09/02/2014
Les grands cimetières sous la lune
Extrait :
"L'idée de grandeur n'a jamais rassuré la conscience des imbéciles. La grandeur est un perpétuel dépassement et les médiocres ne disposent probablement d'aucune image qui leur permette de se représenter son irrésistible élan (c'est pourquoi ils ne la considèrent que morte et comme pétrifiée, dans l'immobilité de l'Histoire). Mais l'idée du Progrès leur apporte l'espèce de pain dont ils ont besoin. La grandeur impose de grandes servitudes. Au lieu que le progrès va de lui-même où l'entraîne la masse des expériences accumulées. Il suffit donc de ne lui opposer d'autre résistance que celle de son propre poids. C'est le genre de collaboration du chien crevé avec le fleuve qu'il descend au fil de l'eau. Lorsque après un dernier inventaire l'ancien maître verrier calculait le chiffre exact des bénéfices, il devait bien avoir tout de même une pensée pour le modeste collaborateur qui achevait de cracher ses poumons dans la cendre du foyer, entre le chat galeux qui somnole et le berceau où hurle un avorton à tête de vieillard. L'auteur de Standards rappelle le mot célèbre du patron américain au journaliste qui vient de visiter l'usine et trinque avec son hôte avant de reprendre le train. Tout à coup le journaliste se frappe le front ; "À quoi diable employez-vous les vieux ouvriers ? demande-t-il. Aucun de ceux que j'ai vus ne paraît avoir dépassé la cinquantaine..." L'autre hésite un moment, vide son verre : " Prenez un cigare, dit-il, et tout en fumant, nous irons faire un tour au cimetière.""
Bernanos
J'aborde à peine la lecture des Grands cimetières sous la lune où je découvre un Bernanos colère. J'ai survolé les écrits de Barrès, je n'ai pas eu envie d'en lire davantage. Je ne vois pas de rapport entre les deux hommes, mais Bernanos fait allusion à lui plusieurs fois.
19:36 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.