08/02/2014
Frida Kahlo parle du corps,
de son corps en souffrance.
Au clos de notre amour, l’été se continue :
Un paon d’or, là-bas, traverse une avenue ;
Des pétales pavoisent
- Perles, émeraudes, turquoises -
L’uniforme sommeil des gazons verts
Nos étangs bleus luisent, couverts
Du baiser blanc des nénuphars de neige ;
Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ;
Un insecte de prisme irrite un coeur de fleur ;
De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;
Et, comme des bulles légères, mille abeilles
Sur des grappes d’argent vibrent au long des treilles.
L’air est si beau qu’il paraît chatoyant ;
Sous les midis profonds et radiants
On dirait qu’il remue en roses de lumière ;
Tandis qu’au loin, les routes coutumières
Telles de lents gestes qui s’allongent vermeils,
A l’horizon nacré, montent vers le soleil.
Certes, la robe en diamants du bel été
Ne vêt aucun jardin d’aussi pure clarté.
Et c’est la joie unique éclose en nos deux âmes,
Qui reconnaît sa vie en ces bouquets de flammes.
Emile Verhaeren
Extrait du recueil "Les heures claires"
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07/02/2014
J'ai convoqué l'artiste avec un certain bonheur
Avec la photo il faut compter sur la magie du hasard, l'appareil y est aussi pour beaucoup pour que la photo soit bonne (le mien cadre petit, il est modeste) néanmoins ma démarche est artistique, voyez par exemple avec la photo qui suit comme le beau ( le presque beau, étant donné que la clinique de l'Artois bouche un peu la perspective) parfois peut-être lugubre, comme le gothique souvent.
18:21 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (0)
Où l'art nous conduit-il ?
À propos de l'urinoir du post précédent je dirai que la démarche de Duchamp, qui présenta un urinoir en tant que fontaine, rappelle simplement peut-être que l'art se trouve un peu partout mais, à mon sens, ce n'est pas le même niveau d'art partout.
Le parallèle du professeur avec les poteries grecques peut aller jusqu'à un certain point. Dans les deux cas en effet, ce sont des objets fonctionnels mais dans la poterie grecque l'humain intervient beaucoup plus que dans la réalisation de l'urinoir. Que l'artiste l'aie vu comme une fontaine n'y change rien, l'objet a été fabriqué de façon industrielle ; les fontaines, par ailleurs, des époques antérieures, sont des ouvrages d'un art autrement plus élevé que celui produit incidemment dans les usines où les designers d'alors visaient surtout le côté fonctionnel. Est-ce l'incidence en question qui aurait touché et fait changer le regard de l'artiste sur l'objet ?
Peut-on créer incidemment ce genre d'objet ? Le cœur mis pour accoucher de l'urinoir-fontaine, fabriqué en usine, n'y est pas vraiment.
Considération inégalitaire des objets d'art, c'est vrai, les machines n'ayant pas de sentiments, d'émotions ; les hommes quant à eux, s'ils sont égaux en dignité ne le sont pas en compétences et chacun officie dans son domaine à des niveaux différents.
J'ai regardé lors d'un reportage la fabrication de cloches chez les premiers métallurgistes, c'est de l'art en effet du point de vue alchimie ; il a fallu un certain génie pour trouver le "comment faire" ; mais une fois que la trouvaille a été faite, il ne restait plus qu'à reproduire l'objet avec la même recette. L'artiste de plus longue haleine recommence son acte de création à chaque objet qu'il façonne, ou à chaque geste qu'il fait. Dans la création il y a de la pensée et de l'émotion, c'est pourquoi il faut espérer que l'artiste en chacun de nous, fasse œuvre, celui dont nous voyons les créations, mais aussi celui que nous sommes tous espérons-le, encore un peu, peu ou prou. Songez aussi à l'art invisible dans le sens où il n'est pas exposable : Le cardiologue qui se donne à fond lors d'une opération du cœur, ayant asservi le robot mais pas l'infirmière qui le soutient dans "l'ombre" pendant l'opération, le patient qui domine sa peur pour mourir ou vivre, (notez que tous les genres peuvent s'inverser : la chirurgienne, l'infirmier, la patiente). Ces personnes peuvent être vues comme des artistes à mon sens, égaux en dignité s'ils ne le sont pas en compétence du point de vue du niveau d'intervention auprès du patient, et chacun avec son héroïsme.
Pour parler encore de la même chose, j'ai lu Cyrano de Bergerac hier soir. Je ne connaissais de la pièce que les tirades les plus fameuses. On trouve de tout dans cette pièce, voire différents racismes étant donné qu'à l'époque tout le monde l'était, mais le génie est là malgré tout. Cyrano parle et écrit en cachette à la place de l'élu du cœur de sa bien aimée ; il se comporte ainsi ce Cyrano, se trouvant monstrueux physiquement.
Le handicap ou l'état, (qui est toujours pour Cyrano un événement), vécu comme tel, fait-il se surpasser les hommes ou peut-il les faire dévier vers une sorte de mortification ? Chez Cyrano la chose a pris une tournure que je trouve plutôt sublime ; L'auteur a fait de son héros un artiste en amour, et lui a octroyé le panache comme outil. À l'époque, les Gascons mettaient aussi le panache pour aller mourir à la guerre, surtout en ce qui concerne les Cadets de Gascogne, mais c'est une autre histoire que celle de tirer sa révérence ultime. Cyrano de Bergerac, la pièce est écrite à un moment donné sur fond du siège d'Arras pour libérer la ville des Espagnols. Où Rostand rappelle que nombre de Gascons se sont fait tuer pour cette cause lors de ce siège. Les canons, la guerre, l'art ici s'est fourvoyé. Certes la mort n'était pas encore industrielle, mais ce sont les grandes guerres qui ont révélé la laideur de toutes les guerres, même les plus petites. Les générations qui suivent ne sont jamais à la hauteur des sacrifices de leurs prédécesseurs, le pays l'est-il d'aucun sacrifice d'ailleurs ? Voilà où le thème de l'art me conduit aujourd'hui... il est temps de vous saluer avec une pensée particulière pour les Gascons et les Gasconnes, Roxane et autres, du Gers que je connais.
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