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17/01/2021

Commentaire de lecture

J'ai écouté le roman intitulé L'ami retrouvé, dont j'ai mis les liens audio au post précédent. L'écrivain est sincère, confiant, en quelque sorte en confession. Ce roman ressemble à une longue confidence faite de confiance et en appelle au respect de celui qui écoute. Il y a du courage de la part de l'auteur de ce roman car se confier comporte un risque, on s'expose. Le talent de plume fait fonction de talisman mais ne peut pas parer au manque de compréhension d'un lecteur.

 

Le roman en question est peut-être une fiction, il n'en comporte pas moins un témoignage qui a valeur de confidence car on rentre dans l'univers intime de deux adolescents.

On voit l'état d'esprit de deux adolescents qui vont vivre une amitié si importante qu'elle dépasse ici l'amour dit charnel. Ils s'estiment mutuellement  jusqu'à une admiration mutuelle. Une admiration, il ne s'en rendent pas compte, exclusive. Les autres sont vus de loin, ils n'ont pas grande importance. On est souvent comme cela à l'adolescence, presque méprisants sans s'en apercevoir, car obnubilés par notre centre, nous-mêmes.

Dans cette bulle d'amitié, l'auteur l'avoue, le politique est oublié. Pour les ados en question, le politique est secondaire. Or il va leur être asséné violemment, faire intrusion dans leur vie, les forcer à se séparer, à se détourner l'un de l'autre et finalement à se dépasser.

 

Les situations politiques sont faites de tensions et ici, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir c'est la catastrophe. Hitler cristallise autour de lui les bas instincts d'hommes s'estimant à tort ou à raison victimes d'un système. Les gens qui s'estiment oubliés, lésés, voire mis en péril par le système vont vouloir faire d'Hitler leur héros, leur sauveur. Dans cette histoire, deux adolescents qui s'ennuyaient avant de tomber en amitié l'un pour l'autre, vont recevoir en boomerang la frustration  des oubliés, affamés transformés par la misère, pour certains, en décervelés, incarnation de la méchanceté la plus vile. 

 

Ces deux ados ignoraient dans quel monde ils vivaient. Le jeune ado juif explique (par le biais de l'auteur) combien la religion avait peu d'importance aux yeux de son père, qui trouvait Jésus sympathique mais ne comprenait pas pourquoi un Dieu aurait laissé tomber Jésus, et de ce fait Jésus lui-même ne pouvait en être un.

Pour le jeune aristocrate, pas d'explication non plus de la traversée chrisitique. Sa réponse est d'avouer son incompétence en la matière. Il se réfère à des intelligences supérieures à la sienne pour élucider le mystère.

Pourquoi, lui demande encore son ami,  dans leur ville,  trois enfants connus d'eux ont-ils brûlé tout vifs ? Pourquoi Dieu a-t-il laissé faire cela ?

 

Je ne me prends pas pour une intelligence supérieure mais tente néanmoins d'apporter une réponse.

Et si Dieu était ce bébé que l'on tient dans les bras ? Qui réveille en soi l'envie d'un monde meilleur, du meilleur pour l'humanité et tout être vivant ? Ainsi Jésus s'est-il fait d'un coup notre bébé, celui de la crèche, pour nous interpeler dans sa nudité.

 

La mort de trois enfants rappelle aux voisins leur propre défaillance. Quand Dieu nous appelle à les sauver, nous comptons sur Dieu pour les sauver...

 

Toujours est-il que les deux adolescents du roman, dans leur bulle, ne s'attendaient pas à ce que leur amitié survive à l'hostilité du monde, hostilité concernant en particulier leurs rêves d'adolescents. Des rêves que d'aucuns voudraient prolonger, voulant du même coup oublier le politique. Mais l'on verra que le héros prendra à bras le corps la question du politique à un moment donné.

 

À ce propos, Benoît Hamon n'oublie pas non plus  le politique. Il parle  d'un revenu universel. Il est un de ces hommes allant au secours de nombreux être "nus", vulnérables, en devenir.

 

   

00:45 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

13/01/2021

Grammaire ou tournures de phrase

If you suddenly and unexpectedly feel joy,

don’t hesitate.

Give in to it.

~ Mary Oliver

 

"Give in to it", pour dire "cédez-y".

 

Autre tournure de phrase aussi remarquable en anglais qu'en français avec :

 

Nothing in life is worth,
turning your back on,
if you love it.

~ Albert Camus

 

"Rien au monde ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime."

Et Camus d'ajouter :

"Et pourtant je m'en détourne moi aussi sans que je puisse savoir pourquoi."

 

Pour comprendre ce qu'a voulu exprimer Camus je suis prête à relire La peste, roman où il aurait tenu ce propos.

Sur un plan grammatical, les phrases sont remarquables.  Idem en anglais "Nothing in life is worth, turning your back on, if you love it." 

 

Et pourtant je m'en détourne moi aussi sans que je puisse savoir pourquoi. 

Yet I too turn away from it, so I can't know why.

 

C'est comme cela que je le dirais en anglais.

 

On comprend formellement le propos, mais pour le fond, il faut le contexte.

 

 

 

 

08:41 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

11/01/2021

Le message des jeunes via François Gemenne ♣♣♣ Les endormis ♣♣♣ Grammaire

Le message de François Gemenne, membre du Giec. Il apprend notamment ceci aux lecteurs lors d'une interview dans le Télérama 3652 (janvier 2020):

 

"Les gens ne le savent pas assez, tout comme ils ne sont pas encore conscients de l'empreinte de leurs outils numériques. "N'imprimez cet e-mail que si nécessaire", mais l'empreinte carbone d'un e-amil stocké sur un serveur est infiniment plus lourde que celle d'une feuille de papier issu d'une forêt gérée durablement.

 

la journaliste questionne :

"Vous-même, quand avez-vous pris conscience des enjeux environnementaux ?"

 

François Gemenne :

 

"Mon vrai "déclic" est venu quand j'ai voté pour la première fois, en 1999 : j'ai choisi les Verts, comme 65% des jeunes de ma génération. La Belgique était alors très marquée par l'affaire Dutroux, les Verts étaient le seul parti à ne pas avoir été mêlé aux dérives de la justice et de la police. Pour la première fois, j'ai senti un mouvement générationnel, une aspiration collective. À l'époque, je faisais un stage à l'ONU auprès de la représentation belge, qui assurait la présidence de l'Union européenne et devait présider un certain nombre de réunions. Il se trouve que je faisais plus vieux que mon âge et que j'étais stagiaire d'un diplomate un peu paresseux, qui m'a dit :

 

"Mets un beau costume, je vais te donner un badge de diplomate et tu vas me remplacer dans les réunions." À vingt ans, je me suis retrouvé à présider la commission baleinière internationale... Un jour, je suis resté coincé dans l'ascenseur avec Enele Sopoaga, l'ambassadeur des Tuvalu aux Nations Unies, aujourd'hui devenu Premier ministre. Il m'a expliqué qu'il avait pour mission d'alerter sur le risque de montée des eaux, et le fait que ses îles allaient disparaître. De retour en Belgique, j'ai décidé de faire ma thèse sur les réfugiés climatiques...

 

 

Plus haut dans l'interview la journaliste questionne :

 

"En 2020, l'Italie deviendra le premier pays du monde à rendre obligatoire l'étude du réchauffement climatique à l'école, c'est une bonne nouvelle ?"

 

François Gemenne :

 

 "C'est essentiel. Il faut non seulement enseigner l'écologie mais aussi promouvoir une connaissance au-delà des champs disciplinaires, une connaissance "anthropocénique". À Sciences Po Paris, nous avons tenté de le faire avec le sociologue Bruno Latour, autour d'un programme de recherche "politique de la Terre", qui faisait intervenir des géologues et des climatologues dans une école de sciences sociales. Mais nous nous sommes heurtés à une incompréhension de la part de l'institution. Aujourd'hui, les cours sur l'environnement à Science Po sont optionnels, malgré une aspiration très forte des étudiants. De façon générale, les cursus restent figés. Des générations de politiciens aujourd'hui encore, ne connaissent rien au fonctionnement de la Terre et considèrent que ce n'est pas un sujet politique. Nicolas Sarkozy a longtemps confondu changement climatique et couche d'ozone. Quand François Hollande et Laurent Fabius ont finalement accepté d'organiser la COP 21 en 2015, ils ont dû prendre des cours sur le réchauffement auprès du climatologue Jean Jouzel car aucun d'eux ne savait ce que c'était..."

 

 François Gemenne a participé à l'écriture de Atlas de l'anthropocène,  éd. Presses de Sciences Po, 160 pages, 25 euros.

 

♣♣♣

 

Pour ceux qui sont dans le potage, soit génétiquement ou accidentellement parlant, genre "coma" ou narcolepsie :

 

Even a soul submerged in sleep is hard at work and helps make something of the world.~ Heraclitus

 

Même une âme immergée dans le sommeil est âpre au travail et aide à faire quelque chose du monde. Héraclite

 

Héraclite :

 

"Vaines études que celles qui ne tournent pas à l’intime sagesse personnelle : « la foule a pour maître Hésiode, elle est persuadée qu’il savait tout parce qu’elle aime à être rassasiée des connais­sances encyclopédiques qui se transmettent par l’éducation tradition­nelle de père en fils, alors qu’ « il est accordé à tous les hommes de se connaître soi-même et de penser juste.

(σωφρονβϊν). Héraclite nous dévoile ici son simple et profond secret : la con­naissance de soi est articulée à la σωφροσύνη, laquelle consiste « à dire des choses vraies et à agir selon la nature en écoutant sa voix ».

C’est le comportement même de l’enfant, mais exhaussé au niveau de la pensée. La recherche entreprise par « le Ténébreux » aboutit à lui faire récupérer la clarté de cette relation de soi à la nature et de l’être à l’Être qui fonde la connaissance par connaturalité propre à l’enfant.

Tout devient alors connaissance dans cette surélévation de l’expérience enfantine : le soi devient connaissance de soi, la...

 

Intégral, ici :

 

https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/1960-v16-n2-ltp0957/1019993ar.pdf

 

♣♣♣

 

Rien au monde ne vaut qu'on se détourne de ce qu'on aime. Et pourtant je m'en détourne moi aussi sans que je puisse savoir pourquoi. Albert Camus,

 

La première phrase est ainsi traduite en anglais :

 

Nothing in life is worth,
turning your back on,
if you love it. ~ Albert Camus

 

Ce propos est tenu dans La peste. Ne connaissant pas le contexte, cela reste abstrait pour moi. Aimer quelqu'un et se détourner de lui ?  Et ne pas savoir pourquoi... cela laisse à supposer plusieurs niveaux de conscience.... comme le pressentait Héraclite.

23:05 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)