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02/07/2020

Un chat nommé Darwin

J'en suis à la page 95 du livre intitulé Un chat nommé Darwin, de William Jordan. Un écrivain de formation scientifique se prend d'intérêt pour un chat des rues. L'affection vient se mêler à cet intérêt porté au chat, à qui il a fini par donner le nom de Darwin, son maître à lui, le potentiel maître de ce chat ayant débarqué de façon imprévisible dans sa vie.

 

  Découle de cette présence parfois importune, une révolution dans l'esprit de celui qui s'estime devenu plutôt le tuteur du chat, car insiste-t-il, conscient des responsabilités qui lui incombent à partir du moment où il assume le fait que "la bestiole" est bel et bien entrée dans sa vie. L'écrivain fait profiter ses lecteurs de l'esprit cartésien qui est le sien, en prise avec quelque chose d'ordre apparemment irrationnel : l'affection portée à une entité dite "simple", inférieure à l'homme pour le biologiste, mais qui bouleverse sa vision du monde, ou menace de la bouleverser. En tout cas, le tuteur en question s'accroche à ses connaissances scientifiques, ne déposant pas tous ses bagages scientifiques mais faisant plutôt appel à eux pour garder une prise sur ce qui lui arrive, tel un changement de paradigme, "attention les secousses".

L'extrait page 95, 96 :

 

"À force de l'observer, je me remis à penser en biologiste et à m'interroger sur les facteurs sous-jacents à l'expérience individuelle — échappant au contrôle conscient — qui font de nous ce que nous sommes. Comme j'avais constaté chez les matous que je voyais par ma fenêtre la même régularité dans les activités, j'en conclus qu'il s'agissait probablement d'un caractère inné chez les prédateurs. C'était une façon de ne jamais laisser ses proies au repos, de les empêcher de prévoir d'où viendrait la prochaine attaque. Le comportement de Darwin était donc logique.

 

Je commençai également à reconnaître, dans ses habitudes, la marque de la néotonie. On appelle néotonie la rétention de caractéristiques juvéniles chez l'adulte, et si certains peuvent en être accusés individuellement, en tant qu'espèce les humains sont parfois considérés comme de grands singes néotoniques parce que, à l'âge adulte, ils manifestent des traits physiques communs aux jeunes anthropoïdes. Citons par exemple la minceur et la construction délicate de la boîte crânienne qui ressemble à celle d'un bébé chimpanzé. Le crâne de l'adulte, au contraire, est massif, avec des crêtes et des bourrelets épais.

 

La néotonie concerne aussi le comportement et implique un contrôle génétique. À force de fréquenter Darwin, je me rendis compte que ses façons de faire ressemblaient énormément à celles d'un chaton. Quand je le caressais, il arquait le dos et pétrissait le tapis avec ses doigts et ses griffes comme un petit chat pétrit les mamelles de sa mère en tétant. En fait, beaucoup de ses manières, de ses postures, que je trouvais charmantes, étaient celles d'un chaton manipulant sa mère. Au bout d'un moment, je ne voyais plus que cela — la façon dont il réclamait sa nourriture en cherchant mon regard, en pénétrant mon âme ; la façon dont il se frottait à mes jambes quand il voulait quelque chose : ses miaulements et ses cris si semblables à ceux d'un bébé humain.

 

Un chat sauvage se serait comporté tout autrement. Si Darwin était né de parents sauvages — Felis sylvestris —, il serait devenu beaucoup plus méfiant et tendu. D'un caractère distant, réservé, il ne mendierait pas, ne demanderait aucune faveur et répondrait férocement à toute provocation, pour se défendre. Autrement dit, il serait devenu pleinement adulte. Il aurait acquis la force et l'agressivité nécessaires pour survivre seul, défendre son territoire, s'assurer l'accès à des femelles en chaleur, et il serait très difficile, voire impossible, à contrôler. À cause de sa nature sauvage, il ferait un compagnon invivable, voire dangereux pour l'homme.

 

La majorité des gens qui désirent un animal de compagnie ont besoin que cet animal reste infantile. Les enfants élévés dans la discipline apprennent à se soumettre, à se laisser guider, à plier, ils sont modelés par la volonté de l'adulte. Fabriquer des individus disciplinés, bons chrétiens, respectueux des valeurs, de caractère facile, comme leurs parents, n'est-ce pas l'alpha et l'omega de toute bonne éducation ? C'est pourquoi la nature nous permet de former l'enfant, de le modeler avant qu'il ne devienne grand, poilu, tatoué, piercé, impertinent, costaud et rebelle à toute domination. De même que les chatons sauvages, deviennent des chats sauvages, les enfants deviennent des êtres humains. Le but de toute domestication serait donc de prolonger cette docilité génétique de l'enfance et de la fixer dans l'adulte, afin de créer des animaux pouvant être pliés à notre volonté et à nos besoins affectifs."

 

Un chat nommé Darwin, de William Jordan, extrait de la page 95 à 97. 

 

Commentaire : l'auteur réfléchit beaucoup à la condition humaine et animale. Les conclusions de "faire plier" en ayant recours à une dose d'infantilisation sont peut-être justes concernant les politiques. Il s'agit d'une sorte de prise de possession. Mais chez les chrétiens, on insiste sur la liberté justement de chaque individu et on lutte contre la possession. On dit à Dieu "que Ta Volonté soit faite" car on reconnaît librement sa perfection alors que le priant ne s'estime pas parfait quant à lui. Alors ? Le débat n'est pas clos. En tout cas, merci William Jordan pour cette sincérité et  cet acharné travail pour comprendre les gens et les animaux. Je continue donc volontiers ma lecture de ce livre. L'aventure du scientifique, qui reconnaît avoir tué beaucoup d'animaux en laboratoire, aux prises avec cet être animal mais pas sauvage, qui le remue en profondeur titille énormément ma curiosité

 

04:42 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

29/06/2020

la philosophie bouddhiste

Ayant fait ce matin quelques respirations profondes, quelques postures à ma portée, et surtout adéquates pour le bas de mon dos ; ayant relu ensuite la note précédente qui m'a surprise et m'a fait sourire finalement du fait qu'elle soit aussi cash, sans être brut de décoffrage tout de même, ayant fait tout cela, respirations, mouvements et relecture, cette pensée a coulé de source : le bouddhisme en somme est en effet un apprivoisement de soi, pour se sentir bien dans son corps, cette chose-là conduisant probablement à savoir s'en aller en douceur le moment venu... s'apprivoiser jusque dans les tréfonds organiques du corps et, chose apparemment curieuse, tout cela pour moi ne se fait pas sans les remerciements par la prière chrétienne. Fidélité retrouvée et enfantine dans le sens de renouer avec une éducation datant de l'enfance, au recueillement par la prière à Marie et à son Fils. Enfantine et non pas infantile.

04:49 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

Lecture ce matin

J'ai terminé la lecture des Hauts de Hurle-Vent. Où vous avez le "je" de Mr Lockwood, qui raconte, et ensuite le "je" de "la femme de charge", Hélène, aussi appelée Nelly, qui raconte à son tour, s'adressant à Mr Lockwood. Une construction simple en fait, linéaire. Par le biais de Nelly, le lecteur assiste à la passion dévorante de Heathcliff pour Catherine Earnshaw et vice-versa. Les deux protagonistes se consument, arrivés  au paroxysme de cette passion somme toute aveuglante, car elle gomme le reste du monde, ce qui risque d'être abrutissant à la longue. Comme si d'aucuns, se croyant au paradis vivent en fait des situations infernales, rongés qu'ils sont par leur passion. On n'a pas envie d'être à leur place... à moins que d'aucuns, oui ?

Regardez la passion de Mary-Line pour John Kennedy. Elle lui a fait perdre l'instinct de conservation, lorsqu'elle a souhaité à John K son anniversaire, ne comprenant pas la honte que ce fervent catholique pourrait en concevoir, voyant affiché aux yeux du monde l'adultère commis, d'autant plus honte que le gars aimait sa femme à ce que l'on dit.  Perdre cet instinct de conservation peut aussi faire des héros, en apparence du moins... Mais encore, l'instinct de conversation peut tout aussi bien faire commettre des gestes tout à fait moches... la foule qui piétine des gens tombés par terre, lors d'une panique générale entraînant une réaction animale de sauve qui peut... Il nous faut nous apprivoiser nous-même en somme pour gérer éventuellement tout cela. Qu'en dites-vous ?

 

Bref, merci Émilie Brontë.

04:15 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)