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19/06/2018

Lu ce matin ♣♣♣ Les chiens de la baie

 

Sur Jubilate Deo :

 

"Maurice Bellet

 

La tendresse est le réel, c’est les choses et les gens, c’est le visage du monde, la mémoire, le rêve et le poids des jours. C’est la table servie, le vin versé, les convives, la parole entre eux, la paix. C’est la lumière entre les arbres, au commencement du matin. C’est le souffle profond, quand vient l’heure du soulagement et de la vérité. C’est le corps aimant, c’est la marche au bord de la mer, c’est la veillée à la maison, c’est le premier jour et la cent millième fois. C’est la foule et le solitaire, c’est le travail, c’est la douleur, c’est la détresse elle-même: car la tendresse sauve tout.

 

Maurice Bellet, La Voie (Desclée de Brouwer, 2000)"

 

 

♣♣♣

 

 

Hier j'ai lu un livre intitulé Les chiens de la Baie de Thierry Declercq.

Il y a dans ce livre deux histoires de femmes qui vont s'entrecroiser et se répliquer, ces femmes se battent dans les eaux troubles du machisme d'hommes particulièrement violents, verbalement, et qui frappent aussi pour certains d'entre eux. Une autre histoire encore, en pointillé, celle d'un adolescent qui livre quant à lui un combat contre les chasseurs, dont fait partie son père, fervent tueur de renards et d'oiseaux et racornisseur de fils, fils qu'il ne cesse de tourmenter en fait et de violenter. Ces combattants anti bourreaux sont pris dans une tourmente telle que leur équilibre mental est mis à rude épreuve. Si bien qu'eux-mêmes risquent de s'embourber dans les méandres de sentiments virant à l'obsessionnel, comme ceux dont souffrent leurs bourreaux. Un cercle vertueux n'est pas envisageable dans ces histoires car les victimes sont tentées d'assouvir un désir de vengeance ; et du même coup, se muer en ces bourreaux qu'elles honnissent n'est pas impossible de leur part. Il faut lire le roman pour savoir ce qu'il en est à ce sujet. L'auteur, dans ces histoires terribles tient son lecteur la tête hors des eaux troubles, et en haleine, par les questions qu'il pose en filigrane, sociétales et autres. Et il y a sa tendresse, qui passe à travers un humour bienvenu et une poésie certaine.

 

 

10:06 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

10/06/2018

Comment prier le Rosaire

 

 Hier je suis allée à Berck sur Mer. À un moment donné, j'ai visité l'église  Notre Dame des Sables. C'était l'heure où le joueur d'orgue s'adonnait à son art. Il a joué une dizaine de morceaux. Au niveau du volume des décibels, c'est très élevé et pourtant ça n'assourdit pas, au contraire.

Un homme ivre est entré dans l'église tandis que l'orgue y résonnait de toute sa vigueur, le jeune homme était un peu exubérant ; il tenait une paire de chaussure à la main. Il se lamentait et des bribes de sa voix plaintive voire aux gémissements un peu aigus parfois me parvenaient aux oreilles sur fond puissant d'orgue. Oui, l'homme était jeune et sa souffrance évidente, il parlait à notre Dames des Sables, tête levée et écartant les bras comme celle qui se trouvait représentée sur l'immense toile. Je me suis mise à penser à un jeune que je connais bien et je l'ai imaginé se plaignant comme cela devant Notre Dames des Sables. Quand il s'est retourné pour s'en aller, il était obligé de me voir car je m'étais installée à côté de l'allée centrale, pas loin de la porte de sortie. Il s'est arrêté près de moi. Il sentait un peu l'alcool. J'ai vu ses petits yeux bleu vifs plein de larmes, l'orgue jouait toujours. Il m'a dit "Il faut croire en Jésus Christ !", j'ai fait signe que oui de la tête, il m'a alors tendu la main, que je lui ai serrée. Et il a dit "Lui, il ne leur pardonnera pas ce qu'ils nous ont fait." Puis il est sorti. Le jeune dans sa détresse et son sentiment d'impuissance criait tout de même un peu vengeance, il était très malheureux en somme.

 

 

Quand l'organiste a eu fini de jouer, à 16 heures tapantes,  je suis sortie à mon tour. Pas loin de l'église se trouve la rue de l'impératrice, que j'ai rejointe pour me rendre au square Claude Duffit. Là, il y avait encore de la musique à un volume très fort, et pas gênante non plus malgré le volume. Des jeunes femmes dansaient sur de la zoomba. C'était très joyeux et très latino, elles dansaient bien aussi, et avec cette conviction de joie contagieuse. Quand l'une d'elles s'est approchée de mon banc pour jeter sa bouteille d'eau dans la poubelle qui se trouvait à proximité, je l'ai hélée.  C'est là que j'ai appris en quelques mots échangés avec elle que la musique avait pour nom "zoomba" et qu'elles dansaient pour une manifestation qui aurait lieu incessamment sou peu,  pour soutenir la cause Handi ... quelque chose.

 

Sur la dizaine de jeunes femmes, la plupart étaient infirmières ou faisaient partie du personnel qui travaillait à Rang-du-Fliers, dans une structure de soins pour personnes handicapées. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de leur initiative et du spectacle, et elle m'a remerciée avant de regagner le groupe des autres danseuses. Des gens commençaient à affluer. Une femme en fauteuil roulant, avec de beaux cheveux d'un blanc neigeux, le teint bronzé, elle était le presque sosie d'une connaissance à moi de Toulouse qui a la sclérose en plaque, les regardait, ravie. Nous nous sommes un peu parlé à la fin du spectacle, une heure plus tard. L'infirmière qui m'avait informée m'a saluée avant de quitter le square avec ses collègues et m'a dit qu'elle espérait me revoir. Je me serais crue dans le Sud profond, du moins celui que l'on fantasme pour la chaleur humaine de ses ressortissants.... et j'étais bien à Berck sur Mer pourtant !

 

Je suis retournée à l'église, voir si l'organiste aurait eu la bonne idée de revenir. La porte de l'église était toujours grande ouverte.  Des chants sacrés très mélodieux s'égrenaient à l'intérieur et il y avait toujours de nombreuses bougies allumées.

 

J'étais passée d'une musique à l'autre sans que l'ambiance change vraiment. C'était joyeux et habité d'un même esprit, au square Claude Duffit comme à l'église Notre dame des Sables. Sans oublier l'homme jeune qui pleurait et se lamentait fort, car il m'avait semblé voir au square, ensuite, dans ces danseuses douées et surtout joyeuses, une armée de femmes anges qui allait de plus en plus tout envelopper de leur joie communicative, on appelle cela allégresse, et elles ne manqueraient pas de le consoler un de ces jours, meilleurs pour lui.

 

La vidéo regardée ce matin, et j'ai pris note :

 

https://youtu.be/8PUQIhhkGRQ

05:39 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

06/06/2018

les béquilles ♣♣♣ Poésie ♣♣♣ Les colibris

 Je me suis avoué ce matin que oui, quand on avance en âge, mais pas que, on a besoin de béquilles : par exemple les lunettes. Je les ai trouvées de suite sur le buffet tout à l'heure. En fait, je ne les cherche jamais bien longtemps, hormis une fois ou deux où cela a pris une demi-heure si je me souviens bien. Il n'empêche que durant les trente secondes où je les ai cherchées j'ai pensé à ce besoin de béquilles : sans mes lunettes je ne peux pas lire un livre qui possède des caractères ordinaires. Je vois mal à l'ordi, à moins de tout grossir à l'aide de la roulette de ma souris.

 

"Ma souris", "mon ordi", voilà encore des béquilles !

 

 

Donc on pourrait dans l'absolu appeler certains objets "Vénérables", tant ils nous rendent service,  vus sous cet angle, en raison même de notre vulnérabilité.

 

 

Par exemple, pour aller plus loin, pousser plus loin la réflexion : je crois au Christ parce que j'ai besoin d'une béquille ? À quoi je réponds :

 

"... là c'est autre chose."

 

Il y a une puissance de bonté que je vénère et/ou que j'aime de tout  cœur et le Christ l'incarne... par contre dans mes "vénérables lunettes", il n'y a pas de "puissance de bonté", pas de conscience à vénérer.... J'aime le Christ non par besoin mais par adoration.

 

 

Je continue mine de rien sur le sujet en considérant le rapport de certaines personnes avec les ânes car j'ai vu un reportage hier là-dessus. La fonction que remplissent les ânes auprès de la jeune allemande dans ce reportage Arte est celle de lui apporter une présence quasi céleste, qui comble sa vie de bonheur. On la voit de temps à autre couvrir le front d'un âne de  bisous...Ces animaux, ses ânes, tels "Césame ouvre-toi", la suivent, confiants.

 

Elle donne des indices sur leur psychologie. Par exemple quand les ânes n'avancent pas alors que vous tirez sur le licol, ce n'est pas pour faire un caprice  ou parce qu'ils sont têtus mais parce que, pour une raison ou une autre, ils pensent que leur sécurité est en danger.

 

 

Les ânes veulent rarement traverser un ruisseau à gué. Pourquoi ? parce qu'ils ne veulent pas s'aventurer dans l'eau, n'étant pas sûrs de sa profondeur, ni de leur qualité de nageurs. Donc il faut les faire passer sur un pont qui enjambe le ruisseau. 

 

 

Il a été constaté qu'ils ont beaucoup de mémoire : peut-être une mémoire inscrite dans les gènes qui leur fait se souvenir instinctivement que l'un d'eux, trop chargé, n'a pas été suffisamment bon nageur pour se tirer d'affaire lors de la traversée d'un ruisseau qui d'un coup aurait recelé un trou d'eau qui aurait contraint l'âne aventureux à nager.... sans succès. C'est une supposition.

 

 

Dans ce reportage on informe aussi par rapport à leur mémoire que, s'ils vous fréquentent juste un peu : 25 ans après ils savent vous reconnaître.

 

 

Des scientifiques passionnés d'ânes (parce que oui, il y a aussi ce genre de scientifiques) ont même trouvé en analysant leurs grandes oreilles qui pivotent indépendamment l'une de l'autre, que, dans le désert, un âne peut entendre un congénère à une distance de  90 km.

 

J'avoue que j'aime moi aussi beaucoup ces animaux, avant d'avoir été au courant de "leur capacité d'écoute" extraordinaire.

 

La jeune femme allemande qui élève chez elle des ânes avec son mari a dit notamment : "Les mauvaises langues disent que les ânes sont des substituts d'enfants pour moi. C'est faux. J'ai toujours préféré avoir des ânes plutôt que d'avoir des enfants."

 

 

Elle n'a même pas cherché à avoir des enfants ! Et alors ? la planète est suffisamment peuplée sans qu'on lui fasse pression  pour avoir des enfants. Chacun sa vocation.

 

Revenons à mon sujet initial, celui des béquilles : les ânes pour cette jeune femme, en sont-ils ?

 

Je réponds : ils n'en sont pas plus que pour certaines personnes leurs enfants.

 

 

Si on entend par béquille : besoin de tel ou tel être affectivement pour vivre heureux ou heureuse, alors beaucoup de monde a besoin de béquilles. Les parents en sont pour les enfants, parfois les enfants en sont pour les parents.

 

Il reste qu'il y a béquille et béquille... entre une paire de lunettes et un âne il y a une différence d'âme par exemple.

 

Passons par le chemin de l'humour pour poursuivre la réflexion.

 

 

Les lunettes peuvent-elles entendre l'appel au secours d'un congénère, en l'occurrence une autre paire de lunettes, (ou  l'appel de leur propriétaire à demi aveugle parce qu'il les a perdues de vue), qui plus est, à 90 km à la ronde dans le désert ? Non, bien sûr. L'âne, si.

 

L'âne a-t-il besoin d'une paire de lunettes ? Pas forcément. Mais la question reste à étudier, les ânes étant différents entre eux, ayant leur personnalité propre et leur singularité, certains peuvent être myopes. C'est leur droit.

 

 

Prenons un virage dans l'absurde mais restons dans la réflexion avec cette considération :

 

 

Les lunettes n'ont quant à elles besoin ni d'âne ni de personne car en tant qu'objet, tout comme les béquilles, si un vivant a besoin d'elles, les objets n'ont eux, besoin de personne. Même quand ils  sont cassés, car ils s'en fichent qu'on les répare ou non. Je dis "ils s'en fichent" comme si je leur supposai une conscience... disons plutôt : ils ne sentent rien et donc zéro besoin d'être ou pas réparés.

 

Les bouddhistes penseraient que les objets ont une âme et donc "ne s'en ficheraient pas", ou plutôt, sentiraient quelque chose... j'emploie le conditionnel car je ne suis pas certaine de cette allégation au sujet des bouddhistes.

 

 

Nous entrons encore dans le domaine de la croyance. Pour ma part je pense qu'à force nous pouvons remplir un objet aimé de nos ondes d'affection, si bien qu'avec certains êtres, "agis" par exemple par des fées ou des sorcières ou des babouchkas, on voit ceux-ci bouger "tout seuls" dans certains contes auxquels d'aucuns croient,  et même on entend certains témoignages de faits qui seraient catalogués comme  réels, comme quoi des objets ont été vus se téléportant sans moteur ou s'envolant toujours sans moteur (comme dans Harry Potter), ou simplement bougeant frénétiquement comme dans les séances de spiritisme d'après certains...  les objets pourraient acquérir du mouvement sans avoir un moteur électrique vissé sur eux (comme on en trouve caché dans les vélos de course),  mais juste parce que, selon ce que j'en pense, l'esprit d'un vivant "se prolongerait jusqu'à eux", les agirait : ils se meuvent alors sans s'émouvoir ! Un comble ! Les bouddhistes iraient plus loin et diraient que si : ils peuvent avoir une âme. Cela parce que des esprits pourraient les habiter ? 

 

 

Revenons à nos "béquilles",  mes lunettes sont à mon sens respectables, comme les guitares, sauf qu'avec ces dernières il faut en faire un instrument, c'est-à-dire apprendre à en jouer pour en être les heureux propriétaires. Ceux qui les brisent après avoir joué dessus ne les respectent pas. Or je pense que tout objet a droit à une forme de considération respectueuse, nous avons une responsabilité face à lui. Oui, nous devons aussi respecter nos béquilles-objet (celles qui ne sont pas de l'ordre du vivant). Du fait que les objets rendent service et aussi, ont une incidence sur la planète : ne pas les casser pour ne pas avoir à en refaire d'autres, en surplus, afin de ne pas polluer la planète. 

 

 

Objets-béquilles, êtres béquilles... Quelle histoire ! et l'autonomie totale existe-t-elle ?  Dans l'au-delà alors, hors du corps béquille ? Dans l'amour, dans la lumière, dans l'adoration. 

 

Ma note est terminée.

 

                                         ♣♣♣

 

Je mets ci-dessous la dernière strophe d'un poème lu sur Regard sur une vis sans fin, de Loup Francart :

 

"Où donc aller sur ce chemin sans faille
Qui ne conduit qu’à la fin des temps
Quand tout sera consommé, y compris la mort
Que verra-t-on alors au bout de la peine ?
Le sais-tu toi qui contemple chaque jour
Les humains qui se démènent et s’invectivent
 Ou encore qui s’entraident et se bénissent
Apportant lumière ou obscurité
Dans la pâle lueur du jour qui se lève"

 

Mon commentaire : texte émouvant mais n'oublions pas de contempler tant d'autres êtres qui ont du ciel dans les yeux.... comme les ânes, les biches, et tant d'autres animaux... à quatre pattes mais, oui, qui recèlent du ciel. Resèment du sel.

 

                                           ♣♣♣

Le colibri accomplit d'étonnantes performances sportives... à côté d'eux nous sommes  "chétifs",  toujours en terme de performance sportive, nous sommes même débiles à côté du colibri, en effet nous ne pourrions jamais voler (en avion pour nous qui avons décidément besoin de béquilles), autant de km qu'eux, sans nous arrêter ! Et ils se nourrissent de trois fois rien  qui plus est, que les fleurs leur offrent, pas besoin de MacDo les concernant. Des cadeaux célestes.

Vous saurez tout sur le colibri, ici :

 

http://www.oiseaux.net/oiseaux/colibri.a.gorge.rubis.html

  

11:17 Publié dans Note, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)