04/09/2020
Marcel ♣♣♣ Respire ! + le poème du jour
Hier nous avons fait un brin de causette avec Marcel, authentique breton originaire de la pointe de la Bretagne, installé dans le Pas-de-Calais depuis 1982. Pour Marcel, rien ne vaut les paysages de Bretagne : c'est grandiose. Sa sœur habite une maison qui surplombe la mer, de sa fenêtre elle peut se croire capitaine d'un grand bateau. Mais Marcel est pessimiste sur l'avenir de la planète. Il a vu dans le Pas-de-Calais, des ingénieurs reboucher des cours d'eau. Même les plus petits cours d'eau, il faut les respecter dit Marcel, même les fossés. "Ces bonhommes qui font ça, je les appelle des guignols, lance Marcel, ils créent des inondations...." etc.
Marcel est reparti au guidon de son grand vélo noir, sans barre, car lorsqu'il tombe de ce monument, il se réceptionne bien, grâce au fait que c'est un vélo "de femme", sans barre pour vous emmêler les guiboles. Il est reparti rejoindre sa femme, "du coin", avec qui il a des enfants et petits-enfants qui "l'obligent" à rester dans ce département, même si sa femme trouve belle la Bretagne.
Il y a des situations pas simples mais nous avons vu un homme heureux, ça c'est certain. Marcel rayonne. Physiquement, je le trouve proche de Victor Lanoux, un Barnaby du Sud, si vous voyez ce que je veux dire... un homme plaisant du point de vue de sa personnalité chaleureuse.
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Extrait de La traque, de Guy Masavi
"Des jours que cette traque l'avait conduit de vallons en collines, du plateau en gorges obscures, sous les monceaux de neige décrochés du ciel par l'un de ces hivers glaciaux que nous distillait le réchauffement climatique.
Drôle d'histoire que cet arrêt du Gulf Stream qui nous collait des hivers québécois au milieu de notre Europe tempérée. Drôle de guerre que se faisaient, depuis, les écolos radicaux contre les révisionnistes. Comment expliquer à une bande d'abrutis en 4/4, qu'il faisait plus froid parce que le climat se réchauffait ? Deux et deux font quatre, comme deux cylindres à roues, telle était la logique de ces gens-là, qui traquaient le loup revenu vivre dans le Massif central.
Les affres du froid, qui régnaient l'hiver, et les soubresauts d'un capitalisme toujours à l'agonie, jamais à genoux, avaient chassé les paysans des terres vers la chaleur des villes. Mais, la répression facile des cités surveillées, soumises à l'œil inquisiteur des caméras de surveillance, avait rejeté beaucoup de jeunes précaires vers les campagnes. Les fermes abandonnées devenaient des squats, les bois tout autour, une source de chauffage gratuite et l'isolement, une protection contre Big Brother.
Les villages abritaient quelques irréductibles autochtones, qui vivaient des maigres ressources de leurs terres et des subventions d'état pour alimenter en gasoil leur 4/4, outil indispensable pour la chasse. En fait, les maigres aides de l'état entretenaient la paix sociale dans un pays en plein chaos. Le taux de chômage avoisinait les 50%, bien que les travailleurs étrangers aient abandonné notre "hospitalité" pour des contrées plus chaudes du sud de la méditerranée, devenues les nouveaux eldorados de l'industrie.
Les villes se vautraient, 7 mois de l'année, dans la neige noire ou boueuse, étalant leurs friches industrielles et leur "mal vivre" en périphérie ; des kilomètres de rues standardisées, faites d'immeubles construits à la hâte et aux normes du nouveau climat, avec leur chaudière centrale au charbon et leur constellation d'antennes satellites alimentant les écrans d'une bêtise contagieuse, à coup de pub, de sport, et de flashes d'info bien saignants."
Fin de l'extrait de La traque. Il s'agit d'une nouvelle éditée il y a quelques années par In Libro Veritas, sous forme de collectif d'auteurs intitulé Respire !
www.ilv-edition.com
Un poème pour nous remettre de ces émotions fortes. Car la poésie distancie des émotions fortes ; vous ne le saviez pas ? Poème lu sur le blog Marche romane :
03:22 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)
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