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30/10/2013

Théâtre

Chaque matin Englistown envoie aux abonnés dont je suis, une mini pièce de théâtre qui se joue en une seule scène ; les acteurs et actrices sont doués. Celle de ce matin est drolatique à souhait,  il s'agit d'un jeune homme qui, n'ayant pas même encore reçu une promotion dont il a le sentiment qu'elle ne saurait tarder s'est déjà pris le melon, en conséquence de quoi il tyrannise un copain que l'ambition ne dévore pas.  Il lui administre des conseils malvenus de réussite sociale et ce, d'un ton suffisant presque caricatural, tout imbu de sa gloire de promu. Son interlocuteur, vu comme un sous fifre par super man, est en passe de devenir son souffre douleur s'il n'y prend garde.  Fort heureusement il se rebiffe. Hélas je ne peux pas mettre le lien. Juste un mini extrait :

— "So, Leo. This might be the last time you meet 'Peter Oakes, Assistant Manager'. Next time you meet me, you might be talking to 'Peter Oakes, Head of Operations'."

 

Bravo les comédiens !

    

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27/10/2013

Implication

Un auteur sérieux serait à mon sens celui qui écrit parce qu'il a à dire quelque chose qui touche pour lui à l'essentiel au moment où il l'exprime, il y parvient plus ou moins, sa prose l'emporte j'imagine au-delà de ce qu'il voulait dire, une dialectique s'engage ou pas. Cette implication est forcément difficile, au départ du moins, et sûrement libératrice à la fin de par ce qu'elle a proposé d'expérience humaine en partage. Certains auteurs inventent des situations où leurs témoignages se distillent en même temps que leur philosophie de la vie, d'autres se basent sur leur mémoire qu'ils considèrent garante de la vérité cherchée à travers elle. Il y aura cohérence de toute façon s'ils ne se sont pas mentis dans leurs intentions. De mon point de vue de lectrice tout témoignage vaut la peine d'être lu. Celui de Maurice Chapelan  comme celui de Bernanos. Pour l'heure voici ce que Maurice Chapelan écrit de sa façon de vivre dans le contexte religieux que ses parents lui imposaient : extrait page 98 de Mémoires d'un voyou paru chez Grasset :

 

"Pourquoi avoir choisi Lourdes, surtout au mois d'Août, en pleines saisons de pèlerinages, pour les vacances sanitaires d'un enfant ? Ma mère, très superstitieuse, avait dû attraper le culte de la Vierge, je ne sais avec qui ni comment. Il ne m'étonnerait pas qu'elle lui adressât alors des prières de ce genre : "Bonne Sainte Vierge, faites que je reste jeune et belle." Oui, c'est cela : elle voulut tâter de Lourdes contre les rides. Quant à moi, un triste miracle m'y attendait. Après deux ou trois jours, je commençai d'étouffer pendant la nuit. Un médecin du cru diagnostiqua de l'emphysème, m'ordonna de boire chaud à table et l'application de ventouses. Ces premières crises, fort bénignes par rapport à ce que l'asthme me réservait, m'angoissaient affreusement, à supposer que j'allais mourir.

Le souvenir de cette angoisse, habitée par la trouille de l'enfer, a effacé pour moi toutes les autres, sauf l'image de la grotte où les innombrables béquilles appendues me donnèrent à réfléchir. A vingt ans, en lisant le Jardin d'Epicure, je retrouvais sous la plume d'Anatole France la réflexion que je m'étais faite : " Une seule jambe de bois prouverait davantage." je me suis dit depuis que nous avions tort tous les deux, car elle ne prouverait rien de plus : il ne saurait y avoir de miracle puisque tout, au monde, est miracle." 

 

   

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26/10/2013

Ensuite

Le canal a mauvaise réputation, s'y sont passés des événements glauques, des agissements merdiques, on s'y débarrassait non seulement d'objets usés mais aussi d'animaux domestiques indésirables,  presque une tradition ; ce canal représente même pour certains qui le trouvent pour toutes ces raisons sinistre  une invitation au suicide. Un adolescent s'est pendu il y a quelques mois à la poutrelle du pont  de Saint Fleuris je crois, un endroit dont le romantisme me touche, qui incite à se recueillir selon moi. Je ne suis pas la seule à voir le canal autrement, un peintre, notamment, pas célèbre encore mais à qui je trouve beaucoup de talent, peint le canal comme Van Gogh peint la Provence. Un jour je l'ai vu dans la salle d'attente d'un vétérinaire, je lui ai parlé de ces toiles ensoleillées, il m'a répondu, que tout était dans sa tête, il tenait donc plus de Picasso dans sa démarche d'artiste. Ce peintre en question a échappé au destin réservé aux enfants des mineurs de fond, qui était de travailler à la mine à leur tour. Grâce à son oncle il a appris le métier de marinier. D'où sa perception du canal qui le sauva, pour ainsi dire, des eaux. Ce sentiment d'émerveillement, en dépit donc des nombreux drames qui se déroulèrent sur ces berges ; j'ai omis de parler des soldats anglais qui formaient là les lignes de défense ou de réserve durant la bataille de la Lys, au cours de la première guerre mondiale. L'expérience personnelle peut  transcender  tout ça et c'est heureux.

 Une personne aimante voit son partenaire beau ou belle, quand beaucoup d'autres lui trouvent une tête de choux. Je regarde cet endroit apparemment banal avec attention, je me rappelle ces histoires  dramatiques qui s'attachent à lui et je plaide  non coupable. Au début pourtant, comme beaucoup j'imagine,  j'étais si bien impressionnée par la mélancolie du lieu que j'avais peur, je l'ai plusieurs fois quitté précipitamment, sans raison apparente. Je pense qu'il faut l'écouter pour qu'il devienne fréquentable. Et le canal commence à faire quelques adeptes, dont à une époque, un promeneur d'âne. Un promeneur d'âne, et la magie a opéré.

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