Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/07/2007

récréation

Bobin, Wells, Cioran, Kundera ! Nous avons bien mérité une petite récréation. Je vous propose de vous détendre en revoyant ou en découvrant pour les plus jeunes, cet extrait de film où le talent de Bernard Blier et Sim est au zénith, cliquez ici.

19/07/2007

Pensées

e67e02200968c26c94fe2b3bb536a360.jpgL’article d’aujourd'hui est de Yannick Rolandeau. Il y est question de l’art tel qu’il est communément appréhendé de nos jours, et des écrivains Cioran et Kundera. En voici un extrait :

Cioran nous en indique plus. Dans son remarquable « Précis de décomposition », il écrit : « En elle-même toute idée est neutre, ou devrait l’être; mais l’homme l’anime, y projette ses flammes et ses démences; impure, transformée en croyance, elle s’insère dans le temps, prend figure d’événement : le passage de la logique à l’épilepsie est consommé … Ainsi naissent les idéologies, les doctrines, et les farces sanglantes. (…)Sa puissance d’adorer (de l’homme) est responsable de tous ses crimes : 95d83e0c4363e60b82f73971adbafa3c.jpgcelui qui aime indûment un dieu, contraint les autres à l’aimer, en attendant de les exterminer s’ils s’y refusent. Point d’intolérance, d’intransigeance idéologique ou de prosélytisme qui ne révèlent le fond bestial de l’enthousiasme. Que l’homme perde sa faculté d’indifférence : il devient un assassin virtuel; qu’il transforme son idée en dieu : les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu’au nom d’un dieu ou de ses contrefaçons.

Cliquez ici pour en savoir plus

Critique d’un roman de Kundera : 

Le Magazine Littéraire - Pierre Lepape (Mai 2005)
'Le Rideau offre une histoire du roman qui est à la fois continue et formée d'une multitude interactive d'histoires particulières. On aura évidemment compris que l'apparent désordre du livre implique, pour qu'il ne tourne pas en poussière, une rigoureuse composition de sa matière, avec ses mouvements solidement marqués, ses thèmes, exposés, [... ] la multiplicité et la répartition de ses rythmes, le jeu des échos.

La musique adoucit les moeurs, écoutez cette jolie chanson en cliquant là et à samedi !

 

 

 

L'homme invisible

bc7c1d51d250b09767f47c5cd9ea2345.jpgMa lecture de l’homme invisible de Herbert George Wells est très lointaine, si bien que j’ai oublié certaines choses qui me paraissaient peut-être trop anecdotiques à l’époque pour être retenues. C’est en lisant un résumé du roman que je m’interrogeai, notamment sur le nez de l’homme invisible : qu’en était-il exactement ? "Un nez tout rouge dépassait des bandages" ; il ne pouvait qu’être en plastique (ou plutôt en carton-pâte, vu l'époque), car je n’ai pas souvenir de scènes où un personnage aurait vu cet appendice en lévitation dans une pièce, ou se profiler en ombre chinoise sur un linteau de porte. Cet homme autant qu’il m’en souvienne, était si transparent qu’il ne projetait plus la moindre petite ombre. Il va décidément falloir que je  relise ce roman intégralement. En attendant, je vous propose cet extrait. À demain ! 

« Il s’assit, le dos tourné, ne montrant plus que le col de son paletot. Il travailla jusqu’au soir, la porte fermée à clef, et, ainsi qu’en témoigna Mme Hall, silencieusement, presque tout le temps. Une fois pourtant, il y eut un choc de bouteilles heurtées les unes contre les autres, comme si la table avait été bousculée, suivi d’un fracas de verre brisé sur le plancher ; puis, des pas à travers la chambre. Craignant quelque malheur, Mme Hall vint écouter à la porte, sans oser frapper.

« Je ne peux pas continuer ! répétait-il avec désespoir. Non, je ne peux pas continuer !… Trois cent mille ! Quatre cent mille ! C’est l’infini !… Volé !… Cela peut me prendre toute ma vie… Patience ! patience donc, insensé ! insensé ! »

On entendait en bas, dans le bar, un grand bruit de souliers à clous, et, bien à contrecœur, Mme Hall finit par renoncer à la suite de ce soliloque. Quand elle revint, la chambre était de nouveau silencieuse, moins le léger craquement du fauteuil et parfois le choc d’une bouteille. Tout était fini ; l’étranger avait repris son travail.

En lui apportant le thé, elle vit des éclats de verre dans un coin, sous le miroir à barbe, et une tache dorée qui avait été sommairement essuyée. Elle la fit remarquer.

« Portez-la sur la note ! répondit aigrement le voyageur. Pour l’amour de Dieu, ne m’ennuyez point !

S’il y a quelque dégât, vous l’ajouterez sur la note. »

Et il se remit à consulter une liste dans le cahier ouvert devant lui.

« Je vais vous dire une chose !… » annonça Fearenside d’un petit air mystérieux.

L’après-midi s’avançait et l’on se trouvait dans le petit débit de bière d’Iping.

« Hein ? fit Teddy Henfrey.

– Ce gaillard dont vous me parlez, que mon chien a mordu… eh bien ! c’est un Nègre. Du moins, ses jambes sont noires. J’ai vu cela à travers la déchirure de son pantalon, comme à travers la déchirure de son gant. Vous vous seriez attendu, n’est-ce pas, à voir quelque chose de rose ? Eh bien, pas du tout ! Tout à fait noir ! Je vous affirme qu’il est aussi noir que mon chapeau.

– Parbleu ! s’écria Henfrey, c’est un cas étrange, tout de même ! Pourquoi donc son nez est-il aussi rosé que s’il était peint ?

– C’est exact, répliqua Fearenside ; je le reconnais. Mais je dis ce que je pense : cet homme est un homme pie, Teddy ; noir ici et blanc là, par taches. Et il en est honteux. C’est une espèce de métis : la couleur lui est venue par plaques au lieu d’être fondue. J’ai déjà entendu parler de ça. C’est d’ailleurs ce qui arrive communément pour les chevaux, comme chacun sait !… »