10/08/2020
Le ressenti des autres
Voilà un ressenti de la lecture de Moloy par un lecteur ou une lectrice un peu abasourdi(e) par Molloy, de Beckett mais que j'ai trouvé intéressant (le lecteur ou la lectrice, j'entends). Ici :
https://www.babelio.com/livres/Beckett-Molloy/2195
"Le retour" vers la mère. Dans ma première et seule lecture jusqu'ici, qui remonte à une vingtaine d'années, j'avais vu surtout le côté anarchiste de Molloy, dans le sens du refus de toute autorité en raison d'une défiance aigue de l'autorité. J'avais donc vu le côté politique du texte doté néanmoins d'une poésie qui témoigne d'un esprit fort. J'aime la foi de Bernanos, la pureté de Mondo de Le Clézio et j'ai aussi aimé Molloy sans doute parce que pour moi, Molloy était animé d'une colère plus dirigée à l'encontre de la politique de puissants politiques, contradicteurs ne "laissant pas vivre" ceux qu'ils n'agréent pas. J'ai vu chez Molloy une colère que je pourrais comparer aujourd'hui à celle des Poilus de Philippe Claudel dans Les âmes grises ; beaucoup de personnages de Claudel, qui n'ont d'ailleurs pas directement fait la guerre, eux aussi très avilis, ont des comportements assez fous. Le mal vivre infligé débouche sur une folie existentielle en quelque sorte. Vingt ans après avoir lu Molloy, j'ai surtout le souvenir que cette lecture de l'époque m'a laissé et, de toute façon tout autre interprétation m'intéresse. Le lecteur de Babelio a vu le côté irlandais de Beckett, à l'époque j'avais surtout ressenti sa judaïté blessée. Le fait que l'on n'avait pas laissé libres de leur foi certaines personnes, ou libres de leur appartenance, prioritaire ou non à un peuple, une appartenance selon ce qui aurait dû rester leur choix. Une folie qui "prend sens" fait moins peur. La folie qui apparemment n'a aucun sens, en aurait un, bien caché, chez Molloy.
Hitler et ses sbires n'ont pas engendré chez Beckett la confiance dans les autorités, c'est le moins que l'on puisse dire.
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04/08/2020
Céline Denjean
J'ai découvert par hasard un livre d'elle. Où il est question de l'adolescence, via une Claude Dubois, éblouie par le physique avantageux d'une belle blonde aux yeux verts dont le prénom est Lucille. Claude suit le blog de Lucille, très critique vis-à-vis de la société, au regard acéré, ce qui laisse penser à Claude, impressionnée, que la personne admirée est non seulement dotée d'un physique fascinant mais d'une personnalité qui l'est tout autant. En comparaison, Claude trouve ses parents insipides, gnan gnan, cucul la praline, de même pour ses copines du Lot, qu'elle appréciait pourtant auparavant. Lucille est en fait une simple adolescente mignonne "qui se fait les dents", peut éventuellement se faire larguer, peut aussi, par manque de compréhension d'une situation, devenir odieuse, voire cruelle. Claude le comprend trop tard, prise soudain dans les entraves d'une honte de soi qui la déborde. Parallèlement à cela, il y Cazeaux, qui hait le sexe, qui hait par conséquent toute femme éveillant chez lui un désir sexuel. Cazeaux porte des œillères, si sûr de lui et de son bon droit, qu'il distribue la mort dans le milieu de la prostitution en pensant bien faire, agir en justicier.
On parle aussi dans ce livre des lourdeurs administratives, quand par exemple des gendarmes "le cul dans les ronces" attendent un feu vert de la hiérarchie pour sauver la vie d'une femme aux prises avec Cazeaux.
Les jugements de valeur, certes nous en portons tous, à notre insu souvent, mais chez Cazeaux cela tourne à une catégorisation sans pitié des êtres humains et au permis de tuer ceux qu'il condamne en son for intérieur.
Le livre s'intitule d'ailleurs "Voulez-vous tuer avec moi ce soir ?"
Nul doute que c'est une question que pose aux lecteurs et lectrices Cazeaux.
Céline Denjean a éclairé ma lanterne notamment sur la question du sadisme. Le sadique, ne pouvant se défaire de son bourreau, l'admirant peut-être, se défoule de la colère que ce bourreau suscite en lui sur des innocents, dont il fait ses proies...
Nous vivons dans un monde de dingues, où il ne nous reste plus qu'à faire preuve de force mentale. Céline Denjean peut y aider ses lecteurs et lectrices.
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02/08/2020
Merci Mathieu
Gloire à Mathieu, qui est entré par mon biais d'autrice dans 10 foyers ce jour, accomplissant la prouesse de me laisser assise durant sept heures dans la librairie, (sans compter la pause déjeuner), et cela sans envie d'uriner. J'ai signé chaque fois au lecteur : "Belle rencontre avec Mathieu". Qu'il leur fasse grand bien, comme il m'en fait, tout pareil.
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