14/04/2008
Confiance
La confiance d’un petit enfant est "à bandon", innocence. Qui la perçoit aiguise son regard sur le monde …
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12/04/2008
Autre dernier extrait du même article
« Présenté pour la première fois à un public national en juillet 2004, lorsqu’il présenta un discours devant la convention démocrate, celui qui était alors candidat au Sénat dans l’État de l’Illinois conquit les délégués (et les médias) en appelant, loin de toute idéologie précise, à croire en la communauté et en la citoyenneté. Son discours est devenu célèbre :
« Il n’y a pas une Amérique progressiste et une Amérique conservatrice - il y a les États-Unis d’Amérique. Il n’y a pas une Amérique noire et une Amérique blanche, une Amérique latina et une Amérique asiatique : il y a les Etats-Unis d’Amérique ( … ) Nous vénérons un Dieu tout-puissant dans les États bleus ( à majorité démocrate), et nous n’aimons pas que les agents fédéraux fouinent dans nos bibliothèques dans les États rouges (à majorité républicaine). Nous préparons les championnats de basket dans les États bleus et nous avons des amis gays dans les États rouges. Des patriotes se sont opposés à la guerre en Irak et des patriotes l’ont soutenue. Nous sommes un seul peuple, nous avons tous prêté serment d’allégeance au drapeau, nous défendons tous les Étas-Unis d’Amérique. »
Lors des ses meetings électoraux - que certains observateurs ont comparé à des offices religieux -, M. Obama indique systématiquement à ses partisans que tous les Américains, quels que soient leur race, leur couleur ou leur genre, peuvent connaître la prospérité. Son propre nom, nous explique-t-il, résume les bienfaits des Etats-Unis : « Mes parents m’ont donné un nom africain, Barak, qui veut dire « béni », en pensant que dans une Amérique tolérante le nom que l’on porte n’est pas un obstacle à la réussite. Ils ont imaginé que j’irais dans les meilleures écoles du pays, bien qu’ils ne fussent pas riches, car dans une Amérique généreuse vous n’avez pas besoin d’être riche pour réaliser votre potentiel. »
Le sénateur présente sa candidature comme post partisane et post raciale visant à rassembler tout le monde dans un consensus en faveur du « changement. » Même vague l’idée percute. Elle permet aux partisans du candidat de se fabriquer une image de M. Obama indépendamment du programme qu’il porte. Ce n’est pas que le prétendant démocrate évite de s’engager (il l’a montré à propos de l’Irak), mais plutôt que ses sympathisants négligent parfois ses prises de position, leur préférant la représentation d’ensemble qui leur est communiquée.
Dans son message, la convergence entre la forme et le contenu n'est nulle part plus apparente que dans le slogan « Oui, nous pouvons » (Yes, we can), lequel incarne les thèmes universalistes de l’intégration et de la tolérance dans un style question-réponse évocateur de la tradition participative de l’église afro-américaine. En somme, le candidat représente l’apothéose de l’universalisme démocrate que le parti affirme depuis un demi-siècle.
Au cours de la campagne, il a subi des attaques répétées - M. Clinton d’abord, puis le sénateur républicain John McCain l’ont accusé de se contenter « uniquement de rhétorique », manquant de substance et de poids. On lui reproche une connaissance sommaire du fonctionnement de l’appareil d’État et l’absence de programme clair.
Ces griefs expriment une inquiétude légitime. Mais la politique est aussi une affaire de langage fort, évocateur, de « poésie » (pour reprendre cette épithète qui se voudrait disqualifiante apposée à M. Obama). Les mots, et la capacité de les prononcer, représentent l’art de la profession, car la politique est un art rhétorique. Les Américains ont écouté Ronald Reagan ; ils ont plutôt aimé ce qu’ils entendaient. On ne peut guère en dire autant de l’actuel président ou de son père.
De la même manière, M. Clinton se distingua de presque tous les autres candidats démocrates récents à la présidence (y compris son épouse) par sa maîtrise de l’art de la communication, sans laquelle l’homme ou la femme politique ne peuvent accomplir grand-chose. La sagesse populaire (dont la candidate Hillary Clinton se fait sans cesse l’écho) voudrait que, si l’on mobilise un électorat sur le mode de la poésie, on gouverne une nation sur celui de la prose. Mais à l’âge de la campagne électorale permanente, il importe de maîtriser en permanence les deux registres. Que les dirigeants américains considérés comme les plus grands soient ceux dont on se rappellent les paroles n’a rien d’accidentel. »
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Extrait de l’article de John Gerring et Joshua Yesnowitz paru dans Le Monde diplomatique.
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11/04/2008
Extrait d'un article
du Monde diplomatique :
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« Ainsi , M. Obama apparaît comme un palimpseste sur lequel le monde a superposé de nombreux sujets.
C’est un messager, mais non un architecte du Parti démocrate moderne. Nouveautés mises à part, sa candidature reprend toute une série de thèmes démocrates devenus traditionnels. De la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, le Parti démocrate s’est défini par son opposition à la concentration du pouvoir et de l’argent dans la société américaine. Les candidats démocrates à la présidence - dont William Jennings Bryan (1896, 1900, 1908), Thomas Woodrow Wilson (1912, 1916), Franklin Delano Roosevelt (de 1932 à 1944) et Harry S. Truman (1948) - ont fait campagne pour le « peuple » et contre les « groupes d’intérêt ». Leur vision plébiscitaire du pouvoir politique attendait des « gens ordinaires » qu’ils se gouvernent directement (ou le plus directement possible) et tenaient les lobbys financiers pour corrompus et cupides. Ils fulminaient contre la concentration du pouvoir par les capitalistes, désignés comme les « trusts » ou les « grandes entreprises ». Opposés aux privilèges des élites, les démocrates se voulaient les champions de l’homme ordinaire - supposé blanc et d’origine européenne. L’ère populiste battait son plein.
Après la deuxième guerre mondiale, le populisme démocrate s’atténua, ainsi que le manifestèrent les campagnes d’Adlai Stevenson (1952, 1956), de John Fitzgerald Kennedy (1960), de Lyndon Baines Johnson (1964) et de Hubert Humphrey (1968). L’antagonisme entre classes sociales passa au second plan. Certes, les démocrates d’après-guerre défendirent les réformes sociales de l’époque du démantèlement des cartels (Progressive Era) puis de celle du New Deal, et cherchèrent souvent à en étendre le champ (notamment en matière de retraites). Néanmoins, toutes les références à la « lutte des classes » disparurent de leur discours public, les démocrates y substituant un appel à l’union universelle de l’ensemble des races, des croyances et des classes. »
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Extrait de l’article L’audacieux pari de Barack Obama, du Monde diplomatique ( page 1 et 12) auteurs : John Gerring et Joshua Yesnowitz.
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