Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/01/2014

Extrait M. Ouine Bernanos

"Il serre la boucle de son pantalon en roulant les épaules, du geste canaille dont il affronte un rival, au seuil de l'estaminet. Ses joues brunes ont à peine pâli, sa bouche trop mince garde le même rictus impénétrable qui bravait jadis le curé, l'instituteur, le patron, toutes les puissances raisonneuses contre lesquelles on le croit révolté, alors qu'il se contente de les fuir, exactement comme les bêtes qu'il traque nuit et jour le fuient lui-même, sans haine et presque sans peur, aussi naturellement qu'elles boivent et mangent.

[...] Son regard cherche maintenant celui du vieux avec une audace tranquille.

"Pour la discussion, je ne suis pas de force", dit-il simplement.

D'un commun accord ils détournent les yeux, fixent à travers l'étroite ouverture la forêt qui s'apaise, s'immobilise peu à peu,  dans la tiédeur du jour. Une pluie fine, odorante, musquée, reste suspendue à la hauteur des feuillages et, d'une extrémité à l'autre de l'immense futaie, la brise balance entre ciel et terre une vapeur irisée.

"Il y a des cas où l'on devrait parler net, remarque l'ancien bûcheron d'une voix dont il exagère le grasseyement, mais possible que je n'en vaille pas la peine, ou quoi ?

— Je n'ai pas refusé de vous entendre, garçon, dit le vieux.

— Possible. Je ne suis pas avocat, répond le beau voyou avec une dignité singulière. Et d'abord, qu'est-ce que vous en feriez tous de mes raisons ? Faudrait plutôt un alibi, je connais leur truc. Où veulent-ils que j'en trouve un, d'alibi, dites-voir ?"

Bernanos

     

07:27 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

22/01/2014

"je n'ai jamais peur avec vous" Us two by A. A. Milne

 Us two
 
 
Wherever I am, there's always Pooh,
There's always Pooh and Me.
Whatever I do, he wants to do,
"Where are you going today?" says Pooh:
"Well, that's very odd 'cos I was too.
Let's go together," says Pooh, says he.
"Let's go together," says Pooh.

"What's twice eleven?" I said to Pooh.
("Twice what?" said Pooh to Me.)
"I think it ought to be twenty-two."
"Just what I think myself," said Pooh.
"It wasn't an easy sum to do,
But that's what it is," said Pooh, said he.
"That's what it is," said Pooh.

"Let's look for dragons," I said to Pooh.
"Yes, let's," said Pooh to Me.
We crossed the river and found a few-
"Yes, those are dragons all right," said Pooh.
"As soon as I saw their beaks I knew.
That's what they are," said Pooh, said he.
"That's what they are," said Pooh.

"Let's frighten the dragons," I said to Pooh.
"That's right," said Pooh to Me.
"I'm not afraid," I said to Pooh,
And I held his paw and I shouted "Shoo!
Silly old dragons!"- and off they flew.

"I wasn't afraid," said Pooh, said he,
"I'm never afraid with you."

So wherever I am, there's always Pooh,
There's always Pooh and Me.
"What would I do?" I said to Pooh,
"If it wasn't for you," and Pooh said: "True,
It isn't much fun for One, but Two,
Can stick together, says Pooh, says he. "That's how it is," says Pooh.
 

© A.A. Milne. All rights reserved

08:26 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

21/01/2014

Hier à Lille

Hier je suis allée à Lille à cause d'un rendez-vous chez un nouvel ophtalmo. Il faut une année, voire plus maintenant pour obtenir un rendez-vous chez un médecin de cette spécialité à Béthune. Le Lillois  pratique les honoraires libres,  mais je préfère cela à quelqu'un qui n'est abordable qu'au bout d'un an et plus. En outre cet ophtalmo-là, en examinant chaque œil en quelques secondes, peut voir si ses patients ont ou pas du cholestérol, s'ils font du diabète. Pas besoin de check up avec lui,  gain de temps appréciable !

Et donc, me concernant, ces yeux qui rougissent comme des pucelles,  ce n'est pas grave, juste un peu de fatigue. Et un petit coup de pouce pour améliorer la vue. Je suis quitte, à leur bonne mine, pour ne le revoir que d'ici deux ou trois ans m'a t-il dit. Charmant !

La seule spécialité où les patients  regardent l'organe qui les regardent, ce qui met peu ou prou sur un pied d'égalité.

Comment était Lille, depuis six années que je n'avais pas vu la ville ? Grâce au métro que les citadins ont appris à prendre, je l'ai trouvée désengorgée de son surnombre de voitures ; le matin il n'y  a pas foule dans les rues, c'est le meilleur moment pour admirer, comme on le ferait d'un viel arbre toujours vivant, cette vieille cité parcourue par des générations d'hommes. Je suis allée voir la rue d'Arcole ; le quartier a beaucoup changé mais la maison où j'ai habité quelque temps était toujours là. J'ai vu des petites boutiques asiatiques et arabes un peu déphasées, elles n'existaient pas à l'époque. Le quartier semble s'être appauvri, il fait un peu ghetto comme à son corps défendant. De nombreux jeunes faisaient groupe devant quelques maisons et portes de garage, devisant tranquillement. Nous sommes passés entre ces groupes de jeunes sans problème et sommes allés prendre place sur un banc public d'un parc enfant qui se trouvait  non loin de là, où un seul gamin jouait à cette heure (une heure) ; les jeunes gens ne l'investissent pas, ils préfèrent rester debout, à trois pas de ce parc, sans doute par respect. Nous les avons regardés un moment ces jeunes. Ils papotaient à ciel ouvert aussi élégamment que des gens de salons du livre, mais gardaient aussi parfois le silence, contrairement aux mondains au débit souvent intarissable. Pas paranos pour deux sous, ils ne se sont jamais souciés de nous.

Au bout d'une heure un groupe s'est délité, chacun se rendant dans un point de la ville et nous sommes partis à notre tour.

Quand nous sommes arrivés rue de Béthune, la foule avait envahi les lieux, difficile de voir quelque chose. Hormis la surconsommation d'un côté et les SDF de l'autre, assis par terre.       

08:47 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)