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28/07/2020

Histoire de marins ♣♣♣ Les pêcheurs et les autres, vus par Annie Proulx dans Nœuds et dénouement

J'avais un sujet pour un deuxième livre, qui s'est étoffé à l'écoute de deux reportages sur la batellerie. Des femmes et des hommes de ce milieu se sont exprimés, notamment sur la crise qui les a frappés dans les années 1980, en France particulièrement. Il fallait adapter les péniches à des chargements plus lourds, s'offrir des équipements technologiques pour affronter la concurrence. J'ai donc commencé à écrire le livre mais me suis rendue compte qu'il me fallait me documenter un peu plus. J'habite dans le quartier des mariniers, rue du Quai de B, et pas loin se trouve le port de plaisance prolongé par une rue dont les maisons rappellent en plus grand des cabines de bateaux, avec des fenêtres de-ci de-là en forme de hublot. Ces mariniers à la retraite sont aimables, cependant, dotés du caractère des climats du nord, ils ne sont pas causants. Pas envie de les embêter en prolongeant les reportages entendus à la radio. 

Je suis heureusement tombée sur un livre qui briefe les lecteurs sur la navigation.

Il y a un un Terre-Neuve qui intervient dès les premières lignes de mon texte (futur roman), et dans le roman sur lequel je suis tombée en rangeant les étagères, s'intitulant Nœuds et dénouements, l'histoire va très vite se propulser à Terre-Neuve. Coïncidence ou présage ?

 

La romancière pour être aussi bien renseignée est sûrement marin elle-même.  

 

Les conducteurs de péniches sont des marins à part entière. La navigation est toutefois différente. Annie Proulx parle notamment des intempéries que doivent endurer les marins sur bateaux non pas fluviaux mais maritimes : c'est impressionnant !

Les canidés de race Terre-Neuve sont d'excellents nageurs. Des chiens "aquatiques", avec des pattes palmées. Les Terre-neuviens et autres marins dans l'âme ont probablement adopté ces chiens, comme des bergers ont leurs chiens spécifiques.

 

Un extrait :

 

"Quoyle se racla la gorge.

"Qu'est-ce qui vous amène à Patte-de-Grappin ? Un voyage d'agrément ?"

L'homme aux cheveux blancs était incapable de poursuivre. "D'agrément ? Dans ce bled ? Sur la côte la plus désolée et la plus misérable de la planète ? Rien au monde ne m'y traînerait. J'aimerais mieux naviguer en péniche dans les quatrièmes rugissants au large de la Terre de feu. Non, nous sommes venus faire tapisser de neuf le bateau, n'est-ce pas ?" "Silver, ma chère épouse ici présente, insiste pour s'attacher les services d'une personne spécialisée dans la sellerie nautique, les garnitures pour yachts. Une parmi des milliers. Était installée à Long Island, à une dizaine de kilomètres de notre résidence d'été. Maintenant nous devons la suivre à la trace jusque sur ce rocher paumé. Toute cette traversée depuis les Bahamas pour faire retapisser le  grand salon..."

 

Terre-Neuve ! Sur un rocher paumé, que c'est romanesque !

 

♣♣♣

 

J'ai lu le livre d'Annie Proulx. De "subissant" un homme prend goût à la vie. Sa tante l'a stimulé au départ, mettant un peu de pression afin qu'il s'arrache d'un lieu qui ne lui vaut rien. Il va découvrir les marins de Terre-Neuve. C'est tout au Nord comme chacun sait "et pourtant" ils sont chaleureux, pour la plupart de ceux qu'il rencontre. Il a un gros complexe portant sur son physique : les gens de Terre-Neuve ne le voient justement pas sous l'angle spécifiquement de son physique. Ils l'apprécient, tant et si bien que les choses deviennent plus simples pour lui et peu à peu, l'homme en question y voit plus clair. Notamment, il ne confond plus amour et souffrance, n'associe plus les deux. Si vous souffrez avec votre partenaire réalise-t-il ce n'est pas tant parce que vous l'aimez. Vous subissez parce que vous pensez que l'amour doit en passer par là. La souffrance était presque selon lui la preuve de l'amour porté au partenaire. Or la femme que l'homme va rencontrer à Terre-Neuve, avec laquelle il va s'entendre, ne le fait pas souffrir. Se peut-il qu'il l'aime "malgré tout", de cette façon si indolore ? Il a du mal à le réaliser.

 

D'autres sujets dans ce livre, notamment celui de la condition d'esclave, subie par des orphelins anglais envoyés dans des fermes au Canada ; en effet nombre d'enfants anglais rejetés par leur famille, que les autorités anglaises, vers le début du vingtième et bien des années plus tard, ont ainsi abandonnés aux mains de fermiers sans scrupules. Il semblerait que les marins de Terre-Neuve aient été plus tendres avec les orphelins !

 

Annie Prouxl laisse parler les pêcheurs de Terre-Neuve : le monde entier venant rafler le poisson dans leurs eaux, cela en raison d'accords politiques aberrants, les médias les mettent ensuite sur la sellette quand certains se rabattent sur les phoques. Les pêcheurs se rebiffent dans ce livre : l'un d'eux dira que nous ne voyons que les images pointant du doigt le pêcheur pris en faute avec son gourdin, s'agissant des phoques, sans montrer que par ailleurs, on leur a volé leur métier de pêcheur en mer et qu'on les a envahis de pétroliers très polluants, ainsi que de touristes alimentant le consumérisme. 

 

Annie Proulx prône aussi l'éducation que l'on doit aux enfants dits différents, à travers un personnage, en butte notamment avec une institutrice maltraitante. Sans poser sur eux de diagnostique médical, sorte d'étiquette qui rétrécit le champ des possibles.

 

Annie Proulx :  une femme heureuse et en lutte.

 

 

02:46 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

20/07/2020

Transférons notre poids doucement d'une jambe à l'autre

Chaque exercice de ce passage en revue de quelques mouvements simplissimes (pour qui n'a pas de handicap portant sur ses jambes) peut être fait durant une demi-heure selon moi, si on dispose de temps (les yeux fermés me concernant).  On s'applique à vider une jambe de son poids pour transférer celui-ci dans l'autre jambe, de façon alternative, en un doux balancement. Dans le mouvement des nuages, la main qui passe en bas balaie l'eau. Mine de rien, le dos reprend des positions justes. C'est un entraînement pour l'équilibre. On sent au passage le poids du corps passant d'une jambe à l'autre. Cela apaise l'esprit.

 

 Cerise sur le gâteau, nous respirons la fleur de lotus à la fin.

 

Ici :

 

https://youtu.be/NmQigCJNBK0

08:09 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

16/07/2020

Tout le monde n'a pas envie de devenir "intello"

Jankélévitch a dit un jour, méditant sur la shoah :

 

"N'écoute pas ce qu'ils disent, regarde ce qu'ils font."

 

Jankélévitch jouait bien du piano, donc c'était un manuel virtuose doté d'une intelligence manuelle qui comprend le feeling, qui comprend le "sentir" je dirais en français.

 

Il a aussi été un philosophe. Donc il savait manier les concepts et argumenter sur le plan de la rhétorique. Il a donc fallu qu'il écoute beaucoup, mais dans le sens prêter attention à ce que l'autre dit, pas dans le sens écouter comme obéir.

 

Il faut donc comprendre ce conseil ainsi : prête attention à ce qu'ils disent mais ne les suis pas forcément. Si tu veux être sûr de leur sincérité, regarde ce qu'ils font.

 

Le manuel avait parlé, le pianiste. Le philosophe est à écouter, certes, mais il doit passer à la pratique si sa philosophie est juste et là, ce n'est pas toujours évident. Un peu comme la poésie. Il faut aussi la vivre, après l'avoir vraiment intégrée.

 

Par ailleurs, d'aucuns sont philosophes sans besoin de manier des concepts, mais juste parce qu'ils ont le sens de la beauté.

 

Jeter des pierres ou balancer des bombes sur des hommes et des femmes désarmés : cet acte leur apparaît dans toute sa laideur, sa lâcheté, leur donne la nausée parce qu'ils ont le sens de la beauté. La laideur les révulse naturellement. Ceux-là n'ont pas besoin de faire de grandes études pour comprendre l'éthique. Je pense en faire partie, c'est pourquoi je peux en parler avec distance.

 

 

 

06:07 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)