exposé solennellement ci-dessus?
Sans doute seulement ceci, le point suivant : … où je choisis comme sujets non des sentiments ou des aventures humaines mais des objets les plus indifférents possible… où il m’apparaît (instinctivement) que la garantie de la nécessité d’expression se trouve dans le mutisme habituel de l’objet.
…À la fois garantie de la nécessité d’expression et garantie d’opposition à la langue, aux expressions communes.
Évidence muette opposable.
17:27 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)
07/07/2007
Coolitude
La Coolitude, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Incessamment sous peu, je mettrai des poèmes de Kahl Torabully sur ce blog. En attendant lisez ces quelques lignes qui vous donneront peut-être envie d’en savoir plus encore à son sujet, et tant mieux. Bonnes trouvailles et très bon week-end à vous, amis de la poésie.
Des travaux universitaires mettent en perspective la poétique de la coolitude en Belgique, au Canada, au Royaume-Uni, en France, en Italie et aux États-Unis, ainsi que son œuvre poétique, d'une originalité incontestable. (wikipédia)
Article publié le Lundi 28 mai 2007.
PAROLES BRUTES KHAL TORABULLY, POÈTE ET ÉCRIVAIN
“On a développé une culture du ‘pa touss nou’”
Extrait :
Il faut joindre diversité et histoire. Un exemple : l’esclave et le marron ne voient pas l’esclavage de la même façon. C’est cette pluralité-là qu’il faut conserver. Gardons-nous de réduire l’histoire à une brochure touristique.
● Justement, que pensez-vous des initiatives pour relancer le tourisme culturel ?
Il faut un tourisme culturel intelligent. Ne pas tomber dans la folklorisation. Trop souvent quand on parle de diversité culturelle, c’est d’un côté la ravanne, de l’autre le tabla et voilà le composite show. C’est un leurre. Ce n’est pas cela la diversité. L’arc-en-ciel, c’est factice, cela n’existe pas. Méfiez-vous de la diversité culturelle qui n’est qu’entassement.
Que l’on mette à disposition des chercheurs, d’historiens des documents d’archives, dont ceux du Folk Museum du MGI. On le sait peut-être mais il y là-bas l’une des plus riches collections de documents sur les travailleurs engagés au monde. Qu’est-ce que l’on fait de ce passé. Il ne faudrait pas qu’on le cristallise, qu’on le réduise aux vieilles pierres. Des historiens viendront l’an prochain, Ali Moussa Iye, chef du projet Route de l’esclave à l’Unesco sera invité.
● Dites-nous plus sur votre travail sur l’engagisme.
Cela fait 15 ans que je travaille sur le thème de l’engagisme. En 1992, sortait Cale d’étoiles, Coolitude. Je n’ai pas attendu le classement du de l’Aapravasi Ghat pour commencer ce travail. Il y a eu des engagés lorrains, bretons, éthiopiens, chinois. Donc c’est une histoire qui concerne l’humanité. Cessons les morcellements. On ne morcelle que les terres mais aussi les consciences historiques à Maurice. C’est un travail pédagogique que nous voulons faire. Il faut que les Mauriciens se l’approprient.
● Vous associez les politiques à votre projet, pourtant, vous vous en méfiez…
Il faut inspirer les politiques, mais ne pas tout laisser entre leurs mains. Ce serait une erreur capitale. Qui sortira gagnant d’un conflit à Maurice ? Après on aura toujours une blessure au fond de soi. On fait la diversité culturelle à Maurice comme Monsieur Jourdain fait de la prose.
On ne le dit pas, on ne veut pas le dire. J’ai toujours utilisé l’image du corail. Il a des racines mais il est traversé par tous les courants, sans parler de toutes ses formes différentes. L’Unesco a classé la grande barrière de corail – que l’on voit de la lune – comme un symbole de biodiversité. Nous sommes tous reliés, alors pourquoi multiplier les foyers de tension ?
Aline GROËME-HARMON
Extrait de la revue l'Express
07:30 | Lien permanent | Commentaires (1)
06/07/2007
Léopold Sédar Senghor
Une palette de mots associés , d’où surgissent les images et le rythme des phrases. De ces couleurs, du son des accords des mots se dégage le sens comme une respiration. « dévêtons-nous de violence », ces trois mots : tiédeur affection, sœur (sororale), ce à quoi le poème invite.
#Pourquoi |
Pourquoi battre le rappel
Du jazz imagination
De la bamboula des paroles
Au clair de ma jeunesse ?
Renvoyons l'harmonie tumultueuse des hanches,
La frénésie des seins bondissant et bramant
À travers les forêts parfumées,
Renvoyons les longs jours titubants, ivres de vin.
Pauvre convalescent,
Dévêtons-nous de violence.
Seulement un peu d'air vert et vif
Et léger, comme une mousseline
Autour de nous, n'est-ce pas ?
Et le repos tranquille,
Calme,
Sous le tiède soleil d'une affection sororale
22:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)