11/05/2021
Prudence des fabulistes
La Fontaine (ou son prédécesseur Ésope ?) donne vie à un cierge pour le mettre à mort assez vite hélas. Il s'agit de mettre en garde dans cette fable contre un comportement comparable à celui de la grenouille d'une autre fable, qui se prenait pour plus costaude qu'elle n'était. Nous serions des aspirants mal inspirés parfois. La vie est un champ d'expériences, mais d'après les fabulistes épris de philosophie, certaines d'entre elles ne sont pas à tenter, casse-pipe assuré. Chacun selon sa constitution. Prudentes mises en garde, non dénuées d'humour.
On peut voir la fable du Cierge du point de vue de la foi chrétienne, où la vie est plutôt un chant d'espérance, comme une mise en garde contre l'orgueil, la vanité. La foi faisant croire aux miracles, il s'agit alors de placer son espérance dans l'amour et non dans l'égo, concernant la grenouille.
Il y a une leçon de choses dans la fable intitulée Le cierge, qui me rappelle Francis Ponge. Lui se contentait de décrire les réalités des choses se manifestant ou étant tout simplement sous ses yeux. Décrire des phénomènes sans "extrapolation" était son truc à lui. Une sorte d'émerveillement d'enfant devant les choses que n'ont pas les prudents et très adultes fabulistes.
Le cierge :
En anglais puis en français :
THE WAX-LIGHT (IX,12)
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/fablanglais1.htm
The bees, they say, descending from the gods,
On Mount Hymettus fixed their first abodes,
To bask, and there rejoicing live,
In all the sweets that zephyrs give.
When from the palaces men dared convey
Of these fair daughters of celestial day
The ambrosial sweets that in their store-rooms lay,
In language plain, when honeyless were left
The combs, and they alone escaped the theft,
Many wax-lights and tapers then were made.
One of these seeing clay turned brick by fire,
Outliving time, conceived the same desire ;
A new Empedocles, with such mad head,
The wax-light plunged into the fiery bed.
The light was no philosopher, 'tis plain.
We're all diversified, let not your brain
Think any being modelled from your own :
The wax Empedocles was melted down ;
No greater wisdom's by his neighbour shown.
Le cierge en français, sur le site d'un philosophe :
https://fr.linkedin.com/pulse/philosopher-avec-une-fable-le-cierge-jerome-lecoq
09:40 Publié dans Note, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
10/05/2021
Une expérience mystique
Dans mystique, j'entendrai ici inexplicable rationnellement parlant, mystérieux donc. Hier j'ai fait une expérience que je ne m'explique pas. Sur le coup, ma foi dans le Christ n'est pas entrée dans le champ de cette expérience.
J'étais en visite dans un hôpital psychiatrique. J'arrive à la porte vitrée où j'avais peut-être déjà sonné pour annoncer notre présence quand je vois allongé par terre sur le grand paillasson, un grand jeune homme à la silhouette très fine. D'où je me trouvais et par rapport à la position de son corps, je le voyais "à l'envers". Je dis à mon ami "il dort ?". Je me penche et incline ma tête en tordant un peu le cou de façon à voir les traits de son visage. Et là, je reconnais, je crois reconnaître celui que nous sommes venus visiter. Je l'observe attentivement pour voir s'il ne fait pas de malaise. J'ai l'impression que son cœur bat vite. Une impression due à je ne sais quoi d'à peine perceptible voire imperceptible, plutôt de l'ordre du sentiment. Je sonne du coup avec insistance, pensant que mon enfant fait un malaise. On arrive. L'infirmière toute ronde et joviale sous son masque (yeux rieurs) ne semble pas inquiète. Je lui demande pourquoi il est allongé sur le paillasson. Elle me répond qu'on lui a proposé un matelas dans une salle de détente, tout ce qu'il y a de plus confortable et qu'il a préféré venir s'allonger là. Deux infirmiers le relèvent ; lui, garde les yeux fermés et reste "cassé en deux", comme s'il s'était fait un tour de rein. Le trio s'éloigne de nous, lui marchant courbé ou plutôt "cassé en deux". La dame joviale est restée à côté de nous, porte entr'ouverte. Je lui dis que du coup, nous ne pouvons pas prolonger la visite, s'il est dans cet état, sous forme de questionnement. Elle me répond que le garçon que je viens de voir n'est pas mon fils. Cela ne provoque pas de soulagement chez moi car ce garçon qui lui ressemble tant physiquement j'ai plus d'empathie encore pour lui que pour Samuel, en fait, je ne les distingue pas l'un de l'autre. C'est comme si, celui-là aussi était mon fils.
Et c'est à ce moment que j'ai pensé au Christ. L'attitude du garçon sur le paillasson était christique. D'un coup le Christ vient et vous apparaît comme cela. Quel message a-t-il voulu envoyer à travers ce patient ?
Ou bien était-ce tout simplement une envie de dehors, de voir le monde extérieur de la part du patient, pour venir s'écrouler devant la porte vitrée qui donne sur la sortie...
Désir de liberté inassouvi et prière.
06:15 Publié dans Note, prière | Lien permanent | Commentaires (0)
08/05/2021
Je corse le jeu
Si je la fais jouer, ma mémoire enregistre les données si j'ose dire, imprime en somme. Et c'est ce conformiste de La Fontaine (la plupart du temps) qui fait le mieux jouer ma mémoire avec ses textes à la fois farfelus et conformistes très souvent. Tant et si bien que j'ai corsé le jeu.
Je choisis parmi les fables qui m'amusent le mieux au niveau des rimes et même aussi de la philosophie quelque fois et je m'essaie à la dire en anglais. Formidabulus !
J'ai mis ce site en ligne dans le temps et n'en ai pas fait grand-chose, étant accaparée alors par d'autres choses.
Le site :
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/fablanglais1.htm
Une que j'aime beaucoup est Le cerf se voyant dans l'eau, joliment écrite :
Dans le cristal d'une fontaine
Un cerf se mirant autrefois
Louait la beauté de son bois,
Et ne pouvait qu'avecque peine
Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l'objet se perdre dans les eaux.
"Quelle proportion de mes pieds à ma tête !"
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
"Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
Mes pieds ne me font point d'honneur."
Tout en parlant de la sorte,
Un limier le fait partir ;
Il tâche à se garantir ;
Dans les forêts il s'emporte.
Son bois, dommageable ornement,
L'arrêtant à chaque moment,
Nuit à l'office que lui rendent
Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
Que le ciel lui fait tous les ans.
Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;
Et le beau souvent nous détruit.
Ce cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
Il estime un bois qui lui nuit.
En Anglais :
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/sixstagsun.html
On ne joue plus :
En parlant d'animaux, hier Arte diffusait un reportage où l'on voyait un petit zèbre paniqué, poussant des cris de garçonnet ou fillette effrayé.e. Les reporters ont laissé la lionne lui bondir dessus. J'ai zappé. Même chez les oiseaux les gros bouffent les petits, est-ce que l'homme réussira à se démarquer ? Je n'ai pas compris l'immobilisme des reporters. Les cris du petit zèbre étaient des appels au secours de petits humains. La nature se régule par la prédation, allons-nous, tout en respectant le mieux possible la nature, l'imiter jusque là ou allons-nous transcender ?
En attendant Godot, je transcende la tristesse du zébrillon avec le poème du jour de Loup Francart :
http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/
06:50 Publié dans Blog Mémo, Note, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)