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12/11/2014

La propriété de certains cailloux — Marie Noël notes intimes

La propriété d'un certain caillou ou  fragment de pechblende est de contenir d'étranges substances :  "La pechblende, dont on exploite les gisements pour extraire l' uranium, est composée de dioxyde d'uranium. Elle se trouvait en quantité dans des mines d’ argent de  Bohême. Le gisement de  Jachymov (district de Karlovy Vary en République tchèque), aujourd'hui épuisé, est le plus connu : c'est ce gisement qui a fourni la pechblende nécessaire à l'extraction du  radium par  Pierre et Marie Curie." (Wikipédia)

 

De découvertes en découvertes des scientifiques sont  embringués dans un  voyage qui leur semble merveilleux mais qui présente de grands dangers. La passion de la découverte les tient, ils ont de plus beaucoup "de cerveau disponible" pour les exploiter, innocemment je pense, à l'instar d'enfants surdoués : toutes ces découvertes sont leurs contes de fées à eux, que personne pour le coup n'ose défaire, comme d'aucuns l'osèrent pour les Contes de fée  gaillardement métamorphosés en Conte Défait,  car les applications scientifiques débouchent sur des transformations tangibles au-delà de promesses de Monts et merveilles : nous pouvons toucher tous les jours les citrouilles transformées en carrosses,  qui vont des simples allume-gaz aux téléphones portables : quelle magie !  Dans certains domaines scientifiques, hélas,  un gros Mais s'insinue bientôt comme un nuage,  pire quand il se concrétise en champignon géant de la bombe atomique.  Alors que dans d'autres domaines de la science, le ciel reste au beau fixe. Pasteur par exemple avec la pasteurisation et la vaccination ne rencontre pas de mauvais tranchant à ses découvertes, à ce que j'en sais, c'est un secteur de recherche où il y a quasi tout à prendre, comme disent les amateurs de cochons et presque rien à laisser ;  parmi les découvertes par contre  d'autres scientifiques, les choses se compliquent à cause du mauvais tranchant ;  certes il y a le côté bienfaisant : grâce aux radios on peut détecter et de là attaquer le mal, réussir même parfois à l'éradiquer, mais d'un autre côté les rayons X peuvent donner la leucémie. Idem quand on considère la vie moderne : un téléphone portable peut sauver la vie d'un homme en détresse mais la démultiplication des téléphones portables créent des zones d'ondes intolérables à certains.  Le mieux serait encore en ces circonstances d'accomplir notre devoir de citoyen en sachant discerner les limites quant aux applications, et ne pas stimuler les scientifiques dans de mauvaises voies quitte à leur faire porter le chapeau par la suite. L'humble bon sens ordinaire devrait suffire à cette tache.  Parmi tous ces savants, à ce qu'on aime dire,  aucun n'aurait le melon, ils seraient comme de grands enfants surdoués pris dans le merveilleux de leurs découvertes aux applications fantastiques, sur un nuage certes, mais bien sans orgueil,  apanage des crétins à ce qu'il paraît. La guerre néanmoins  nous a aussi appris qu'il existait dans les camps de concentration, des savants idiots faisant des expériences horribles sur les détenus...  D'un autre côté nous pouvons constater que des scientifiques ont découvert comment vaincre le virus de l'Ebola.  La science s'impose parfois plus que lourdement dans les vies des uns et des autres, et apporte aussi le confort, parfois sauve. La gageure à tenir  reste difficile : faire en sorte que la science ne déshumanise ni les scientifiques, ni ceux qui les courtisent , oubliant, dans leur émerveillement non feint qui est aussi le mien par moment,   de défaire certaines choses liées à la science. Admiration sans obnubilation ... quel billet j'ai écrit là ce matin ! le billet de la citoyenne en somme.

 

Lu ce jour dans Jubilate Déo  :

 

"Silence, le pays au-delà de tous pays. Silence, l'oiseau qui chante où personne n'entend. Mais Dieu l'écoute, la fontaine qui coule où personne ne passe. Mais Dieu y vient boire."

Marie Noël, Notes intimes

 

Pour moi ce texte  parle de la Présence. Celle que l'on ressent comme bienveillance à l'état pur lorsqu'on est seul(e) et que d'un coup le recueillement s'impose. 

    

12:16 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)

11/11/2014

Docteur Watson

On ne pouvait pas mieux dire à mon sens que ce que Télérama a dit de ce film : Breaking the waves :

 

"Genre : mélo.

« Il s'appelle Jan. » La confession de Bess fait l'effet d'un lance-flammes, dans cette austère église écossaise. Sous son bonnet de laine rêche, la jeune fille roule des pensées interdites par la morale locale. L'objet de sa passion lui est livré du ciel, par hélicoptère : un Viking gigantesque, employé sur les plates-formes du grand large. Mariage. Amour fou. Jusqu'au jour où l'hélicoptère rapatrie Jan à Bess. Le colosse a reçu un pylône sur le crâne. Les amoureux sont désormais à égalité, avec leurs caboches qui ne tournent pas rond... Breaking the waves décrit l'éveil d'une femme que le puritanisme a littéralement dépecée. Bess vit à fleur de peau. Les gestes de tous les jours deviennent tous sensuels, irrémédiablement liés à sa passion pour Jan. Emily Watson est inoubliable, avec ses regards par en dessous et ses fous rires intérieurs. En mouvement permanent, elle a toujours l'air de ressentir les choses pour la première fois. Est-ce cette renaissance perpétuelle qui rend le film si poignant, si vivace ?"

 

Je l'avais déjà vu en DVD, trouvé à la médiathèque de Béthune. Mais ni Pat ni moi nous souvenions clairement de ce film désormais inoubliable. La seconde fois, sans trivialité, peut être mieux que la première parce que l'on se pose plus de questions sur soi par rapport au film, et sur le fonctionnement de notre mémoire propre. Comment avais-je pu oublier par exemple ce visage qui tient à la fois de la comedia del arte, du mime Marceau, et de quelque chose de plus introverti, qui affleure par des sourires et des regards en dessous ? Un don que de savoir jouer à ce niveau. Les fou rires intérieurs comme dit le critique de Télérama, oui, bien vu l'artiste ! comme si elle n'était pas seulement en dialogue extraverti entre le Moi et le Surmoi quand elle s'adresse à Dieu tel qu'elle l'imagine mais qu'un dialogue sous-jacent plus profond entre elle et l'indicible se faisait. Dieu pour Bess est un policier d'une austérité rare, elle se fait petite, elle est dans ses petits souliers face à lui, sa voix se brise devant lui, comme celle d'un petit prolo face à un patron dont on implore la clémence... c'est vrai, tout cela semble avoir fatigué tout son être, l'avoir mise à fleur de peau. Sa sensibilité à cet égard l'aura sans doute anormalisée. Son psychiate à la fin ressent cela comme de la bonté. Car Bess se donne à fond, le colosse Dieu elle compte qu'il la prendra en pitié et lui accordera la guérison de l'autre colosse, de chair et d'os. Rébellion vers la fin contre les pasteurs dont elle dénonce l'absence de sensualité du fait qu'ils ne se fient qu'aux mots, c'est absurde leur dira-t-elle. Et pour finir, elle s'immole comme l'agneau pour son amour, elle se livre aux bourreaux... et doute quand elle voit, en agonie,  que cela n'aura pas apparemment rétabli  son bienaimé. Et que voit-on en conclusion, ou plutôt qu'entend-on ? Les cloches tinter, carilloner, comme signe pour les amis de Bess, qu'elle a rejoint le ciel. Le mariage avec Dieu a réussi mieux que son mariage sur terre, c'st ainsi que l'interprètent ses amis car le signe est fort : Bess regrettait beaucoup que le clocher de son village n'eût pas de cloches, notamment à la célébration de son mariage avec le viking. Ce dernier fut-il à la hauteur de l'amour de Bess, peu à peu il l'a égalée en sensibilité puisqu'il l'a soutirée à la malédiction des bigots. 


En savoir plus sur http://television.telerama.fr/tele/films/breaking-the-waves,8638.php#iJZAJl7Ctr7QLM12.99
 

 

10/11/2014

Du gris souris au bleu lumineux

En sortant ce matin direction le marché, j'ai découvert un ciel "bleu d'Avignon" qui rayonnait sur la ville,  "bleu d'Avignon" en référence à l'hiver que nous passâmes à Avignon mon ami et moi,  fin des années soixante-dix, où le ciel fut toujours d'un bleu limpide et intense durant toute la saison automne-hiver dans mon souvenir. Il arrive que Béthune bénéficie d'un tel ciel et lors de ces manifestations la ville en est toute métamorphosée. La brique rouge prend une nuance orange lumineux, zébrée des ombres que projette le soleil. La ville sourit, les gens se regardent plus qu'à l'ordinaire. Moins de têtes d'enterrement que nous réserve plus souvent le gris, si "souris" soit-il.  Et l'air était doux... le marché fut vite fait. Je passai devant la marchande de poulets en train de discuter avec une dame qui lui disait des douceurs dans un picard, ou patois, hardi et énergique, le compliment avait la  tournure  d'une enguelade pour les non habitués, en fait, sous cape c'était la tendresse. Je passai et continuai jusque les anciens marchands de tissu, qui se reconvertirent en marchand de tapis, et qui sont  maintenant  marchands de souliers à six euros, et dix pour deux paires achetées. Un couple inséparable de fieffés dégourdis, je ne sais pas où ils vont dégotter leurs produits divers et variés,  solides ma foi et originaux. Je me  souviens que dans le temps de la vente de tissus, ceux-ci avaient été mis au rebut parce que par exemple, ils avaient déteint. Mais avec  quelques mètres de leurs tissus  déteints, j'avais confectionné des rideaux aux couleurs bleues et blanches douces, reposantes. Je les ai gardés longtemps. Voilà qu'aujourd'hui je leur ai acheté des souliers à échasse. Je ne sais pas ce qui m'a pris, avec déjà mon mètre soixante-dix de hauteur. Je vaquai enfin du côté de la fripe où je dégottai un étonnant manteau rouge coquelicot, coupé dans un style duffle-coat léger, bien doublé, qu'un homme à l'accent algérien me vendit pour cinq euros "sonnants et trébuchants"... pas voleur pour un sou l'homme en question, et il me  souhaita une bonne journée par-dessus le marché, sous le ciel "bleu d'Avignon"... j'étais comblée et parée pour ce qui suit :   direction le cabinet de la dentiste avec laquelle j'avais dûment pris rendez-vous. J'y découvris un milieu de femmes, hormis les patients qui sont quelquefois des hommes ; dans la salle d'attente je feuillette une revue intitulée "obsession" où il n'y a que des photos de femmes jeunes et toutes fort belles, un peu comme si les vieilles dames devaient rester à la niche ... quand même elles n'en auraient pas envie. Une ambiance d'étudiantes concentrées, sages comme des images,  ces praticiennes sont jeunes elles aussi, débutent dans le métier croirait-on. Bref, fraîcheur et équilibre, et moi, et moi, et moi... qui les regarde avec un étonnement discret  du haut de mes échasses. Hélas dans cette harmonie de femmes tranquilles comme de jolies moniales, le son strident de la roulette s'est fatalement fait entendre me rappelant que j'étais bien dans un cabinet de dentiste. D'ailleurs, avant cela, il y avait eu un coup de semonce avec  la radio : j'étais seule dans une pièce exigüe, debout, serrant une barre métallique de chaque côté, et "mordant" comme il m'avait été demandé une languette de plastique, le menton posé sur un machin-chose,   une sorte de machine me   bourdonnant de façon assourdissante autour de la tête : j'ouvris les yeux à la fin et vis derrière un hublot la belle moniale   dont le regard bleu  souriait avec, me sembla-t-il, un peu  d'ironie. Je suis ressortie de ce frais couvent-cabinet de dentiste un peu désorientée, les oreilles cassées mais éblouie par l'étrange sagesse, tout en hauteur quelque part,  émanant des jeunes femmes ... quelque peu déstabilisée sur mes échasses de héron. Je suis sensible au bruit que voulez-vous ; la prochaine fois, c'est-à-dire, très bientôt, j'emmène les boules quiès et je lis sur leurs lèvres, qu'elles ne peignent pas soit dit au passage, car elles ont une joliesse tout ce qu'il y a de plus naturel. Une fois rentrée à la maison après une heure passée dans le parc à frissonner sur un banc, tête nue dans mon duffle-coat rouge coquelicot,  dont je n'avais pas relevé la capuche, à lire mon Féval, je décide d'écouter un brin de radio et là, j'entends un personnage qui pourrait rappeler un Henry de Lagardère des temps modernes, car le jeune homme, intrépide,  se rend en Syrie en tant que reporter,  alors même que tout à chacun, craint à raison de s'y faire couper la tête. C'était sur France Culture, Les pieds sur terre. Le jeune homme a même écrit un conte pour sa fille semblerait-il,  qui va s'intituler "Papa Hérisson va-t-il rentrer à la maison ?" Je vais tenter de podcaster.       

15:54 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)