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22/12/2013

Détour pour la bonne cause par l'horreur

J'ai lu à l'instant la critique sur Stephen King, écrivain au succès fou s'il en est. Il faut j'imagine avoir la tête solidement plantée sur les épaules pour sortir à peu près indemne d'univers pareils en tant qu'auteur...  et quel boulot, que de livres ! Je n'en ai encore lu aucun imaginez-vous, mais je compte réparer cette lacune.  Je me souviens toutefois avoir regardé avec beaucoup d'intérêt La Ligne Verte, film tiré d'un de ses livres, où le condamné à mort innocent recrache  quantité de mouches en certaines circonstances ;  il y a  une poétique malgré tout si l'on peut dire au sein même de l'horreur et beaucoup de courage à tenter de s'y confronter de la part de l'écrivain, sans désespérer ses lecteurs, je dirai au contraire, de ce fait même. Par contre, y a t-il du politique ? Je suis tombée sur ces quelques phrases de la critique, qui affirment que oui :

"En réalité, Stephen King a l’habitude de traiter d’une ou plusieurs questions sociales dans ses livres, et les thèmes récurrents qu’il aborde concernent surtout la qualité de vie de la classe moyenne, la protection des femmes, les incohérences du port d’armes et l’attention qui est due aux enfants, des sujets plus ou moins développés tout au long de Docteur Sleep (17)."

À propos de la classe moyenne, justement.  L'horreur n'est-elle pas distillée aussi  par les classes moyennes, au nom, notamment du consumérisme à tout-va par exemple auquel elle cède allègrement et dont j'avoue qu'il m'a donné du fil à retordre, consumérisme dont le tourbillon morbide empêche de voir l'autre. Les SDF notamment.  À qui l'on n'accorde même pas une émission de radio sur la chaîne que j'écoute le plus  (France Inter pour ne pas la nommer (expression bête, je sais)), même à gauche donc. Se soucier des classes moyennes, certes, mais peut-être en réfléchissant à ce qu'est vraiment la qualité de vie. 

Intégral de la critique Stephen King :

http://www.juanasensio.com/archive/2013/12/14/docteur-sle...

 

05:07 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

21/12/2013

Manqueville

Un moyen de ne pas être déçu c'est de prendre les devants ; je me suis donc octroyé un cadeau de Noël, je me suis comme qui dirait gâtée en m'offrant un livre, et même deux, l'un complétant l'autre. Le premier s'intitule : Les hameaux de Lillers. Voulez-vous en savoir plus ?  je vous propose un extrait concernant le hameau de Manqueville,  dont on pense que le nom vient de l'ancien français ;  'Manc' signifie en ancien fançais : manchot, mutilé, estropié, et le mot 'ville'  : ville, village et même ferme . Manqueville pourrait signifier : ferme du manchot, de l'estropié.

 

Extrait du chapitre sur  Manqueville :

 

"Cette plaine, déjà des Flandres, d'origine alluviale, était autrefois très marécageuse, elle faisait partie de ce que l'on appelait le marais de Ham. La terre est ici un mélange d'argile, de sable et de tourbe, ce qui en fait une terre très fertile. Tentons d'expliquer ces trois ingrédients. Il est vraisemblable, qu'il y a quelques millénaires, la mer recouvrait encore la plaine et venait buter contre le talus de loess qui constituait en quelque sorte le rivage de Manqueville-les-Bains, Orgeville étant sous les eaux. De sorte que la Nave devait être alors un fleuve côtier se jetant dans la mer de Manqueville. Ceci pourrait expliquer pourquoi cette rivière n'ait pas de lit naturel après ce hameau, elle aurait donc continué à se déverser dans la plaine après le retrait de la mer. Cette hypothèse n'est pas gratuite.


 La plaine


On sait que le jeu des plaques tectoniques a fait qu'aux ères secondaires et tertiaires le bassin parisien, ainsi que celui de Londres, étaient de vastes cuvettes que la mer a emplies de sédiments. Les collines de l'Artois appartiennent à ce qu'on appelle l'auréole crétacée, elles émergèrent les premières. Puis la mer se retira petit à petit de la plaine comblée par les alluvions des rivières (argile), laissant derrière elle de nombreux marécages (tourbe), comme les marais de St-Omer, de Guines, les Moères près de Bergues. On sait qu'il n'y a pas si longtemps, 2000 ans, le mer arrivait encore jusqu'à St-Omer ..."


Les hameaux de Lillers par le "Club de l'Histoire"  (FLJEP) de Lillers

Bayard Service Edition

 

20:35 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

15/12/2013

En attendant Godot

 Godot ou Godet ou Godin, de Samuel Beckett bien sûr, "Son roman Molloy paraît en 1951, et c'est l'année suivante qu'il publie En attendant Godot. Cette pièce créée en 1953 à Paris dans une mise en scène de Roger Blin, sera traduite et jouée ensuite dans le monde entier."

J'ai lu Molloy pour ma part il y a quelques années.  Impressionnant. C'est seulement hier soir que je ne me suis pas contentée de connaître En attendant Godot par ouï-dire, je l'ai lu avec beaucoup d'attention et la pièce est venue me hanter cette nuit. J'ai rêvé d'un homme que tout le monde traitait de monstre à cause des écailles noires visqueuses qui recouvraient sa peau, de son obésité et de sa tête de grenouille. L'aspect physique a décidément une importance certaine. Je racontai à cet individu les misères supposées par le rêve, que me causait mon entourage et il voulut me consoler tant et si bien qu'il fut au bord de devenir mon amant, les préliminaires avaient commencé et ont été arrêtées par l'arrivée ... stop! loin de moi l'envie de vous transformer en voyeurs et voyeuses. Tout cela pour dire la puissance du Verbe de Samuel Beckett, le rêve en question avait en effet quelque chose à voir avec sa pièce. À cause notamment des plaintes, en effet les personnages qui attendent Godot se plaignent beaucoup. Un extrait :

 

Vladimir. — Si on se repentait ?

 

Estragon. — De quoi ?

 

Vladimir. — Eh bien... (Il cherche.) On n'aurait pas besoin d'entrer dans les détails.

 

Estragon. — D'être né ?

 

Vladimir part d'un bon rire qu'il réprime aussitôt, en portant sa main au pubis, le visage crispé.


Vladimir. — On n'ose même plus rire.

 

Estragon. — Tu parles d'une privation.

 

Vladimir. — Seulement sourire. (Son visage se fend dans un sourire maximum qui se fige, dure un bon moment, puis subitement s'éteint.) Ce n'est pas la même chose. Enfin... (Un temps) Gogo...

 

Estragon (agacé). — Qu'est-ce qu'il y a ? 

 

Vladimir. — Tu as lu la Bible ?

 

Estragon. — La Bible... (Il réfléchit.) J'ai dû y jeter un coup d'œil

 

Vladimir (étonné). — A l'école sans Dieu ?

 

Estragon. — Sais pas si elle était sans ou avec.

 

Vladimir. — Tu dois confondre avec la Roquette.

 

Estragon. — Possible. Je me rappelle les cartes de la Terre sainte. En couleur. Très jolies. La mer Morte était bleu pâle. J'avais soif rien qu'en la regardant. Je me disais, c'est là que nous irons passer notre lune de miel. Nous nagerons. Nous serons heureux.

 

Vladimir. — Tu aurais dû être poète.

 

 

Estragon. — Je l'ai été. (Geste vers ses haillons.) ça ne se voit pas ?

 

Extrait de ce que Samuel Beckett dit de sa pièce dans sa lettre à Michel Polac, janvier 1952  (en quatrième de couverture) :

"Je n'y suis plus et n'y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes."

Il me semble avoir compris des choses quand même à la lecture de cette pièce en me souvenant du roman Molloy, mais surtout après un petit temps de décantation. Dans En attendant Godot la mémoire des personnages "secondaires" défaille sans cesse, Beckett prend du champ en effet, témoigne et se libère. À vous de  redécouvrir ou découvrir ces ouvrages.

 

 

 

 

  

09:03 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)