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09/02/2014

Les grands cimetières sous la lune

 Extrait :

 

"L'idée de grandeur n'a jamais rassuré la conscience des imbéciles. La grandeur est un perpétuel dépassement et les médiocres ne disposent probablement d'aucune image qui leur permette de se représenter son irrésistible élan (c'est pourquoi ils ne la considèrent que morte et comme pétrifiée, dans l'immobilité de l'Histoire). Mais l'idée du Progrès leur apporte l'espèce de pain dont ils ont besoin. La grandeur impose de grandes servitudes. Au lieu que le progrès va de lui-même où l'entraîne la masse des expériences accumulées. Il suffit donc de ne lui opposer d'autre résistance que celle de son propre poids. C'est le genre de collaboration du chien crevé avec le fleuve qu'il descend au fil de l'eau. Lorsque après un dernier inventaire l'ancien maître verrier calculait le chiffre exact des bénéfices, il devait bien avoir tout de même une pensée pour le modeste collaborateur qui achevait de cracher ses poumons dans la cendre du foyer, entre le chat galeux qui somnole et le berceau où hurle un avorton à tête de vieillard. L'auteur de Standards rappelle le mot célèbre du patron américain au journaliste qui vient de visiter l'usine et trinque avec son hôte avant de reprendre le train. Tout à coup le journaliste se frappe le front ; "À quoi diable employez-vous les vieux ouvriers ? demande-t-il. Aucun de ceux que j'ai vus ne paraît avoir dépassé la cinquantaine..." L'autre hésite un moment, vide son verre : " Prenez un cigare, dit-il, et tout en fumant, nous irons faire un tour au cimetière.""

 

Bernanos

 

J'aborde à peine la lecture des Grands cimetières sous la lune où je découvre un Bernanos colère. J'ai survolé les écrits de Barrès, je n'ai pas eu envie d'en lire davantage. Je ne vois pas de rapport entre les deux hommes, mais Bernanos fait allusion à lui plusieurs fois.   

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Animaux martyrs

Cécile P. "tout commence quand elle passe une annonce sur le site Internet Leboncoin pour trouver à son cheval de 17 ans une retraite paisible. Elle reçoit en retour un mail d'une certaine Julie Gasser qui se présente comme une jeune fille passionnée de cheval et habitant Cysoing."

Il faudra une quinzaine de jours de transactions entre l'adolescente et les parents de Julie Gasser pour que Cécile s'aperçoive que la famille discute avec elle sous une fausse identité. "En attendant, le cheval est parti dans le Nord le 2 février. On donne même des nouvelles par mail à Cécile P.. Il lui faudra pas mal d'obstination pour découvrir que M. Gasser est en fait M.D. qui lui dira très élégamment que si elle veut revoir son cheval "il est en saucisson aux abattoirs de Valenciennes". 

Il sera établi que M.D. a fait de faux papiers à Amos deux jours après son arrivée à Cysoing pour le présenter aux abattoirs. Ces papiers signés par un vétérinaire peu regardant ont permis à l'animal de finir sur un étal de boucherie. Au cours de l'audience, le président Jean-Marc Defossez soulignera que 24 chevaux ont été frauduleusement vendus par M.D. aux abattoirs de Valenciennes..."

La Voix du Nord

    

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08/02/2014

Roald Dahl

Le premier des commandements,
En ce qui concerne les enfants,
Est celui-ci : éloignez-les
De votre poste de télé.
Ou mieux — n'installez pas du tout
Ce machin idiot chez vous.
Dans presque toutes les maisons
On les a vus en pâmoison,
Vautrés devant leur appareil,
On n'a jamais rien vu de pareil.
Les yeux leur sortaient de la tête
(Y en avait plein sur la carpette)
Transis, absents, les yeux en boules,
Devant ce poste qui les saoule,
Les bourre à longueur de journée
De nourriture insensées.
Vrai, ils se tiennent bien tranquilles,
Ils ne font pas les imbéciles,
Ne touchant rien, ne cassant rien,
Ne poussant pas de cris d'Indiens,
En un mot, ils vous fichent la paix,
Étant bien sages, cela est vrai.
Mais savez-vous, mes chers adultes
Ce qu'il a de ravageant, ce culte ?
Utile ? Louable ? Pas question !
Ça vous tue l'imagination !
Ça vous colmate les méninges
Ça vous transforme en petits singes,
En pantins et en abrutis
Sans fantaisie et sans esprit,
En ramollis, en automates
Avec des têtes comme des patates !
" D'accord ! nous direz-vous, d'accord,
Mais quel sera alors le sort
De nos petits ainsi frustrés ?
Que trouver pour les amuser ? "
Justement, là est la question.
Le monstre appelé télévision,
Si on a bonne mémoire
N'a pas toujours été notoire !
Que faisiez-vous, étant petits
Pour vitaminer l'esprit ?
C'est oublié ? Faut-il le dire
Tout haut ? LES... ENFANTS... SAVAIENT... LIRE !
Oui, ils lisaient, ces chers enfants,
Des contes, des vers et des romans,
Oui, ils dévoraient par milliers
Les gros volumes familiers !
Des fées, des rois et des reines
Faisant la chasse à la baleine
Des sorcières et des dragons,
Des vaisseaux explorant les fonds
Des mers du Sud. Pirates, sauvages
Défilaient sur les rayonnages,
Des cannibales en délire
Dansant autour d'une poêle à frire...
Oh ! Dieu ! Qu'il était beau le temps,
Le temps des livres passionnants !
Et c'est pourquoi nous vous prions
D'extirper vos télévisions
Pour les remplacer par des livres
Pleins de merveilles, de joie de vivre !
Ils oublieront, en s'y plongeant
Les insanités de l'écran !

Roald Dahl

 

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