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07/09/2020

Signer ou pas ?

Le jeune du street art vu à la télé insistant sur le fait de ne pas signer me fait réfléchir à la question. Il ne signe pas et il tient à le souligner car pour lui  il s'agit d'une démarche pour "faire ressortir de l'inconscient collectif". Autre aspect de la question qu'il n'a pas abordé :  si tu signes tu peux avoir la police, le pouvoir en place,  qui vient te demander des comptes du fait que de façon éphémère les dessins occupent un espace public sans autorisation des autorités.

Street Art : affirmation d'une certaine liberté.

 

Le street art peut vouloir dire en dessin ce que des gens n'osent pas exprimer, ou/et en mettre d'autres face à quelque chose qui peut les déranger, si toutefois ils posent leur  regard sur les murs quand ils se promènent dans la rue.

 

Chez l'artiste du street art, il y a la démarche "je ne mets pas mon ego en avant", mais aussi la démarche clandestine pour échapper à d'éventuelles représailles, exactement comme celui qui distribue des tracts non autorisés, pour dénoncer quelque chose.

 

Les écrivains signent par contre, sinon ce serait dans le cas de l'écriture comme ne pas assumer son texte. Mais on a des pseudos, des textes anonymes dans les blogs et ça peut être perçu par les lecteurs comme de la lâcheté.

 

Le dessin est une forme d'écriture qui laisse sa part souvent au rêve. Le dessin fait plus directement image que l'écriture. Il s'adresse plus directement à tous : au lettré comme à l'analphabète. Il est plus démocrate en ce sens. Le dessin est plus dans l'urgence et la question de la signature est tout à fait secondaire pour le messager qui n'est pas vénal. On chuchote à l'oreille, en s'adressant aux yeux... le cri est assourdi mais peut être exprimé plus vite que par écrit.

 

En ce qui concerne l'écrit et l'anonyme, on a le corbeau, qui ne signe pas ses lettres parce qu'il craint d'avoir à répondre de ce qu'il affirme ou parce qu'il ne peut pas se permettre de courir un risque s'il dénonce quelque chose de grave, qui pourrait lui coûter la vie si on l'identifiait.

Ne pas signer ce n'est donc pas forcément de la délation, une volonté de nuire. Le corbeau peut être positif comme il peut être nocif, lâche, dégueu :  tout dépend de la démarche, si elle est  pour le bien d'autrui ou si elle trouve son origine dans la volonté de causer gratuitement du tort à quelqu'un, voire sa destruction.

Pour revenir au Street art : il y a art dans l'expression. C'est une démarche artistique donc positive mais si la politique s'en mêle, on a une connotation de corbeau positif dans la démarche du street art.

 

Je n'ai pas encore vu de dessin de street art qui fassent peur, ou faits pour faire peur. Si tel était le cas, on aurait une démarche de corbeau négatif...  en effet, si l'on veut faire peur gratuitement, cela dénote une volonté de nuire.

 

Cela dit pour la question des blogs : le fait de signer, c'est mieux. C'est plus courageux. Sauf si le blogueur se trouve dans la situation de l'artiste de Street art qui voudrait parfois faire ressortir des choses, des peurs, qui ne sont pas les siennes propres, mais que, ce faisant, cela pourrait lui coûter la vie si ça dérangeait des criminels, ou tout au moins de gros ennuis (pécuniaires par exemple).

 

Bon alors? Je signe ou je signe pas concernant l'écrit ?  Sachez que je me nomme dans mon état civil, Régine Vast et que, pour certaines commodités, mon nom d'auteur est Odile Guilhemery. Je peux signer aussi comme cela

Avec un dessin qui vient de l'inconscient collectif mais que je m'approprie à dessein, pour marquer une démarche par exemple. D'autres vont signer avec une tête de mort pour avertir du danger qu'ils veulent incarner. Les corsaires par exemple, souvent préférés aux gentils dans l'inconscient collectif. Tout ça n'est pas simple mais il faut tenir compte de tout.

 

Direction la cuisine pour faire une vaisselle pas très grande mais très encombrante vu l'espace réduit de la cuisine.

Odile vous salue bien.

 

 

 

 

03:30 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

06/09/2020

Je me réveille la nuit

Je me réveille la nuit ces temps-ci et c'est bien, je me recouche vers cinq heures du matin jusque huit heures, puis je pars pour une marche et je retravaille ensuite à ma documentation, à la lecture d'articles et je cogite pour le deuxième livre. J'y travaille deux à trois heures par jour. La nuit, je cogite un peu sur mon blog, à minima, pour faire le point et ensuite, je fais le ménage. Tout à l'heure, après ces quelques lignes, je vais nettoyer à fond la cuisine. Hier c'était laver la grande salle. Je m'adapte au rythme biologique de mon organisme, tout simplement.

 

Le point. J'ai noté en lisant Télérama, que j'avais loupé quelques reportages sûrement intéressants, notamment sur Arté. Depuis au moins deux mois Patrick m'a demandé de ne plus mettre la télé que pour son film du soir. Il n'en pouvait plus  d'entendre parler des mêmes choses à longueur de temps via la télé. J'ai été surprise du bien que cela m'a procuré. Mais nous n'avons pas pris du coup la mesure de ce qui s'est passé au Liban. Les Libanais pour autant, cela leur fait une belle jambe que nous ne nous soyons pas rendus compte de la catastrophe qui leur était tombée dessus. Par Face book, l'ami Patrick a filtré l'info, comme celle de la mort d'Annie Cordy, qui s'en fiche aussi éperdument de notre relative ignorance des circonstances de sa mort.

 

Bref,  hier j'ai remis la télé pour des reportages que j'estimais sûrement intéressants. Et ça l'était.

J'ai pris en cours le reportage sur le street art où un tagueur parlait de son travail. Il parlait de sa démarche :

"faire ressortir de l'inconscient collectif et non pas son propre ego, genre : "regardez, c'est moi qui ai inventé tel truc de ouf, et je signe, ça vient de moi. Je veux que ça se sache." Il parlait de l'ego qui se fait petit dans la démarche du street art, et d'ailleurs, pour moins d'ego encore, il travaille avec un autre tagueur.

Dans un autre reportage, un street art en Guadeloupe cherche les murs des vieilles cases pour exposer des dessins éphémères par essence puisqu'il sait que ces minuscules maisons sont destinées à être rasées. Sa démarche est d'illustrer son ressenti quant à  la rencontre de l'homme noir avec l'homme blanc, qui se fondent dans des silhouettes ondulées ou plutôt ondulantes d'aspect, sans visage par fait exprès dit l'auteur pour mieux voir la rencontre. Visage où l'identité se marque plus ? Les traits du visage indiquent plus précisément une appartenance, or lui, veut aller au-delà de l'appartenance, sûrement pour que les gens puissent avancer ensemble, sans entrave d'identité de base trop forte. C'est la Guadeloupe qui inspire cet homme venu de métropole. Il n'aurait pas été artiste sans la Guadeloupe pense-t-il. L'île l'inspire, lui donne des envies de transcendance. C'est beau, n'est-ce pas ?

 

J'ai retenu aussi le reportage sur la Guyane. L'homme qui fait du chocolat. C'est un alchimiste quand il dit que "parfois la fève est de moyenne qualité, mais si vous savez torréfier, ce qui est un art où l'on n'atteint jamais pleine satisfaction, si vous savez agir au plus juste en torréfaction, d'une fève même moyenne, va sortir un délicieux chocolat." Ce ne sont pas les mots tels qu'il les a dits exactement mais cela allait en ce sens.

L'homme est jeune. Il déclare vouloir mener une vie simple, et faire de son mieux pour donner du plaisir aux gens avec le chocolat. Presque mystérieux aliment car il monte positivement au cerveau instantanément pour l'alimenter tellement bien que celui-ci nous fait éprouver du plaisir. Pour autant, le foie est là pour tempérer.

Une vie simple, sans tralala. Faire passer son savoir faire à son fils : la culture des cacaotiers d'abord, pour obtenir les meilleures fèves possibles.

 

C'est beau la Guyane ! Bravo l'artiste. Merci pour le chocolat et l'amour dedans.

 

Quels autres reportages ? Des enfants qui veulent aller à l'école pour devenir ingénieurs et pas "finir pêcheurs ou autre petit job." J'ai trouvé le propos naïf au regard de la philosophie du cultivateur de cacaotiers. L'ingénieur ne mène pas forcément une vie simple, surtout le chimiste, qui peut parfois avoir du mal à se regarder dans une glace le matin.

 

Puis est venue l'heure des actualités et, à un moment donné, Patrick a dit "Non ! je t'en prie, ça recommence ! Éteins, s'il te plaît !"

 

Et j'ai éteint.

 

En route pour le nettoyage de la cuisine.

 

 

 

 

 

   

 

02:26 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

04/09/2020

Marcel ♣♣♣ Respire ! + le poème du jour

Hier nous avons fait un brin de causette avec Marcel, authentique breton originaire de la pointe de la Bretagne, installé dans le Pas-de-Calais depuis 1982. Pour Marcel, rien ne vaut les paysages de Bretagne : c'est grandiose. Sa sœur habite une maison qui surplombe la mer, de sa fenêtre elle peut se croire capitaine d'un grand bateau. Mais Marcel est pessimiste sur l'avenir de la planète. Il a vu dans le Pas-de-Calais, des ingénieurs reboucher des cours d'eau. Même les plus petits cours d'eau, il faut les respecter dit Marcel, même les fossés. "Ces bonhommes qui font ça, je les appelle des guignols, lance Marcel, ils créent des inondations...." etc.

Marcel est reparti au guidon de son grand vélo noir, sans barre, car lorsqu'il tombe de ce monument, il se réceptionne bien, grâce au fait que c'est un vélo "de femme", sans barre pour vous emmêler les guiboles. Il est reparti rejoindre sa femme, "du coin", avec qui il a des enfants et petits-enfants qui "l'obligent" à rester dans ce département, même si sa femme trouve belle la Bretagne.

 

Il y a des situations pas simples mais nous avons vu un homme heureux, ça c'est certain. Marcel rayonne. Physiquement, je le trouve proche de Victor Lanoux, un Barnaby du Sud, si vous voyez ce que je veux dire... un homme plaisant du point de vue de sa personnalité chaleureuse.

 

♣♣♣

 

Extrait de La traque, de Guy Masavi

 

"Des jours que cette traque l'avait conduit de vallons en collines, du plateau en gorges obscures, sous les monceaux de neige décrochés du ciel par l'un de ces hivers glaciaux que nous distillait le réchauffement climatique.

 

Drôle d'histoire que cet arrêt du Gulf Stream qui nous collait des hivers québécois au milieu de notre Europe tempérée. Drôle de guerre que se faisaient, depuis, les écolos radicaux contre les révisionnistes. Comment expliquer à une bande d'abrutis en 4/4, qu'il faisait plus froid parce que le climat se réchauffait ? Deux et deux font quatre, comme deux cylindres à roues, telle était la logique de ces gens-là, qui traquaient le loup revenu vivre dans le Massif central.

 

Les affres du froid, qui régnaient l'hiver, et les soubresauts d'un capitalisme toujours à l'agonie, jamais à genoux, avaient chassé les paysans des terres vers la chaleur des villes. Mais, la répression facile des cités surveillées, soumises à l'œil inquisiteur des caméras de surveillance, avait rejeté beaucoup de jeunes précaires vers les campagnes. Les fermes abandonnées devenaient des squats, les bois tout autour, une source de chauffage gratuite et l'isolement, une protection contre Big Brother.

 

Les villages abritaient quelques irréductibles autochtones, qui vivaient des maigres ressources de leurs terres et des subventions d'état pour alimenter en gasoil leur 4/4, outil indispensable pour la chasse. En fait, les maigres aides de l'état entretenaient la paix sociale dans un pays en plein chaos. Le taux de chômage avoisinait les 50%, bien que les travailleurs étrangers aient abandonné notre "hospitalité" pour des contrées plus chaudes du sud de la méditerranée, devenues les nouveaux eldorados de l'industrie.

 

Les villes se vautraient, 7 mois de l'année, dans la neige noire ou boueuse, étalant leurs friches industrielles et leur "mal vivre" en périphérie ; des kilomètres de rues standardisées, faites d'immeubles construits à la hâte et aux normes du nouveau climat, avec leur chaudière centrale au charbon et leur constellation d'antennes satellites alimentant les écrans d'une bêtise contagieuse, à coup de pub, de sport, et de flashes d'info bien saignants."

 

Fin de l'extrait de La traque. Il s'agit d'une nouvelle éditée il y a quelques années par In Libro Veritas, sous forme de collectif d'auteurs intitulé Respire !

 

www.ilv-edition.com

 

Un poème pour nous remettre de ces émotions fortes. Car la poésie distancie des émotions fortes ; vous ne le saviez pas ? Poème lu sur le blog Marche romane :

Les chevaux de la mer

 

 

 

 

03:22 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)