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14/02/2021

Dette publique... ♣♣♣ À Tournai on parle comme à Tourcoing

Lu sur le site Marie de Nazareth :

 

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"A nouveau la dette inquiète et notamment la dette publique, suite aux faramineux déficits occasionnés par le Covid. Elle va dépasser allégrement les 120 % du PNB, alors qu’il y a un an son passage à 100% faisait déjà peur.

 

Mais le plus inquiétant n’est pas le supplément Covid. C’est une urgence, qu’on peut apprécier de façon diverse mais indéniablement grave et exceptionnelle. Ce qui est préoccupant est l’énorme dette antérieure et ce qu’elle révèle. La cause en est le déficit, et il est permanent depuis 45 ans. Et hors crise ces déficits sont injustifiés, car ils financent des dépenses courantes, reportées sur les générations futures. Or, les dépenses courantes doivent être financées par des revenus courants, des impôts ; sinon on les réduit. On a des déficits parce qu’on ne sait pas choisir. Une fois la crise passée, il faudra donc revenir à un excédent. Et dans un pays qui a le record de pression fiscale, ce ne peut être que par réorientation des dépenses.

 

Ce qui altère notre perception de l’urgence, c’est que l’Etat se finance facilement sur les marchés, à un taux d’intérêt très faible voire négatif. Mais comme on sait, ceci résulte pour l’essentiel des achats massifs de dette publique par la banque centrale, la BCE. Cela ne fait pas disparaître l’endettement, qui s’accumule toujours. Mais cela le facilite, puisqu’il y a un acheteur de dernier ressort ; en outre on maintient des taux très bas. On pourrait alors être tenté de dire qu’on peut continuer.

 

Cela ne fait toutefois pas disparaître les objections de fond, qui reprennent force dès qu’on envisage le régime de croisière. Déjà une politique de taux artificiellement bas facilite un endettement généralisé de l’économie, propice aux bulles spéculatives. Or l’endettement, et les bulles sur le prix des actifs sont la recette des grandes crises financières ; ce fut une des causes majeures de celle de 2008. On ne sait pas quand elles se produisent, mais on sait qu’on en aura.

 

Ensuite se pose la question de l’inflation. Une telle politique suppose une création monétaire très forte. Et tant l’expérience que le bon sens montrent que, même si on ne sait pas quand, à un moment une création monétaire volontariste engendre une inflation rapidement incontrôlable – sauf grand coup de frein et crise. De plus le monde d’après coronavirus pourra être sensiblement différent du précédent, notamment le commerce international. C’est lui, surtout les usines chinoises, qui a joué un rôle majeur dans la modération des prix dont le consommateur occidental a bénéficié - tout en tuant bien des emplois. Mais il n’est pas acquis que cet effet durera indéfiniment.

 

En bref, accumuler de la dette, c'est comme s'éloigner du tronc en marchant sur une branche : on ne sait pas quand, mais on est sûr qu'au bout d'un moment ça va casser.

 

Que faire alors du stock de dette accumulé ? Contrairement à ce que beaucoup croient, cette dette est réelle et juridiquement exigible. La répudier ou parier sur une inflation massive serait un désastre financier et ruinerait beaucoup de gens. Les créances sur l’Etat ne sont en effet pas principalement détenues par les banques, comme on le croit, mais par des institutions d’épargne, SICAV et assurance-vie, caisses de retraite etc., français ou étrangers.

 

Le seul moyen de réduire massivement les dettes sans chaos est la restructuration. Or comme personne ne veut prêter à perpétuité à l’Etat pour un taux d’intérêt négligeable, le seul sauveur possible est la BCE. Plus que par annulation (qui déséquilibrerait son bilan) il faudrait transformer la dette en rente perpétuelle, à taux 0 (mais peu importe, car les profits des banques centrales se traduisent en dividendes pour les Etats actionnaires). Ou au minimum les renouveler systématiquement à échéance. Et pour vraiment réduire le niveau d’endettement, cela devrait aller bien au-delà des créances qu’elle détient déjà sur la France. Ce serait donc une grosse opération.

 

Sur le papier cela paraît faisable. Mais cela pose de très gros problèmes juridiques et politiques. Le financement des Etats par les banques centrales est exclu par les traités européens ; on ne peut pas les tourner à ce point, et cela ne passerait pas les tribunaux, notamment allemands. Politiquement, il est très improbable que les durs de l’Europe du Nord, Pays Bas et Allemagne en tête, y consentent, d’autant que leur endettement est bien plus faible. Au mieux, on serait plafonné au niveau des plus prudents (60% du PNB). A cela s’ajouterait la perception des marchés et du public. Car une telle création monétaire massive ne peut qu’inquiéter ; notamment parce que le risque inflationniste deviendrait considérable, voire de fuite devant la monnaie. Il faudrait donc qu’on soit aux abois pour que l’Europe y aille.

 

En outre et surtout, il faut se rappeler qu’en régime de croisière, on n’échappera pas à l’assainissement des déficits publics. Et donc la démarche essentielle, une fois la crise passée, c’est d’éviter le déficit.

Pierre de Lauzun"

 

Commentaire : selon moi il faudrait créer une nouvelle monnaie et repartir à zéro, faire table rase de la dette, repartir sur des bases saines, de partage des richesses entre tous.  "Les durs du Nord" n'ont qu'à bien se tenir.

 

♣♣♣

 

Le poète du jour, lu ce soir :

 

http://miiraslimake.hautetfort.com/

Les passions exacerbées

J'ai repris la lecture de l'Ensorcelée, de Barbey d'Aurevilly. Le contexte est celui du dix-neuvième siècle. Le fameux ressenti de  mésalliance  fait partie de l'histoire de l'infortunée victime du prêtre chouan, qui aliène involontairement, comme par distraction tant il est obnubilé par sa cause, celle-ci.

 

Ce ressenti, de  rejet de l'autre à cause d'un sentiment de sa propre supériorité a pris d'autres codes.  Du mot "aristocrate" on est passé au mot "intellectuel".... pour désigner l'être supérieur au manuel par exemple. Un changement de doxa pour  un même sentiment de domination jugée légitime de la part des uns à l'encontre d'autres.

 

Dans le roman de Barbey on a les expressions courantes de mépris :  "âmes vulgaires" en est une parmi d'autres. On est confronté souvent au ton hautain, dédaigneux des personnages appartenant comme on dit à la haute société. Mais il n'y a pas que cela dans le roman de Barbey,  car nous sommes avec des hommes et des femmes qui cherchent à intégrer dans leur esprit pas très souple il faut bien l'admettre, le Christ, les Évangiles. La rudesse, la cruauté d'esprit que l'on pourrait parfois qualifier de nazi par certaines attitudes prises à l'encontre des faibles, jugés à l'emporte pièce, ces esprits donc  se remettent parfois et pour certains  en question, et cela d'une façon surprenante, qu'on n'attendait plus. Le Christ se rappelle au prêtre chouan par exemple, de façon tout à fait poignante. 

 

Les pâtres errants n'ont pas cette chance, ils pratiquent en effet la sorcellerie et finissent par croupir dans une sorte de désir éternel de vengeance. Mais ne fabrique-t-on pas ses monstres, à force de rejet ?

 

 

Si Barbey rejette certains physiques, ce sont bien  les nommés "albinos". Il nomme ainsi les bergers à un moment donné : cheveux jaunes, yeux au regard absent, "verdâtres".

 

Ces bergers errants sont capables du pire, tout comme certains paysans, ceux  qui tondent et lapident les chouannes, de peur de s'en prendre à plus coriaces, les bergers en question notamment.

 

Côté aristocrate, Barbey les montre, bien qu'étant royaliste, comme des êtres qui se vivent comme des Dieux.

 

Pas d'ascenseur social dans cet univers ; ceux qui sont dans la mouise ou qui se sont "mésalliés" par crainte d'y tomber oublient souvent ce Jésus qu'ils respectent mais ne parviennent pas à intégrer. D'une manière ou d'une autre, bien souvent les personnages ont la rage au cœur, notamment ces fameux bergers ensorceleurs, rendus fous à force d'humiliations à mon sens.  Ces bergers ont-ils vraiment existé ou sommes-nous dans le domaine du roman fantastique ? Je ne pense pas que Barbey ait voulu écrire un roman de ce genre mais je ne suis pas spécialiste de Barbey, cela dit. 

 

J'ai noté de la schizophrénie chez les chouans de l'aristocratie quand d'un côté ils méprisent les paysans, et de l'autre, ils les appelle à la rescousse pour combattre les Bleus.

 

Pour autant, Barbey d'Aurevilly réserve des surprises, il est inattendu. La lumière surgit au débotté, cela peut devenir grandiose. 

 

Je dirais que Barbey est un écrivain de l'ombre et de la lumière, des combats intérieurs quand les passions consument les êtres. Un grand écrivain complexe certes, qui choque parfois, me concernant, mais est enrichissant, oblige à vaincre ses propres à priori pour comprendre mieux, s'ouvrir même à une empathie dont on ne se serait pas cru capable pour un personnage qui vous débectait et d'un coup vous saisit dans sa dimension tragique. Et n'oublions pas l'humour de Barbey, quand il fait causer les commères pour lesquelles il a beaucoup de tendresse.  Il pénètre si bien leurs sentiments et mouvements d'humeur et de langue (au patois poétique),  que l'on croirait qu'il a été lui-même commère à ses moments perdus, ou dans une autre vie.  

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13/02/2021

Ils ne songent plus à repartir

"Les circonstances de la première multiplication des pains sont dans toutes les mémoires.

Jésus arrivait en barque pour conduire les Apôtres dans un lieu désert ; et en débarquant il vit une grande foule et il en eut pitié.

Il développa longuement son enseignement, et c'est à la nuit tombante qu'il nourrit cinq mille hommes.

Au point de départ du récit de cette deuxième multiplication des pains, nous retrouvons la pitié de Jésus, mais il ne parle plus de brebis sans berger, car cette fois elles ont trouvé leur berger en s'attachant à lui : "J'ai pitié de cette foule, car voilà déjà trois jours qu'ils restent auprès de moi, et ils n'ont pas de quoi manger !"

Cette foule de disciples a tenu quatre jours, dormant sur place, mangeant sur place les provisions apportées, puis jeûnant pour ne pas s'éloigner et ne rien perdre de la parole de Jésus.

La première fois, les gens s'étaient laissé surprendre par la tombée du jour.

Cette fois ils ont choisi de rester plusieurs jours avec Jésus, et ils sont trop loin de chez eux pour pouvoir rentrer sans défaillir.

À travers ce deuxième miracle des pains Jésus nous assure de deux choses :

Il viendra au-devant de nos besoins si nous faisons passer l'écoute de la parole avant toutes nos faims terrestres : faim du corps ou faim de se réaliser ; car l'homme ne vit pas seulement de pain, et la parole du Christ est vraiment Pain de vie ; il prendra soin de nous, si pour lui, pour son amour et pour son service, nous nous aventurons loin de nos bases familières ; rien que par sa parole, il nous rendra au centuple les sécurités immédiates que nous aurons lâchées.

Mieux encore : si nous savons lui faire confiance, il nous fera participer à son immense pitié, et il nous donnera, pour les distribuer à la foule, les pains et les poissons qu'il aura lui-même bénits.

Nous irons, en son nom, au-devant de tous les affamés, au-devant de ceux et de celles qui se sont mis en route vers Lui en oubliant tout le reste.

Pour entrer dans cette œuvre de vie et de partage, trois conditions nous sont posées : Que nous soyons vulnérables à la pitié forte qui nous portera à nourrir les foules ; que nous soyons des passionnés du Christ, notre ami ; que nous restions attachés à Lui et à sa parole, comme des disciples venus de très loin et qui ne songent plus à repartir."

les Carmes, Méditation.

 

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