17/08/2020
Poésie lue ce soir ♣♣♣ Les HP
Extrait de Peuple du ciel de Le Clézio :
"C'est toujours comme cela, au début, avec la lumière qui tourne autour d'elle, et qui se frotte contre les paumes de ses mains comme les chevaux du vieux Bahti. Mais ces chevaux-là sont encore plus grands et plus doux, et ils viennent tout de suite vers elle comme si elle était leur maîtresse.
Ils viennent du fond du ciel, ils ont bondi d'une montagne à l'autre, ils sont bondi par-dessus les grandes villes, par-dessus les rivières, sans faire de bruit, juste avec le froissement soyeux de leur poil ras.
Petite Croix aime bien quand ils arrivent. Ils ne sont venus que pour elle, pour répondre à sa question peut-être, parce qu'elle est la seule à les comprendre, la seule qui les aime. Les autres gens ont peur, et leur font peur, et c'est pour cela qu'ils ne voient jamais les chevaux du bleu. Petite Croix les appelle ; elle leur parle doucement, à voix basse, en chantant un peu, parce que les chevaux de la lumière sont comme les chevaux de la terre, ils aiment les voix douces et les chansons.
"Chevaux, chevaux,
petits chevaux du bleu
emmenez-moi en volant
emmenez-moi en volant
petits chevaux du bleu"
Elle dit "petits chevaux" pour leur plaire, parce qu'ils n'aimeraient sûrement pas savoir qu'ils sont énormes.
C'est comme cela au début. Ensuite, viennent les nuages. Les nuages ne sont pas comme la lumière. Ils ne caressent pas leur dos et leur ventre contre les paumes des mains, car ils sont si fragiles et légers qu'ils risqueraient de perdre leur fourrure et de s'en aller en filoselle comme les fleurs du cotonnier.
Petite Croix les connaît bien. Elle sait que les nuages n'aiment pas trop ce qui peut les dissoudre et les faire fondre, alors elle retient son souffle, et elle respire à petits coups, comme les chiens qui ont couru longtemps."
Page 225/226 Extrait du conte Peuple du ciel, du livre Mondo et autres histoires. Le Clézio.
♣♣♣
Je lis deux livres en cette période, passant de l'un à l'autre : Mondo et autres histoires, de Le Clézio et Zébraska, d'Isabelle Barry que j'ai commencé à lire jusque la page 46, dans l'ordre, et que je continue à lire en diagonale, avant de le reprendre dans l'ordre, en suivant les pages normalement.
Le Clézio, c'est l'imagination qui rejoint un réel autre, à mes yeux. Tandis qu'Isabelle Bary parle de son expérience de mère vivant avec un HP par le biais de personnages, inspirés par son fils HP, et son entourage. Elle y parle des difficultés à ne pas souffrir quand on est la mère d'un enfant différent. HP ne signifie pas que l'on a mis son surdoué de matheux de fiston en HP, mais qu'il est qualifié de "Haut Potentiel". Si j'ai bien compris, mais je dois reprendre les choses dans l'ordre avant d'affirmer, (donc À vérifier), l'enfant HP en question a une sorte de calculette dans la tête, lui permettant de faire des calculs à toute vitesse. Par ailleurs, il est un peu maladroit dans la vie ordinaire, et du coup, l'entourage scolaire se moque de lui. Il demande (page 235/236) à ne plus aller à l'école car il en a assez des moqueries des autres mais sa mère insiste pour l'y laisser.
"Tu serais tout seul", lui dit-elle, à quoi il répond qu'il ne voit pas le problème.
À quoi la maman rétorque : "Le collège, c'est un peu une école de vie, un brouillon pour apprendre à te faire une place dans la société. Ça t'apprend à vivre avec les autres..." etc.
Alors le HP ainsi catalogué dans le livre répond qu'il aimerait se retrouver en cours avec des gens comme lui. La mère lui dit que non, car ce n'est pas la vraie vie.
C'est alors que moi, lectrice de Zébraska, je me pose la question des HP car la maman, héroïne du livre, étant infirmière ne saurait pas qu'il y a moult endroits conçus pour mettre ensemble des personnes, parfois dès leur plus jeune âge, qui sont jugés comme étant "pareilles", ayant certaines caractéristiques communes, et donc mises au final à l'écart des autres. L'auteur a l'air de penser me semble-t-il, que la société proposerait aux enfants jugés différents des lieux de vie parmi les autres enfants, jugés comme normaux. Or je pense que ce n'est pas le cas. Il me semble que les enfants sont assez vite ghettoïsés en vrai, dans nos sociétés. À moins qu'en Belgique, pays de l'auteure, il n'y ait pas de centres dits spécialisés ? Mais bon. Je me promets de lire attentivement le livre.
Et aussi, nous sommes de toute façon dans une société de gens mis selon les "catégories", très hiérarchisée, en général. Hormis parfois dans le milieu des marins bretons. Où les gradés communiquent dans la vie ordinaire avec les marins qui ne sont pas au commandement.
Avec Le Cézio, je suis sur la même longueur d'onde. Il embarque en poésie et je suis toujours partante pour embarquer en poésie.
Et j'aime aussi la mer avec les bretons et les bretonnes marins :
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13/08/2020
Les services
Le cinéma peut rendre de grands services, en effet des films prouvent qu'il n'y a pas que les paillettes et le bling bling dans le cinéma. Le film par exemple que j'ai visionné hier après-midi, à propos de l'homme interné abusivement. "Le diable" murmure un "malade mental" à l'oreille du bien portant qui moisit avec lui dans le "service fermé", lorsque tous deux, à travers une minuscule fenêtre voient un expert toubib ayant le pouvoir d'interner à vie le bien portant qui dérange, et cela, selon son seul jugement, arrimé à celui de quelques banquiers dérangés. Les dérangés, lorsqu'ils sont puissants (socialement parlant) ont le droit de vie et de mort sur ceux qui les dérangent nous a montré le film. Comment ce film a-t-il pu sortir ? je me le demande encore. L'acteur qui joue le dérangeant, sur le plan physique et aussi de l'esprit a quelque chose de Bernanos, de mon point de vue.
Autre film qui peut nous aider à dire non quand il le faut, celui sur la vieillesse de deux hommes riches entourés de soins, d'espace, de tout le staff nécessaire pour le bien être et l'assouvissement des désirs matériels, mais dont l'un se jette par l'immense fenêtre se trouvant à quelques pas de lui. Ce film a montré le monde de l'égoïsme et de la vanité. Et on n'envie pas non plus le sort de ces privilégiés-là.
Comment de tels films ont-ils pu voir le jour ? À l'opposé du bling bling et des paillettes ? Il est donc permis d'espérer des jours meilleurs.
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12/08/2020
Hommes enfants et hommes enfants
Hier soir j'ai regardé les trois premiers épisodes de la série intitulée Innocente, que je trouve bien jouée par les acteurs au jeu travaillé par une certaine dose de réflexion. Où l'on voit un homme d'affaire qui a tout de l'adulte, mais qui manque en réalité de maturité étant donné qu'il engage un tueur pour éliminer qui le dérange. L'homme d'affaire est malin, rusé et stupide à la fois vu sa promptitude à faire tuer quelqu'un juste parce qu'il met le nez dans ses affaires, qui puent la convoitise hystérique.
Parallèlement à cela, je lis Mondo et autres histoires, de Le Clézio. Ici les enfants-Dieu, sont des entités intemporelles au-delà du temps. Elles interpellent parfois, et même souvent, si on tend bien l'oreille. Et alors, on grandit avec eux quand on réalise combien ils nous manquent, combien nous voudrions les rejoindre, parce qu'ils viennent jusqu'à nous pour que nous éprouvions ce manque et ayons l'envie de nous élever.
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