20/01/2009
Impondérables
"La semaine dernière, je racontais ici un épisode de la vie parisienne dont je prétendais qu'il s'était produit place Vendôme, une manifestation populaire devant le Ministère de la justice que Rachida Dati venait de réintégrer cinq jours après avoir accouché de la petite Zohra. Tout était inventé. Bien que je l'aie écrit, il est rare que des groupes de citoyens d'avis opposés s'affrontent à coups de mégaphones sur le pavé bien entretenu de ce repaire de bijoutiers. A ma grande surprise, plusieurs lecteurs ont trouvé l'histoire à leur goût. «Ah, ces Français», m'ont-ils dit, avant de comprendre qu'il ne s'agissait que d'une fadaise née dans l'esprit d'un citoyen suisse. J'avais pourtant pris la précaution de progresser doucement dans l'invraisemblable. Je décrivais la population déposant des offrandes à la porte du ministère pour fêter la naissance de Zohra. Une guérite surmontée d'un toit pointu ouverte pour accueillir simultanément les signatures de deux pétitions antagoniques. Et, plus irréaliste encore, quelles que soient les vertus de la solidarité féminine, Ségolène Royal venant soutenir la jeune maman dans les locaux du ministère.
J'avais l'impression d'avoir semé suffisamment de petits cailloux sur le chemin du mensonge pour être démasqué rapidement. Cela n'a pas suffi. Sans doute avais-je introduit assez de détails qui ne s'inventent pas pour égarer certains lecteurs. Il en fallait donc bien peu pour qu'une fiction légère soit considérée comme une réalité. J'ai d'abord attribué cette méprise troublante à l'autorité de la chose écrite. Cette autorité est pourtant battue en brèche; peu de gens considèrent aujourd'hui qu'une information est vraie parce qu'elle est dans le journal. J'ai ensuite penché pour une interprétation basée sur la rencontre d'un événement avec les attentes provoquées par ceux qui le précèdent - l'efficacité de la superwoman Rachida Dati ouvrant la voie à toutes les suppositions et préparant à l'impossible. Puis je me suis dit que le déluge des nouvelles incroyables qui sont finalement avérées provoque un sommeil de la vigilance et de l'esprit critique - le pire étant toujours sûr, pourquoi pas ces péripéties innocentes... "
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19/01/2009
Quand la télé nous fait une scène
Ce devait être sur la trois que passait le télé-film que j’ai regardé hier soir. Il s’agissait d’un polar. L’action se déroulait en Bretagne. La scène que j’ai trouvée la plus révélatrice quant à l’état de la société sur le plan des relations entre citoyens est celle des aveux. Le chef de gendarmerie « cuisine » toute la nuit un présumé tueur en série afin bien sûr de lui faire avouer ses crimes. Peine perdue. D’autant plus désolant pour le gendarme, qu’au petit matin il est informé du nouveau crime qui s’est commis la nuit-même à l’encontre toujours d’une jeune femme, et dans la Lande comme toujours. Autour de lui, on se confond en excuses auprès de l’ex- présumé coupable et l’on s’apprête à le libérer. Insupportable pour le chef de gendarmerie dont les nerfs craquent et qui réaffirme à grands cris sa certitude quant à la culpabilité de l’individu qu’il a constamment tarabiscoté durant la nuit jusqu’à épuisement de part et d‘autre. Heureusement, la psychologue forte de son QI supérieur, intervient pour calmer le jeu, arguant du fait que l’infortuné présumé coupable ne pouvait en aucun cas être un tueur en série compte tenu de sa débilité légère. Elle insiste avec une sincère et touchante conviction et tout le monde va pouvoir enfin aller se reposer un peu . C’était sans compter sur la susceptibilité du boucher ( car l’infortuné est boucher de profession ), qui voulant alors prouver son intelligence avoue enfin tous ses crimes. J’en suis restée "coite" une seconde, mais la question du comment la société s’y prend pour fabriquer ses monstres s’est ensuite imposée. Cette scène comportait des éléments de réponse.
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18/01/2009
Haïti et la route de l'esclavage
"Karfa Diallo et Patrick Serres, président et secrétaire général de l’association DiversCités, créée en France il y a dix ans pour combattre la profonde amnésie qui entoure la colonisation et la route de l’esclavage, se sont proposés d’amener la ville de Bordeaux à reconnaître que sa richesse est née essentiellement du trafic d’esclaves, qui s’est poursuivi malgré la Révolution française ...
Diallo ajoute que les autorités de Bordeaux protestèrent contre l’arrivée des premiers esclaves. Mais elles ne tardèrent pas à concéder aux armateurs les primes attribuées par l’Etat français au profit du prétendu « commerce avec les pays d’Amérique ». Ces aides qui en fait finançaient un véritable génocide se maintinrent au-delà de la première initiative de la Révolution française contre l’esclavage, contenue dans la Déclaration des droits de l’Homme. Les armateurs bordelais possédaient de riches plantations dans les Antilles et envoyèrent leurs représentants à la Convention de Paris pour convaincre l’Assemblée que l’esclavage relevait essentiellement de l’entreprise coloniale et que l’égalité proclamée en 1789 ne concernait que la métropole et en aucun cas ses colonies. Le même stratagème fut repris par l’Espagne en ce qui concerne Cuba ..."
http://www.granma.cu/frances/2009/enero/mier14/haiti.html
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