Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/07/2007

La voix du coeur

efc701511d9558bb93bbba2278d7758d.jpgLa voix du cœur

J’ai marché ce matin, là où je pouvais sentir la terre sous mes pieds : ses bosses, ses cailloux, ses touffes d’herbe, autant de petits massages à travers les semelles ; sentir les frissons de la peau sous l’effet du vent.

Ensuite, je me suis assise. De mon point de mire je voyais, derrière une rangée d’arbres, un paysage s’éloigner en paliers successifs étagés jusqu'à l’horizon.

J’écoute un instant ce qui se passe à l’endroit même où je suis installée, comme si je le plaçais en écoutille : un bruissement de feuilles s’amplifie ou s’atténue au gré du vent. 

À quelques mètres, les ondoiements rapides de l’eau du canal d‘Aires, elle semble filer à toute vitesse vers l’Ouest. La rive, un peu plus haut, cache le chemin du halage, d’où je vois de profil le buste d’un promeneur qui marche nez au vent.

Des arbres émergeant du talus, on n’aperçoit que les feuillages en touffes plus ou moins aérées, qui se découpent aux trois-quarts sur fond de champs verts et jaunes, le reste sur fond de ciel. En plus petit, d’autres arbres hérissent la ligne d’horizon.

Sur ma droite, un toit de maison se dessine en A oblique ; de son sommet une courte ligne de fuite vers l'horizon et le rouge des tuiles dessous. À gauche, l’église de Hinges se profile comme une grosse horloge à clocher, et quatre cadrans. D’ici j’en distingue deux.

De l’heure je n’ai aucune idée pourtant, l’église est trop loin.

Le tic-tac régulier du cœur me dit que marcher c’est du bon temps pour lui.

À demain, amis du blog.

14:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

11/07/2007

les animaux

  • 66fd6366251c46740bd4c8d07cea8e18.jpgTu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué, c'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles  (Lettres aux directeurs de la Résistance). Paulhan

les animaux

f0c78c3aaeeda2d6788d1475c2fbc0e7.jpgAlexandre Dumas, extrait :


Une Chasse aux éléphants

- Cette route, poursuivit Horace, est la même jusqu'à Postaye, seulement, au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la ville et qu'elle se dépeuple d'hommes, elle se peuple d'animaux. De temps en temps, on voit, sur le bord du chemin, leur tête plate et jaune soulevée sur leurs pattes de devant, et dardant une langue de six pouces, d'énormes lézards connus sous le nom de guaïnas, qui regardent curieusement passer les voyageurs. On leur jette des pierres qu'ils évitent adroitement, quoique leurs mouvements soient lourds et leur fuite peu rapide ; le plus souvent même ils ne se donnent pas la peine de se déranger : ils tendent le dos, et les pierres y glissent comme sur un toit.
Des serpents s'enfuient à travers les herbes. Ceux-là étant plus malfaisants que les inoffensifs guaïnas, ne font pas courir, mais courent plus de dangers. A peine un nègre voit-il un serpent, qu'il se met à sa poursuite le rejoint et le tue, soit d'un simple coup de baguette soit en le prenant par la queue, en le secouant et en lui cassant l'épine dorsale d'un seul coup.
En arrivant dans l'Inde, j'avais eu, comme tous les étrangers, grand'peur des serpents, dont, avec sa prodigalité de créateur, Dieu a doté l'ancienne Serindis. Il y en a une vingtaine d'espèces à peu près, parmi lesquelles les plus dangereux sont le tippoo-lungo et le cobra-capella.
Je dis dangereux, pour obéir au préjugé général. A Ceylan, on ne se souvient pas, de mémoire d'homme qu'un blanc ait été mordu. Quant aux nègres, lorsqu'ils attrapent un coup de dent par hasard, ils disparaissent un instant, puis reviennent avec une compresse sur la blessure et mâchant une racine inconnue. Au bout de vingt-quatre heures, ils n'y pensent plus, et en sont quittes pour quelques taches blanches qui leur poussent sur le corps, – tout au contraire des Européens, auxquels, dans un cas pareil, la tradition dit qu'il pousse des taches noires.
J'ai été témoin de ce grand mépris qu'inspirent aux naturels du pays, et même aux étrangers qui habitent l'Inde depuis quelque temps, les reptiles les plus dangereux. Un jour, j'avais dîné à Malana-Kanda, chez ce même capitaine Williams avec lequel je cheminais en ce moment. Après le dîner, sa femme se mit au piano et nous chanta une cavatine de Rossini. A la huitième mesure, son mari lui dit : a Ne bougez pas. La chanteuse s'arrête, le capitaine prend une canne, l'introduit sous le piano, y donne un coup sec sur un objet qui ne rend qu'un bruit mat, et amène au bout de sa canne un cobra capella.
« - Ces diables de cobras, dit tranquillement le capitaine, ils adorent la musique.
Et sa femme continua son air, interrompu quelques secondes à peine par un événement qui, en Europe, eût mis une ville tout entière en révolution.

Alexandre Dumas