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13/07/2020

Fulgurance ♣♣♣ Extrait d'un poème de Pessoa

 

Nous avons acquis pour quelques pennies une petite radio transportable partout, sans être non plus une radio de poche. Je réécoute donc la radio un peu plus souvent, notamment les lectures sur France Culture. Dans Nuits magnétiques, j'ai entendu le  vieux feuilleton de La chambre jaune. Revenir aux bons vieux classiques est une forme de ressourcement. La nuit est faite pour cela je pense. Il y a eu aussi dans ces Nuits magnétiques, la rediffusion des reportages de 1988 sur les Mariniers. Un peuple qu'un prêtre appelle un peuple de manuels. Cette corporation des Mariniers a été oubliée par les divers gouvernements qui se sont succédés. À l'école, les enfants des mariniers souffraient de la discrimination a témoigné une femme qui a vécu cette discrimination. La jeune adolescente avait trouvé le soutien d'une élève juive pour affronter cette sorte de racisme social qui n'alla pas trop loin malgré tout.

 

À ce propos, il y a, on le voit par l'exemple cité précédemment, différentes sortes de racisme, celui, en Amérique, de la couleur de peau alors qu'en France ce serait plutôt de racisme social dont il s'agirait. Nous savons notamment que le racisme social sévissait plus que jamais au début du Moyen-âge, du temps des serfs, esclaves blancs au service des aristocrates. Pour autant une paix s'instaure aujourd'hui avec eux, après que le sang de la révolution a coulé, surtout par ailleurs celui, paradoxalement, du peuple, lequel a compté le plus de guillotinés. Le peuple qui, se rendant compte qu'il peut toujours y avoir pire, a fait la paix avec les nobles à mon sens, allant même jusqu'à une certaine nostalgie de ceux-ci. Cela s'est bien vu avec François Mitterrand, qui de mon point de vue leur rendait souvent hommage à sa façon, consciemment ou pas.

 

Autre exemple de racisme social à mes yeux, extérieur à la France celui-là : le génocide entre Tutsi et Hutus. J'ai suivi un reportage qui a parlé de la fulgurance de cette guerre, du passage à l'acte. Les Hutus faisaient beaucoup de radio et, au micro défilaient nombre d'humoristes pour se moquer des Tutsi. Les agresseurs se sont servis du rire pendant un temps avant de manier la machette... des gens de radio Hutus, "blaguaient" encore, autrement dit utilisaient un humour particulièrement âpre, en disant à l'antenne d'un ton léger, lors du passage à l'acte, qu'ils retrouveraient "les petits malins" qui étaient allés se cacher dans la nature pour leur échapper.

 

La guerre est-elle toujours fulgurante comme cela ? Pendant longtemps de nombreuses personnes préfèrent rire, s'efforçant de croire que tout va s'arranger avec un peu d'humour et puis d'un coup, ça éclate, comme ce fut le cas pour les Hutus et les Tutsis ? Désormais ces deux peuples sont en passe de n'en former plus qu'un, peut-être, tant ils vivent en harmonie. Ils sont devenus des champions de la réconciliation d'après les dernières informations.

 

Le Liban est aussi un exemple de guerre au sein d'une même "race" ; j'emploie ce mot "race", qui a été ringardisé en France sous le mandat notamment de François Hollande puisque l'on parle tant de guerre raciale ces temps-ci, dans les médias.

 

L'Amérique, où l'on tue aujourd'hui pour une simple couleur de peau semble être l'exception. L'esclavage des "serfs noirs" est une cicatrice plus longue à cicatriser que celle des serfs blancs... car peut-être, les blancs de là-bas ont oublié que leurs ancêtres ont eux aussi, pour beaucoup d'entre eux été des esclaves. L'esclavage n'est pas une spécificité dévolue aux Noirs, c'est un fait historique.

 

Pour en revenir au rire, fort heureusement, il y a d'autres sortes de rires que ceux qui résonnent comme de mauvais présages tant le ricanement est mauvais ; il y a aussi des rires thérapeutiques, les rires du cœur. Rions donc en chœur, mais avec cœur.

 

Rire du cœur avec Nino Ferrer (qui, soit dit en passant, a chanté Je voudrais être un Noir, comme chacun sait) :

 

 

♣♣♣

 

Un très long poème de Pessoa dont je mets l'extrait qui me chante :

 

Le poème s'intitule Bureau de tabac.

 

L'extrait :

 

Combien d’aspirations hautes, lucides et nobles –
oui, authentiquement hautes, lucides et nobles –
et, qui sait peut-être réalisables…
qui ne verront jamais la lumière du soleil réel et qui
tomberont dans l’oreille des sourds ?
Le monde est à qui naît pour le conquérir,
et non pour qui rêve, fût-ce à bon droit, qu’il peut le conquérir.
J’ai rêvé plus que jamais Napoléon ne rêva.
Sur mon sein hypothétique j’ai pressé plus d’humanité que le Christ,
j’ai fait en secret des philosophies que nul Kant n’a rédigées,
mais je suis, peut-être à perpétuité, l’individu de la mansarde,
sans pour autant y avoir mon domicile :
je serai toujours celui qui n’était pas né pour ça ;
je serai toujours, sans plus, celui qui avait des dons ;
je serai toujours celui qui attendait qu’on lui ouvrît la porte
auprès d’un mur sans porte
et qui chanta la romance de l’Infini dans une basse-cour,
celui qui entendit la voix de Dieu dans un puits obstrué.
Croire en moi ? Pas plus qu’en rien…
Que la Nature déverse sur ma tête ardente
son soleil, sa pluie, le vent qui frôle mes cheveux ;
quant au reste, advienne que pourra, ou rien du tout…

 

Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis l’univers avant de quitter nos draps,
mais nous nous éveillons et voilà qu’il est opaque,
nous nous éveillons et voici qu’il est étranger,
nous franchissons notre seuil et voici qu’il est la terre entière,
plus le système solaire et la Voie lactée et le Vague Illimité.

 

 

         

12/07/2020

Les serfs

Les serfs du Moyen âge et non pas cerfs ! ☺ La servitude, et non pas la cerfitude, à moins que d'avoir un accent. Là-dessus, je m'en vais travailler car faute de retraite, je dois encore gagner mon pain.

07:14 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

06/07/2020

Lecture de la rencontre entre deux femmes ♣♣♣ Le miracle en question

L'une interroge, Rodica Draghincescu, l'autre répond, Françoise Hàn. On appelle cela une interview. J'ai retenu ceci concernant ce que répond l'auteure à propos de l'écriture :

 

"Comme je le disais, aucun destin ne m’a imposé l’écriture. Il n’y avait pas plus de petit sentier en suspens que de grande autoroute. Je pense que le besoin de créer existe chez tout être humain et qu’il faut une certaine volonté, dans les conditions sociales régnantes, pour lui permettre de s’exercer. J’ai toujours eu la passion de la lecture."

 

Personne ne "téléguide" personne pour écrire. L'acte d'écrire vient naturellement avec celui de la lecture. Lire, c'est déjà commencer d'écrire en somme. Je suis d'accord avec cela, lire génère de la pensée et, silencieusement et intérieurement, cette pensée générée par la lecture fait aller de l'avant. 

J'ai regardé pour la énième fois hier "La redevance du fantôme", où joue Stéphane Fey en premier rôle, et Marie Laforêt, autre premier rôle de ce film... Un homme, intrigué par une maison que l'on dit hantée, demande à la visiter. Celui qui vient d'en sortir ne veut pas y retourner et le demandeur va devoir assumer seul une visite des lieux anxiogène car il se lance dans l'inconnu. Serait-ce cela la condition humaine ? Ce moment d'incertitude où vous croyez marcher seul, ou seule. Mais une présence d'un coup lors de la visite de la maison : celle du fantôme, que joue Marie Laforêt, toute habillée de noir et voilée à "double tour", visible et invisible à la fois. Le visiteur fait donc face à l'inconnu qui s'échine à se vouloir terrifiant lors de cette apparition. Alors l'autre, ne va plus du tout de l'avant pour continuer sa visite de la maison mais bat en retraite. Donc ici la dimension extérieure, "le destin" qui, de sa main (incarnée par celle de Marie Laforêt), fait signe de partir à l'autre, est hostile. Le destin se vit souvent comme une fatalité, comme une main qui vous fait signe de partir. Le visiteur dès lors, malgré sa terreur, n'a de cesse de vouloir contrer ce destin, ou faire en sorte que, tôt ou tard, l'inconnue se révèle. Il veut voir le visage de l'autre pour cesser, en premier lieu d'avoir peur... et ainsi pouvoir continuer d'aller de l'avant, de continuer à évoluer dans la maison sans entrave et aussi de penser. La peur l'a d'abord paralysé ; il a reculé, éteint les bougies et a fait demi tour, puis lors d'un retour forcé dans cette maison,  de révolte contre l'état de peur quasi mortelle dans lequel il se trouve réduit,  le visiteur arrache le voile de l'inconnue. Dès lors, la peur s'évanouit. Le visage de Marie Laforêt n'est pas avenant, dans le sens de l'accueil de l'autre bien entendu, car une fois dévoilée, elle a peur sur le coup, à son tour. 

Un ressort de la soif de connaissance que le désir de juguler la peur ?

 

Un extrait de La redevance du fantôme. Hélas You Tube n'a pas mis l'intégral du film. J'ai la chance de l'avoir en DVD. Ici, Marie Laforêt, hors de la maison hantée, ne joue pas les fantômes et n'est donc pas voilée :

 

 

♣♣♣

 

Le miracle en question sur Regards sur une vis sans fin : 

http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/

 

Se vouloir le maître de la désillusion en s'opposant à l'idée même de miracle, c'est courant. Mais il y a plus dur : c'est de désespérer autrui. La haine produit cette volonté de désespérer l'autre, de paralyser sa pensée en produisant de la peur et de l'écrasement. Cela peut appeler des héros à sacrifier leur vie pour que se produisent les miracles.  C'est un poème en cours comme le dit Françoise Hàn.