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14/01/2014

Lélia

Lélia tente de  mettre Sténio et son amour pour elle à distance en ayant recours notamment à une conception toute philosophique du sentiment qu'elle lui inspire, en retour et selon la même démarche, celui qu'elle éprouve à son encontre, elle l'assimile également, dans l'une des réponses qu'elle lui fait, aux sensations que peut procurer un paysage céleste. Ainsi compte-t-elle éviter la passion ou la désamorcer concernant son amant ?


 pour écrire Lélia où les personnages sont hors cadre et comme désincarnés, à l'inverse de ceux qui peuplent les romans Valentine et Indiana, Georges Sand s'est inspirée de l'Oberman de Senancour dont j'ai lu quelques bribes d'analyse. J'ai pu constater  à cette lecture le spleen, le mal du siècle qu'éprouvaient déjà certains intellectuels face à la politique ayant cours  et à la modernisation qui commençait juste. Un mal être similaire pour certains d'entre eux, tel Senancour, à celui de l'Etranger de Camus :



" (...)  Par bien des aspects cependant, Oberman annonce les angoisses de l’homme moderne et son désir de retrouver une nature première, loin des artifices et des contraintes d’une société mécanisée et impitoyable. La poésie de cette prose, l’évocation de ces paysages de haute montagne et ce dialogue tragique de l’homme avec l’univers devraient encore trouver un écho chez les lecteurs de notre siècle.
1. Étienne Pivert de Senancour, Paris, 1770 – Saint-Cloud, 1846."

 

http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2004/senancour.htm

 

 

http://www.presses.ens.fr/produit.php?ref=2-7288-0364-1&id_rubrique=12

09:22 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

13/01/2014

Lélia de George Sand

J'en suis là de cette lecture : Lélia a raconté à Sténio qui l'aime la terrible histoire de Trenmor, Homme qu'elle admire et protège. Ensuite George Sand met les trois personnages en présence. chapitre 14, les voilà tous trois à un bal costumé.



"le manteau de Lélia était moins noir, moins velouté que ses grands yeux couronnés d'un sourcil mobile. La blancheur mate de son visage se perdait dans celle de sa vaste fraise, et la froide respiration de son sein impénétrable ne soulevait même pas le satin noir de son pourpoint et les triples rangs de sa chaîne d'or.


— Regardez Lélia dit Trenmor ...."



 Trenmor fait alors part à Sténio de ce que lui évoque la beauté de Lélia :



 " (...) regardez, vos dis-je, cette beauté physique qui suffirait pour constater une grande puissance, et que Dieu s'est plu à revêtir de toute la puissance intellectuelle de notre époque ! (...)"


voici à quoi il la compare :


" (...) c'est le marbre sans tache de Galathée, avec le regard céleste du Tasse, avec le sourire sombre d'Alighieri. C'est l'attitude aisée et chevaleresque des jeunes héros de Shakespeare : c'est Roméo, le poétique amoureux ; C'est Hamlet, le pâle et ascétique visionnaire ; c'est Juliette, (...) . Vous pouvez inscrire les plus grands noms de l'histoire, du théâtre et de la poésie sur ce visage dont l'expression résume tout, à force de tout concentrer. le jeune Raphaël devait tomber dans cette contemplation extatique, lorsque Dieu lui faisait apparaître une virginale idéalité de femme. Corinne mourante devait être plongée dans cette morne attention lorsqu'elle écoutait ses derniers vers déclamés au Capitole par une jeune fille. Le page muet et mystérieux de Lara se renfermait dans cet isolement dédaigneux de la foule. Oui, Lélia réunit toutes ces idéalités, parce qu'elle réunit le génie de tous les poètes, la grandeur de tous les héroïsmes. Vous pouvez donner tous ces noms à Lélia ; le plus grand, le plus harmonieux de tous devant Dieu sera encore celui de Lélia ! Lélia dont le front lumineux et pur, dont la vaste et souple poitrine renferme toutes les grandes pensées, tous les généreux sentiments ; religion, enthousiasme, stoïcisme, pitié, persévérance, douleur, charité, pardon, candeur, audace, mépris de la vie, intelligence, activité, espoir, patience, tout ! — jusqu'aux faiblesses innocentes, jusqu'aux sublimes légèretés de la femme, jusqu'à la mobile insouciance qui est peut-être son plus doux privilège et sa plus puissante séduction."



Voici maintenant ce que Sand fait répondre à son personnage Sténio :



"— Tout hormis l'amour ! Hélas dit Sténio, il est donc bien vrai ! vous n'avez pas nommé l'amour, Trenmor, vous qui connaissez Lélia, vous n'avez pas nommé l'amour ? Eh bien ! si cela est, vous avez menti : Lélia n'est pas un être complet. C'est un rêve tel que l'homme peut en créer, gracieux, sublime, mais où il manque toujours quelque chose d'inconnu, quelque chose qui n'a pas de nom, et qu'un nuage nous voile toujours, quelque chose qui est au-delà des cieux,  quelque chose où nous tendons sans cesse sans  l'atteindre ni  le deviner jamais, quelque chose de vrai, de parfait et d'immuable ; Dieu peut-être, c'est peut-être Dieu que cela s'appelle ! Eh bien ! la révélation de cela manque à l'esprit humain. Pour le remplacer, Dieu lui a donné l'amour, faible émanation du feu du ciel, âme de l'univers perceptible à l'homme ; cette étincelle divine, ce reflet du Très-Haut, sans lequel la plus belle création est sans valeur, sans lequel la beauté n'est qu'une image privée d'animation, l'amour, Lélia ne l'a pas. Qu'est-ce donc que Lélia ? Une ombre, un rêve, une idée tout au plus. Allez, là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de femme.


 — Et pensez-vous aussi, lui dit Trenmor sans répondre à ce que Sténio espérait être une question, pensez-vous aussi que là où il n'y a plus d'amour il n'y a plus d'homme ?


— Je le crois de toute mon âme, s'écria l'enfant.


 — En ce cas je suis donc mort aussi, dit Trenmor en souriant, car je n'ai pas d'amour pour Lélia, et, si Lélia n'en inspire pas, quelle autre en aurait la puissance ! Eh bien, enfant, j'espère que tu te trompes, et qu'il en est de l'amour comme des autres passions. Je crois que là où elles finissent l'homme commence."

 

George Sand aborde  sans détour les rivages de la philosophie et du sentiment religieux  dans Lélia. Un roman qu'il faut prendre, de toute évidence, le temps de lire lentement. Jusqu'ici je l'aime beaucoup. 

09:59 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

12/01/2014

À propos de Valentine

Tous ces témoignages du 19è siècle donneraient presque l'envie d'y retourner, de faire machine arrière jusqu'à ce temps où pourtant la nature humaine était bien ce qu'elle est encore aujourd'hui ; mais  la nature végétale, non, et d'une manière ou d'une autre, cette nature influe sur les personnages suffisamment longtemps pour que cela me soit bénéfique, Sand parle admirablement d'elle quand elle ne la fait pas sentir d'une manière ou d'une autre. Par ailleurs, les horreurs du 20è siècle, la guerre 14-18, la guerre 40, n'auront comme jamais lieu vu du 19è. Certes, les guerres napoléoniennes ont été atroces elles aussi, mais les populations ont moins trinqué moralement en général ; les soldats ne sont pas morts comme des rats gazés au fond des fossés comme en 14-18, et des populations n'ont pas péri, gazées de façon industrielle dans des chambres à gaz comme en 40-44  ; tous les siècles ont eu leur lot de guerres, la mort par empalement des soldats est inadmissible, mais ce côté mort à la chaîne, des enfants aussi, des civils, n'appartient qu'au 20è. Je reste donc en compagnie de George Sand pour un moment encore. J'ai terminé la lecture de Valentine. Par égard pour ceux qui veulent lire le roman je ne peux pas dire la fin, à retenir pour les autres, qui la savent,  que Bénédict avait déclaré à ses ennemis qu'à défaut de pouvoir pardonner leurs affronts, il  les oublierait, hélas eux se sont rappelés à lui. Se faire oublier de ses ennemis est très rarement possible.

J'ai commencé la lecture de Lélia. Pour l'instant elle échange des propos philosophiques de haut vol avec son amoureux. Ce qui se trame dans la tête d'un joueur, elle en parle très bien à mon sens. Où ai-je lu que Lélia poussait des cris de délire ? Pas pour l'instant, je me délecte encore de son art de philosopher. 

Je  terminerai la lecture de Monsieur Ouine un peu plus tard, il faudra bien repasser par le  20è siècle à un moment donné et par mon cher Artois. À ce propos j'ai lu quelque part que la maman de Bernanos était berrichonne comme George Sand (il faudra que je vérifie mes sources toutefois), c'est le papa qui était artésien. Madame Bernanos mère a peut-être parlé de Sand au fiston qui admirait Balzac, mais quand on sait que ce dernier était l'ami de Sand, (il a même séjourné un peu chez elle d'après les biographes), l'affaire se corse.  

   

  

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