18/06/2020
Ferragus, chef des Dévorants
Je suis en train de lire Ferragus, chef des Dévorants, de Balzac. L'écrivain s'adresse souvent au lecteur, en philosophe, tout en menant son récit romanesque. Cela semble original de nos jours. Il expose notamment sa perception de la féminité et du luxe ; pour lui, le luxe est synonyme de raffinement de l'esprit dirait-on, dans ce livre du moins.
Mais il explique aussi les rouages d'une société, comment fonctionne la machine "haute société". Et il suit les méandres des esprits de l'époque et du sien, ce faisant. Il est sincère dans ses convictions et m'intéresse en cela car il est du même coup un témoin non hypocrite de son temps. Il peut être trouble, par exemple en religion, où il avoue sa fascination pour les rites funéraires catholiques lorsque ceux-ci enterrent en grande pompe une personne socialement importante, mais comme il est honnête, il montre aussi comment est enterrée une grisette (donc une personne pauvre, et parisienne), sans la considération d'une foi réelle en la parole du Christ, par le curé lui même, puisque dans ce roman, la grisette en question est enterrée quasi comme un chien des rues, le curé prétextant "qu'elle n'est pas de sa paroisse" pour lui refuser sa présence. Il agit un peu comme tout bourgeois "qui se respecte" du même coup, ce pauvre curé vu par Balzac. On se croirait à l'enterrement de Chloé dans L'écume des jours, de Boris Vian, bourgeois assumé lui-même, mais néanmoins accessible à la détresse humaine quand il s'agit des causes qui l'ont remué en profondeur.
Balzac parle des aspects rébarbatifs de la juridiction et du fonctionnement financier, notamment, des agents de change à la Bourse. Les lecteurs et lectrices se trouvent donc dans les milieux aristocratiques et de la "grande" bourgeoisie, en "petite souris", ou en espions et espionnes, qui voient, s'il était encore nécessaire comment "ça marche" chez ceux qui tiennent la baguette du pouvoir.
Balzac laisse voir sa mentalité, celle de ses pairs, mais aussi sa part d'humanité, plus timorée que celle d'un Hugo, mais présente. Il utilise étrangement le mot "supérieur", en cela je le vois comme un étranger, avec qui je fais connaissance avec quelque difficulté, s'agissant de cette mentalité des dominants.
Il peut arriver que, surpris par nos propres réactions à un événement inédit on fasse plus amplement connaissance avec soi même, on se surprend alors en bien, ou on peut aussi se décevoir... on ne se serait pas cru capable d'éprouver tel ou tel sentiment, soit de bonté, soit d'étroitesse d'esprit, on se serait cru "plus grand que ça", et alors on se dit qu'il y a encore du boulot pour se réconcilier avec ce que l'on voudrait être sur un plan humain, cependant même dans les cas négatifs, on ne se sent pas étranger à soi-même. Mais s'agissant des autres, en l'occurrence avec Balzac, je vois des gens tellement différents de moi dans leur mentalité que je les regarde comme d'étonnants étrangers, relativement incompréhensibles. Je me retrouve chez des Français, mes compatriotes, que je devrais comprendre, et je suis pourtant dans un monde parallèle. Comme tout ce monde capitaliste fonctionne étrangement, en effet !
Il reste que Balzac est un grand témoin de son temps, par son talent de plume pour faire le portrait de tous ses personnages... et sa capacité parfois, à un moment donné, à éprouver de la compassion pour ses "étrangers" à lui, les étranges clochards, insondables par tant de sentiments mystérieux, qu'il sonde malgré tout, comme un plongeur dans des mers profondes.
Je n'ai lu de Ferragus, chef des Dévorants que soixante pages, j'ai donc encore des choses à découvrir de cet étonnant roman, commencé par les cinquante dernières pages et que j'ai repris au début (chose à ne pas faire dans le roman que j'ai écrit Portraits croisés). Je retourne à la lecture (dans l'ordre cette fois) de ce roman, miroirs d'âmes humaines complexes.
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15/06/2020
Extrait d'un psaume lu sur le site Hozana
"Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ;
il n'est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses.
Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint !
Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière.
L'homme ! ses jours sont comme l'herbe ; comme la fleur des champs, il fleurit :
dès que souffle le vent, il n'est plus, même la place où il était l'ignore.
Mais l'amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours, * et sa justice pour les enfants de leurs enfants,
pour ceux qui gardent son alliance et se souviennent d'accomplir ses volontés.
Le Seigneur a son trône dans les cieux : sa royauté s'étend sur l'univers.
Messagers du Seigneur, bénissez-le, invincibles porteurs de ses ordres, * attentifs au son de sa parole !
Bénissez-le, armées du Seigneur, serviteurs qui exécutez ses désirs !
Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez-le, sur toute l'étendue de son empire ! Bénis le Seigneur, ô mon âme !”"
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13/06/2020
Le mieux serait d'utiliser le mot "discrimination"
J'entendais tout à l'heure à la télé sur BFM, un jeune homme noir qui travaillait dans une mairie de Paris à l'époque des faits en tant que médiateur. Il racontait comment la police l'a interpelé, écrasement notamment des testicules, oppression du thorax. Cela s'est passé en plein jour et il a crié "filmez" aux gens qui étaient aux alentours. Un témoin dit que si cela s'était passé la nuit ç'aurait été plus violent encore.
J'ai moi-même été aux prises avec des gens violents un jour, d'origine étrangère, et c'est un homme qui était de l'origine de mes agresseurs qui m'a tirée d'affaire.
Il faudrait, étant donné que le racisme vient de toutes parts, aussi bien des blancs, que des gens d'autres couleurs, parler plutôt de lutte contre les discriminations car le mot "racisme" est peut-être galvaudé en ce sens qu'il sous-entend que cette tare, le racisme, viendrait d'une seule couleur de peau à l'encontre d'une autre couleur de peau, la noire.
Cela dit, j'apporterai ma part de baume au cœur aux gens qu'on agresse en raison de leur peau noire par ces mots "black is beautifull". J'ai un souvenir de Créteil où j'ai rencontré, alors que je travaillais à l'ANPE d'Alforville, des Maliens et des Maliennes. Je les trouvais étrangement beaux et belles. Sincèrement.
je dis "étrange" car la beauté confère parfois de l'étrangeté à la personne qui en est dotée, quand elle est grande.
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