20/01/2021
Plaidoyer pour la condition humaine
À mon sens les responsabilités sont partagées dans la condition de la femme. Il existe des sociétés matriarcales où les femmes ne se sont pas "laissé faire" et je salue le caractère de ces femmes. Pour les sociétés dites patriarcales il me semble que beaucoup d'entre nous, femmes adultes, sommes inconsciemment ou consciemment complices de l'autoritarisme de certains hommes.
"Certains", car il existe aussi des hommes écrasés par leur conjointe (avec leur part de responsabilité dans cet état de choses). Nous avons tous, adultes, une part de responsabilité dans les problèmes que nous rencontrons dans la plupart des cas, à moins que d'être agressé(e)s par surprise par des criminels. Je parle d'adultes, je le précise encore.
Bakri a tourné des films qui font réfléchir, il formait avec sa compagne un couple qui faisait un travail de réflexion en exerçant leur métier. Bon Vent, Bakri, dans le sens noble de l'expression. Merci pour ce travail.
Dans la vidéo qui va suivre, madame Jaoui, compagne et amie de Bakri, parle de la condition de la femme. Je la rejoins sur certains points. Pas sur d'autres au vu des raisons invoquées plus haut. S'agissant aussi d'abus que des femmes peuvent commettre à l'égal des hommes, et parfois même pour complaire à un homme. On a beaucoup l'occasion de le voir dans les milieux médicaux, à mon sens.
Marilyn Monroe n'était pas une idiote mais faisait l'idiote, petit point de désaccord avec Agnès Jaoui, que j'ai trouvée par contre excellente dans le film Un air de famille où, malgré le respect et par respect peut-être pour sa mère, elle joue le rôle de la fille qui reprend celle-ci à juste titre lorsque la mère en question calomnie le fils d'une certaine façon maudit par elle. Par ailleurs on voit dans ce film Bakri, jouant ce fils maudit, devenu quelque peu consentant quant à la maltraitance qu'il subit de la part de sa mère car il entretient toujours avec elle des relations bien que ces relations soient destructrices pour lui.
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19/01/2021
Les règles strictes
Les règles strictes qu'établit le père Dionne dans sa maison, beaucoup d'enfants, d'adolescents, de jeunes adultes les réclament je crois aujourd'hui, ayant besoin d'un cadre strict pour ne pas par exemple tomber dans la drogue. Le père Dionne commande. Chacun doit payer sa part, sinon dehors, dit-il. Une fois ses enfants mariés en bonne et due forme, selon la tradition, il n'aime pas les avoir dans ses jambes mais apprécie les recevoir en visite pas trop prolongées, une fois par semaine. On est dans un monde militaire pratiquement tant les règles sont prioritaires et l'affection du père Dionne quasi étouffée sous celles-ci. "Tu n'es pas content ? Bon vent !"
Les neuf enfants sont soumis aux mêmes règles, logés à la même enseigne, en cela réside une sorte de garantie morale contre toute suspicion de sadisme de sa part. On n'est pas dans un univers carcéral, au contraire car toujours menacé d'être mis à la porte si on n'est pas satisfait ou si on ne se soumet pas aux règles, la plus sacrée étant de payer sa part. Peur du rejet, de l'isolement ? Toujours est-il que les enfants obéissent, sauf un, qui, à 18 ans va se réfugier "chez sa blonde".
On voit parfois l'inverse au niveau de la tyrannie. Où des enfants le deviennent à l'égard de leurs parents qui par peur d'être mal jugés par les autorités, subissent.
Monsieur Dionne dans ce roman Poussière du Temps, est comme il est, c'est à prendre ou à laisser. Sa femme l'aime, semble d'ailleurs posséder une grande capacité d'aimer, cependant elle préfère quand il travaille, car alors, il est hors de la maison. Elle peut ainsi goûter au bonheur complet, s'adonner à son art, qui est la couture, cette activité lui assurant une certaine autonomie financière. Jeanne, madame Dionne, montre ses émotions, ne craint pas de montrer ses émotions. Mais au niveau d'éventuelles préférences pour l'un ou l'autre de ses enfants, elle rejoint son mari, car nul ne sait si elle en préfère un ou une parmi eux. Les parents Dionne se rejoignent dans cette forme d'équité magistrale. C'est quelque chose de suffisamment remarquable pour que les enfants tiennent le coup. C'est pourquoi le livre reste léger tout le temps, presque miraculeusement, grâce aussi et surtout à la plume d'un auteur doué pour faire vivre les dialogues, et rendre ainsi ses personnages plein d'esprit à leur manière parfois détournée. On est enchanté par leur verve qui traduit leur dynamisme. Ils sont en connexion avec leur époque, le monde extérieur, encore plein d'issues pour les jeunes. Comme on voudrait aujourd'hui qu'il le soit toujours pour eux.
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17/01/2021
Montréal
"De Michel David, je lis le tome 4 de La poussière du temps. Cela se passe à Montréal. Le français s'enrichit d'expressions étonnantes, stimulantes ; lire la vie d'une famille nombreuse (9 enfants) à Montréal : naissances, mariages, enterrements, noces d'or des jubilaires, n'a rien d'ennuyeux. On voit le tissu social à Montréal, le contexte politique, l'installation de la communauté italienne, la vie empreinte de la religion catholique qui a une place très forte dans ces années-là. Les parents envoient leurs enfants à la messe. Cependant, dans le même temps, en cette période charnière, ce sont les premiers divorces. Extrait :
"— Ben. Je voulais te dire que c'est fini entre Martin et moi. On divorce.
— Voyons donc ! s'exclama Jeanne, alarmée. Vous y pensez pas ! Et la petite dans tout ça ?
— Elle va rester avec moi, déclara Francine sur un ton sans appel.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça fait même pas dix ans que vous êtes mariés. Vous venez de vous acheter une maison. La petite a même pas cinq ans.
— J'aime plus Martin et il m'aime plus non plus. On a décidé de divorcer, c'est tout.
— Mais le mariage, c'est pour la vie, ma fille, protesta Jeanne.
— Ça, c'était bon de votre temps, m'man. À cette heure, on n'endure pas toute sa vie pour rien. Quand ça marche plus, on divorce et chacun prend son bord. Moi, c'est rendu que je peux plus sentir Martin Guérard et il le sait. "
Les expressions colorées sont nombreuses dans le livre. C'est vivant comme du Audiard. Années soixante-dix : on a l'impression de passer d'un monde dans un autre. On voit notamment le consumérisme s'imposer. À l'époque les gens de la classe ouvrière et de la classe moyenne étaient confondues à Montréal. Professeur, employé de banque et mécanicien font partie de la même fratrie sans qu'il y ait la moindre tension à ce propos. À un moment donné du récit du quotidien de la famille, c'est sujet à plaisanterie. Une plaisanterie bon enfant qui fait rire tout le monde de bon cœur.
De nos jours, du moins en France, cela peut créer des clivages au sein d'une fratrie.
Le livre ne raconte rien de particulier mais le quotidien de ces personnes, dans leur train-train même n'a bizarrement rien d'ennuyeux. Je lis le livre avec beaucoup de plaisir.
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