23/11/2011
L'animatrice bénévole
Hier je suis restée quelques heures en salle d’attente parmi d’autres patients qui portaient bien leur qualificatif. Ces hommes et femmes restaient, en taiseux admirables, pour la plupart immobiles sur leur chaise à ne rien faire, sinon se donner l’illusion de lire ou de regarder la petite télé suspendue au plafond pour ceux qui l’avaient en face d’eux. Tout cela durant un certain temps, sans se départir d’un calme olympien, pas le moindre marmonnement ; j’aurais quant à moi donné quelques involontaires signes d’impatience, soupirs mal étouffés, jambe qui tressaute mécaniquement, si je n’avais eu mon fidèle et secourable Librio à repotasser, non sans une certaine délectation étant donné mon goût pour la grammaire. Soudain je réalise, page84, qu’une dame a rompu le « cercle magique » et parle de ses oies au voisinage. Étonnée par l’esprit d’initiative de cette animatrice bénévole j’abandonne un instant le cas du past perfect modal(avec lequel on peut émettre une hypothèse pour exprimer un événement virtuel, ne s’étant pas réalisé dans le passé), pour écouter les faits concrets que narrait la dame : « J’suis tombée de tout mon long au milieu des oies, heureusement elles n’étaient pas en couvaison, sinon j’étais morte, le jars m’aurait tuée. Mon chien a déjà été pincé par le jars, il sait c’que sait. Non, j’avais pris des oies sans savoir, maintenant je regrette. C’est pas des bêtes reconnaissantes. Et elles sont sales. Je leur avais préparé un petit bassin, elles ont sali l’eau tout de suite avec leur pattes sales … » Tout le monde rêve dans l’assistance grâce à cette femme au réel charisme. Les oies participent de la poésie ambiante, plus personne ne guette l’hospitalier de la délivrance. Mais où en étais-je avec ma révision du past perfect modal ? À cet exemple page 84 du Librio : « If he had been there, he would have told her what to do .»
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20/11/2011
Le coltan
J'ai vu sur TVMonde hier un reportage sur le coltan, un minerai qu'on utilise pour les téléphones mobiles et les ordinateurs qui sert aussi à financer la guerre.
Les personnes qui travaillent dans les mines pour l'extraire le font à leurs risques et périls, rien n'ayant été sécurisé. Des enfants y travaillent aussi.
Un autre documentaire moins récent sur Dailymotion:http://www.dailymotion.com/video/x19a67_le-coltan-au-kivu_news
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19/11/2011
Un autre regard
Parlant politique chacun voit souvent et avant toute chose midi à sa porte, regarde les avantages qu’il peut avoir si un tel est au pouvoir, ou sous le règne d’un tel. Sous ou à l’époque d’un tel, « les gens pouvaient faire ceci ou cela alors que maintenant on n’ose même plus se rendre au marché, une bombe peut exploser à tout moment. » On ne peut en vouloir aux gens de penser d’abord à leur sécurité et d’oublier tels ou tels massacres décidés par leur dictateur à l’encontre d’autres groupes de la population, appartenant à une autre ethnie, ou une autre confession que la leur. Qui sommes nous pour les juger ? L’oubli est d’autant plus humain si la guerre qui s’en est suivie a accouché de massacres plus sanglants encore, qui semblent en outre ne jamais vouloir se terminer. Spectacle décidément très laid que celui de la guerre ouverte où l’obscénité règne à coup sûr, se délecte de scènes de lynchage diffusées à tout va.
Le spectacle de ce que j’appelle les « guerres blanches », celles des combats larvés où le sang ne coule pas mais où l’on sent rôder la mort psychique et à la longue physique n’est pas plus réjouissant. Ce seront peut-être les guerres de demain. Elles offrent aussi leur tableaux de désolation par la haine insidieuse que portent comme un masque les visages.
Le seul remède que je connaisse pour ne pas s’ensabler dans la paranoïa des visions négatives que se portent les ennemis est la réflexion. Celle-ci passe également par la poésie.
Dans le contexte difficile d’une lointaine époque j’ai lu Francis Ponge, dont les textes constituent pour moi un antidote au stress plutôt efficace. Certains écrits de cet auteur sont faits de sa propre concentration à décrire des choses à priori banales souvent mais qu’il rend singulières par petites touches, détail après détail ; il y en a d’autres qui à force d’observation, des événements cette fois, aboutissent à une réflexion plus dense :
«… Une apparence de calme, de sérénité, d’équilibre dans l’ensemble de la création, une perfection dans l’organisation de chaque créature qui peut laisser supposer comme conséquence sa béatitude ; mais un désordre inouï dans la distribution sur la surface du globe des espèces et des essences, d’incessants sacrifices, une mutilation du possible, qui laissent aussi bien supposer ressentis les malheurs de la guerre et de l’anarchie : tout au premier abord dans la nature contribue à plonger l’observateur dans une grave perplexité.
Il faut être juste. Rien n’explique, sinon une mégalomanie de création, la profusion d’individus accomplis de même type dans chaque espèce. Rien n’explique chez chaque individu l’arrêt de la croissance : un équilibre ? Mais alors pourquoi peu à peu se défait-il ?
Et puis donc, aussi bien, qu’il est de nature de l’homme d’élever la voix au milieu de la foule des choses silencieuses, qu’il le fasse du moins parfois à leur propos...»
Voilà qui fait positivement cogiter.
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