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14/12/2011

Les "think tanks"

Je suis tombée ce matin sur le Télérama de cette semaine. Faute de temps les magazines me filent trop souvent entre les mains, je jette un coup d‘œil sur la couverture et les passe à d‘autres, mais celui-ci traînait sur le canapé au moment propice, à cinq heures du matin alors que j’étais la seule à être réveillée dans la maison, et titrait "André Wilms, comédien hors cadre". L’article concernant cet artiste dont la personnalité peut désarçonner par moments m'intéresse,  l'interviewé dit instantanément ce qu’il pense, a beaucoup d’expérience du monde artistique et une rigueur "toute germanique", ce qui m'impressionne toujours un tant soit peu ; il déclare au sujet de l’opéra parlé de la musique contemporaine "où texte et musique sont imbriqués" : "répéter cent fois la même phrase sur le même ton, en un temps donné, je sais le faire. Cela réclame de la précision, une grande discipline. Je retrouve là ce qui m’a toujours manqué dans le métier d’acteur : une pratique mécanique, avec une technique objective, comme pour un instrumentiste. Si vous faites un ré à la place d’un do, il est faux. En tant qu’acteur, on peut jouer le drame de mille façons et se perdre du coup dans le n’importe quoi."  Opposition assez déconcertante entre la musique contemporaine, ressentie comme sécurisante et le travail d'acteur où l'on risque de se perdre dans le flou, faute de repère. D’autres articles accrocheurs dans ce magazine cette semaine, hormis la chronique télé, tellement subtile qu’elle s’est transformée pour moi en pataquès à effet répulsif. J’ai commencé à lire avec attention le copieux documentaire concernant les "think tanks", ce  "laboratoire à idées" ou "groupe d’experts chargés d’influencer les politiques publiques"... J'y retourne. 

09:21 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

11/12/2011

Imprégnation

le politique imprègne parfois nos rêves. Nul doute pour moi que celui qui m'est venu cette nuit découle de l'émission regardée dans la soirée. 

J’y vois deux femmes, dont l'une reste dans l'ombre ou dont le visage ne me revient pas en mémoire. Celle que je discerne me semble solitaire tout à coup, peut-être est-ce une marginale. Elle me dépasse en vélo, poussant fort sur les pédales, je la vois soudain petite fille zigzaguant sur une bicyclette sur laquelle elle vient de monter puis retrouvant son équilibre en prenant de la vitesse, la vision s'arrête là, elle est à nouveau adulte, me précède de quelques mètres, et peine à avancer malgré tous ses efforts ; elle s'aperçoit enfin que le pneu avant est à plat, met pied à terre et rebrousse chemin. Petit sourire poli lorsqu'elle me croise. Dans la séquence suivante, je la vois me regarder de derrière la vitre d'un autobus où elle devise avec son amie. Sa personnalité semble avoir changé, elle a l'air ironique une fois plus sûre d’elle-même.

Une autre séquence de ce rêve s'enclenche ensuite sur un décor tout autre. Contexte de forêt où un homme aimerait avoir un rapport sexuel avec une femme, il désire que leur relation soit uniquement sexuelle. L’émission où l’on a vu débattre une jeune féministe et une non moins jeune prostituée est à mon avis à l’origine de ce rêve. La femme de passage dans la forêt possède une voiture, il me semble qu’elle mène plus ou moins l’homme par le bout du nez.

Le vélo a d’abord fait son apparition dans ces courtes scènes oniriques. J’en faisais moi-même ainsi que l’autre femme. Puis, à défaut de son deux-roues, un bus prend le relais concernant la femme dont le regard sur moi devient plus froid qu'auparavant. L’inconnue de la forêt se balade quant à elle en voiture, sans doute symbole de pouvoir et d’argent. 

 

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07/12/2011

Le triomphe du cornac

Nous voici page 152 du Voyage de l'éléphant de José Saramago, débarquement de la caravane sur le quai du port de Gênes. L'éléphant Salomon et l'archiduc accompagné de son épouse ne vont pas tarder à apparaître devant le peuple  manifestement impatient de voir enfin les époux illustres ainsi que le fabuleux animal, encore méconnu dans l'Europe du Moyen Age. Troisième et dernier  extrait :

"Si l’on demandait à cet instant à ces femmes et à ces hommes quel personnage ils souhaitaient le plus voir de près, l’archiduc ou l’éléphant, nous pensons que l’éléphant l’emporterait avec une grande différence de voix. L’attente anxieuse de cette multitude se traduisit par un cri, l’éléphant venait de faire grimper sur lui à l’aide de sa trompe un homme muni d’un sac contenant ses affaires. C’était subhro ou fritz, comme on préférera, le soigneur, le valet, le cornac, l’homme qui avait été si humilié et qui à présent, sous les yeux du peuple de gênes assemblé sur le quai, jouira d’un triomphe presque parfait. Perché sur la nuque de l’éléphant, son sac entre les jambes, vêtu maintenant de sa tenue sale de travail, il contemplait avec la superbe d’un vainqueur les gens qui regardaient bouche bée, signe absolu de stupéfaction, mais qui, à vrai dire, peut-être parce qu’il est absolu, ne s’observe jamais dans la vie réelle. Quand il montait salomon, subhro avait toujours l’impression que le monde était petit, mais aujourd’hui, sur le quai du port de gênes, cible des regards de centaines de personnes littéralement émerveillées par le spectacle qui leur était offert, soit par sa propre personne, soit par un animal à tous égards démesuré qui obéissait à ses ordres, fritz contemplait la foule avec une sorte de dédain, et, dans un instant insolite de lucidité et de conscience de la relativité des choses, il pensa que, tout compte fait, un archiduc, un roi, un empereur ne sont pas plus qu’un cornac juché sur un éléphant. D’un coup de bâton, il fit avancer salomon vers la planche. La partie de l’assistance qui était le plus près recula, effrayée, encore plus lorsque l’éléphant, au milieu de la rampe, on ne sut et ne saura jamais pourquoi, lâcha un barrissement qui, on pardonnera la comparaison, résonna aux oreilles de ces gens comme les trompettes de jéricho et dispersa les plus timorés."

 

 

  

 

10:50 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)