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25/10/2011

Fred Saberhagen nous en dit plus sur les berserkers

On peut dire qu'ils sont dans la galère, ces naufragés. Le berserker qui a attaqué leur vaisseau spatial s'improvise sauveteur, ne faisant que différer leur mort. Deux des survivants ne se font aucune illusion là-dessus. Les Prisonniers de la machine par Fred Saberhagen, dernier extrait :

Hemphill se fraya un passage d’un compartiment saccagé à l’autre et parvint près d’une déchirure de la coque extérieure qui était presque entièrement colmatée. Tandis qu’il s’efforçait d’agrandir l’ouverture, il entendit le ronflement de la vedette du berserker qui venait recueillir les prisonniers. Il redoubla d’efforts, la paroi céda et il se trouva projeté dans l’espace.

Autour de la grande carcasse du vaisseau, flottaient des centaines d’épaves, retenues sans doute par un certain magnétisme rémanent, ou par les champs de force de l’ennemi. Hemphill constata que sa combinaison se comportait fort bien. Grâce à son minuscule réacteur, il se propulsa autour de la coque déchiquetée, afin de découvrir l’endroit où la vedette s’était immobilisée.

La tache noire du berserker se profila soudain sur les champs d’étoiles de l’espace profond, ceinte de remparts comme une antique cité fortifiée, mais infiniment plus vaste qu’aucune d’entre elles ne l’avait jamais été.

Il constata que la vedette avait découvert le compartiment approprié et s’était collée à la coque bosselée. Sans doute embarquait-elle Maria et l’officier blessé. Les doigts sur le plongeur qui ferait éclater sa bombe, Hemphill se rapprocha.

Sur le seuil de la mort, il éprouvait quelque regret de ne pouvoir déterminer avec certitude si la vedette serait détruite. Et le coup qu’il s’apprêtait à porter à l’ennemi était tellement dérisoire, sa revanche à ce point futile.

En s’approchant, le doigt toujours sur le plongeur de la bombe, il vit apparaître la bouffée de brouillard provenant de la brusque décompression de l’air, au moment où la vedette s’écartait du vaisseau. Les invisibles champs de force du berserker prirent une énergie nouvelle, entraînant la vedette, Hemphill et un cortège d’épaves diverses à plusieurs mètres du vaisseau. Il réussit à s’accoler à la vedette avant qu’elle fût entraînée loin de lui. Il réfléchit qu’il possédait de l’air pour une heure dans son réservoir de combinaison, ce qui était plus que suffisant.

L’ennemi l’entraîna vers lui.

2

Les «  berserkers » étaient une relique de quelque antique guerre galactique, résultant d’une lutte intestine entre des races inconnues. C’étaient des machines spatiales conçues pour rechercher et détruire la vie, et chacune d’elles portaient des armes susceptibles de stériliser en deux ou trois jours une planète grande comme la Terre.

Les Terriens s’étaient répandus à travers les étoiles composant une section de l’un des bras de la spirale galactique. A présent, ils refluaient devant l’assaut implacable des machines ; des planètes et des systèmes entiers se trouvaient déjà dépeuplés.

Les hommes ripostaient lorsqu’ils le pouvaient. Le vaisseau transportant des passagers, intercepté loin de tout secours, était perdu d’avance ; mais trois ou quatre vaisseaux de guerre pouvaient harceler un berserker comme des loups attaquant un ours, rivaliser de vitesse et échanger des missiles avec lui pendant de longues minutes, et parfois le vaincre. Car l’ennemi était vieux, amoindri par des combats incessants menés pendant des siècles à travers les systèmes les plus divers. Nombre de berserkers avaient peut-être été détruits avant que leurs essaims vinssent s’abattre sur les hommes. Les machines rescapées avaient appris, dans la mesure où des machines peuvent apprendre, à éviter des erreurs de tactique et à ne jamais pardonner les fautes d’un adversaire. Le programme fondamental incorporé dans leurs mémoires était la destruction de toute vie rencontrée. Mais les plans stratégiques de chaque machine individuelle étaient imprévisibles, étant conçu selon les données statistiques d’une désintégration atomique dont un radio-isotope de longue période était le théâtre, au centre même du mécanisme.

L’esprit de Hemphill balançait entre la vie et la mort qui se trouvait matérialisée sous ses doigts par le plongeur de la bombe. L’ennemi couleur de nuit était pour lui synonyme de mort ; aussi ancien qu’un météore, il avait quelque cent cinquante kilomètres de circonférence en son centre. Sa surface noire et burinée de cicatrices se rapprochait dans la clarté irréelle des étoiles, se transformant en une véritable planète vers laquelle tombait la vedette.

Hemphill demeura collé à sa coque, lorsque l’engin fut aspiré dans une ouverture où plusieurs vaisseaux auraient tenu à l’aise. La taille et la puissance du berserker environnaient l’homme de toutes parts, et l’impression était suffisamment écrasante pour annihiler la haine autant que le courage.

Sa petite bombe n’était qu’une dérisoire amorce pour pistolet d’enfant. Lorsque la vedette accosta un débarcadère interne, Hemphill bondit aussitôt à sa surface et se mit à la recherche d’une cachette.

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23/10/2011

Le cerveau humain

J'ai lu une étonnante histoire vraie dans Vocable, une revue que je reçois régulièrement. Debbie, une jeune grand-mère de 48 ans, qui a passé toute sa vie à Glasgow a eu un AVC jugé pas trop grave. Lorsqu'elle se réveille, elle ne peut plus parler durant deux semaines, ensuite lorsqu'elle retrouve enfin la voix, elle ne la reconnaît pas ; ça sonne Chinois au début et elle finit par parler avec l'acccent italien alors qu'avant l'accident vasculaire cérébral elle parlait avec l'accent prononcé de Glasgow. Qui plus est, elle n'est jamais allée de sa vie ni en Chine, ni en Italie. Étonnant le cerveau humain n'est-ce pas ?  L'article :

"A Glaswegian grandmother has started speaking with an Italian accent after suffering a stroke, despite never having visited the country, reports The Telegraph. When Debbie McCnn, 48, had a minor stroke in November last year, she was left with a voice she didn’t recognise. She has been diagnosed with Foreign Accent Syndrome, an extremely rare medical condition where a person starts speaking in a different accent due to a brain injury, stroke or migraine. Just 60 people on the planet are affected by the condition that has left Debbie sounding more Botticelli than Braveheart. Mrs McCann said : "I've lived in Galsgow all my life and had a strong Glaswegian accent before the stroke. For the first two weeks, I couldn’t speak at all and it was very frustrating. When my voice came back, I sounded Chinese. I couldn’t believe it. Now, people say I sound more like I’m from Italy, yet I’ve never been to either of those countries." Mrs McCann added : "I’m having speech therapy and every day I Wake up hoping my old voice will be back."

   

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Suite de l'extrait des Prisonniers de la machine par Fred Saberhagen

Suite de l’extrait mis en ligne avant-hier, mais avant toute chose, un petit résumé : Hemphill se trouve avec deux autres survivants, dans le vaisseau spatial endommagé par un berserker. Le berserker est une machine robot intelligente, telle une poupée russe elle contient quantité d’autres systèmes et peut éventuellement transporter des passagers. On pense que ceux qui l’ont inventé il y a bien longtemps et mis en circuit n’ont pas eu de descendants, aucun contact avec eux n’ayant jamais pu être établi. La machine parlante, constamment en pilotage automatique se propose exceptionnellement de recueillir à son bord les naufragés de l’astronef qu’elle vient d’attaquer, pour se livrer à quelques expériences sur des humains qu’elle nomme Les malevies. Malevie, voilà comment les inventeurs du berserker percevaient la vie humaine. Tout un programme d’extinction des humains pour cette infernale création.

 

L'extrait :

 

"Hemphill ne pouvait espérer mettre, à lui seul, le tube en batterie, mais il comptait en extraire le détonateur à explosifs chimiques, dont les dimensions lui permettait de le transporter sous son bras. Tous les passagers avaient revêtu les combinaisons spatiales de secours, dès qu’avait commencé le combat inégal ; il découvrit à présent un réservoir d’air supplémentaire et un pistolet laser pour officier, qu’il passa dans une boucle de sa ceinture.

La fille s’approcha de lui à nouveau. Il la regardait venir d’un œil vigilant.

« Exécutez votre projet, » dit-elle avec une calme conviction, tandis que leurs trois corps tournaient lentement dans la pénombre, avec pour fond sonore le sifflement des fuites d’air. « N’hésitez pas. La perte d’une vedette l’affaiblira un peu pour le prochain combat. Et comme il ne nous reste aucune chance de survivre… »

« Oui, » dit-il en confirmant son accord par un hochement de tête. Cette fille avait su discerner l’objectif dont l’importance était primordiale : endommager le pirate, le frapper, le brûler, le détruire, l’exterminer. Le reste était négligeable.

Il désigna l’officier blessé et murmura : «  Ne lui permettez pas de me livrer. »

Elle inclina silencieusement la tête. L’ennemi pouvait peut-être les épier puisqu’il parvenait à se faire entendre à travers la coque du vaisseau. Il était probablement aux écoutes.

« La vedette s’approche, » dit le blessé d’une voix calme et lointaine.

Autre chapitre : l’auteur propulse son lecteur dans le berserker. L’auteur et son lecteur sont dotés d’ubiquité dans cette histoire.

 

« Bonnevie ! » appela la machine dont la voix hoquetait comme de coutume, entre les syllabes.

« ici ! » Il se réveilla en sursaut et se mit rapidement sur pied. Il s’était laissé aller à la somnolence sous l’eau tombant goutte à goutte d’un robinet d’eau potable.

« Bonnevie ! » Il n’y avait ni haut-parleurs ni téléviseurs dans le petit compartiment ; l’appel provenait d’une certaine distance.

« Ici ! » Il courut dans la direction de l’appel, ses pieds glissant sur le métal et le martelant tour à tour. C’est la fatigue qui avait dû avoir raison de lui. Si la bataille n’avait guère dépassé les dimensions d’une escarmouche, il avait néanmoins dû s’affairer en tous sens auprès des innombrables machines qui peuplaient couloirs et passages, réparant les dégâts. Mais ses efforts n’apportaient guère de résultats.

À présent sa tête et son cou étaient endoloris par le contact du casque qu’il avait dû enfiler ; et la peau de son corps était irritée en certains points par la combinaison qu’il avait revêtue au début du combat. Heureusement, cette fois, il n’avait pas souffert du moindre dommage.

 

Il s’approcha de l’oculaire plat d’un téléviseur et attendit.

« Bonnevie, la machine pervertie a été détruite et les quelques malevies qui subsistent sont réduits à merci. »

« Oui ! » La joie le fit sautiller sur place.

« Je vous rappelle que la vie est néfaste ! » dit la voix de la machine.

« Néfaste est la vie, je suis bonnevie ! » dit-il vivement en cessant de sautiller. Il ne pensait pas que la punition fût imminente mais il voulait s’en assurer.

 

« Oui, comme avant vous vos parents, vous avez été utile. À présent j’ai l’intention d’amener d’autres humains à l’intérieur de moi-même pour les étudier de près. Votre prochain rôle consistera à vous occuper d’eux, durant mes expériences. Je vous le rappelle, ils sont malevie. Nous devons être prudents. »

« Malevie » Il savait qu’il s’agissait de créatures extérieurement semblables à lui-même, vivant dans un monde au-delà de la machine. Elles étaient la cause des secousses, des chocs et des dommages qui composent une bataille.

« Malevie… ici » Pensée propre à vous glacer la moelle. Il leva ses propres mains pour les examiner, puis essaya de se représenter la malevie comme si elle se matérialisait sous ses yeux.

« Rendez-vous maintenant à la chambre médicale, » dit la machine. « Vous devez être immunisé contre toutes les maladies avant de pouvoir approcher la malevie. »"

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