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16/12/2018

Comment oublier d'être heureux ?

 Le réflexe d'effacement de Jean pour préparer la venue du Christ :

 

"Deux grands témoins nous préparent aujourd'hui à la venue du Seigneur : le Baptiste et saint Paul vieillissant, dans sa lettre aux Philippiens. Ecoutons-les successivement pour réchauffer notre espérance à leur enthousiasme.

Jean le Baptiste est l'homme de l'urgence et de la décision ; et ses consignes viennent réveiller les croyants : "Faites des fruits dignes de votre repentir", dignes du baptême de pénitence que vous venez de recevoir. En écho à cet appel, trois groupes viennent à lui avec la même question : "Que nous faut-il faire ?"

Aux gens ordinaires de la foule, Jean répond simplement : "partagez !" ; et il vise en particulier le vêtement et la nourriture. Aux collecteurs d'impôts, le Baptiste n'impose pas de quitter leur travail, mais ils ne doivent pas chercher à s'enrichir en faisant payer aux gens plus que l'occupant ne demande. Les soldats non plus n'auront pas à renoncer à leur métier ; mais ils ne devront pas profiter de leur force et de leurs armes pour vivre aux dépens des habitants du pays ni pour calomnier et dénoncer sans scrupule.

C'est l'ascèse de tous les jours, au niveau de l'avoir et du pouvoir, mais ce n'est qu'une des facettes de la spiritualité du Précurseur, car son désir de probité et de générosité s'enracine, en profondeur, dans une humilité radicale devant Dieu, devant le plan de Dieu et devant Celui qui va le mettre en œuvre : "lui vous plongera dans l'Esprit Saint ".

La toute première ascèse du Baptiste est de rester à sa place dans le dessein de Dieu, à sa place de précurseur du Messie ; mais pour lui, nous le savons, c'était beaucoup plus une joie qu'un effort : "il faut qu'Il croisse, et que moi je diminue !".

La grandeur d'âme du Baptiste sera de garder cette humilité et ce réflexe d'effacement même quand il verra Jésus choisir un style d'action tout différent du sien. Pour l'instant il se représente le Messie un peu à sa propre image : vannant le blé à la grande pelle et brûlant la menue paille dans un feu jamais éteint. En réalité ce Messie "plus fort que lui" mettra tous ses disciples à l'école de sa douceur.

Avec saint Paul notre ascèse de l'Avent, sans cesser d'être pratique et réaliste, va descendre dans notre cœur jusqu'à la racine de nos décisions et de nos comportements.

Ce sera avant tout l'ascèse de la joie, de la joie ancrée dans la Pâque de Jésus et maintenue courageusement, en dépit des épreuves et des incertitudes, familiales ou communautaires, en dépit également de nos désarrois personnels devant la maladie, l'incompréhension ou la solitude. Une sœur joyeuse, une maman joyeuse, joyeuse malgré tout, quel soleil dans la communauté, quelle espérance dans le cœur des enfants ! "Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je vous le redis, insiste saint Paul, réjouissez-vous !"

Et il ajoute, pour faire bonne mesure : "n'entretenez aucun souci". Ce sera l'ascèse de la confiance, si onéreuse pour nous qui voulons tout garder en mains, notre propre destin et celui de notre communauté. Le secret, selon saint Paul, est de tout demander, et de faire de Dieu le confident de tous nos besoins et de toutes nos craintes. Car nous passons notre vie à craindre, alors que "le Seigneur est proche", à portée de foi, à portée de prière.

Au fond, l'une des ascèses les plus nécessaires, pour notre cœur inquiet et trop souvent triste, est de laisser venir la paix de Dieu, cette paix qui, selon saint Paul, va "monter la garde" à l'entrée de notre cœur et maintenir nos pensées "dans le Christ Jésus ". Tant de négatif pénètre dans nos sentiments, dans nos souvenirs, dans notre regard sur demain ; tant de lassitude ou d'amertume se glisse parfois dans nos gestes ou dans nos paroles ; tant de retours sur le passé nous paralysent ou dévitalisent notre prière !

Le Seigneur est proche, le Seigneur vient.

Déjà il nous a choisis, déjà il nous a appelés.

Déjà chaque jour il nous ouvre sa vie.

Comment pourrions-nous oublier d'être heureux ?

Deux grands témoins nous préparent aujourd'hui à la venue du Seigneur : le Baptiste et saint Paul vieillissant, dans sa lettre aux Philippiens. Ecoutons-les successivement pour réchauffer notre espérance à leur enthousiasme.

Jean le Baptiste est l'homme de l'urgence et de la décision ; et ses consignes viennent réveiller les croyants : "Faites des fruits dignes de votre repentir", dignes du baptême de pénitence que vous venez de recevoir. En écho à cet appel, trois groupes viennent à lui avec la même question : "Que nous faut-il faire ?"

Aux gens ordinaires de la foule, Jean répond simplement : "partagez !" ; et il vise en particulier le vêtement et la nourriture. Aux collecteurs d'impôts, le Baptiste n'impose pas de quitter leur travail, mais ils ne doivent pas chercher à s'enrichir en faisant payer aux gens plus que l'occupant ne demande. Les soldats non plus n'auront pas à renoncer à leur métier ; mais ils ne devront pas profiter de leur force et de leurs armes pour vivre aux dépens des habitants du pays ni pour calomnier et dénoncer sans scrupule.

C'est l'ascèse de tous les jours, au niveau de l'avoir et du pouvoir, mais ce n'est qu'une des facettes de la spiritualité du Précurseur, car son désir de probité et de générosité s'enracine, en profondeur, dans une humilité radicale devant Dieu, devant le plan de Dieu et devant Celui qui va le mettre en œuvre : "lui vous plongera dans l'Esprit Saint ".

La toute première ascèse du Baptiste est de rester à sa place dans le dessein de Dieu, à sa place de précurseur du Messie ; mais pour lui, nous le savons, c'était beaucoup plus une joie qu'un effort : "il faut qu'Il croisse, et que moi je diminue !".

La grandeur d'âme du Baptiste sera de garder cette humilité et ce réflexe d'effacement même quand il verra Jésus choisir un style d'action tout différent du sien. Pour l'instant il se représente le Messie un peu à sa propre image : vannant le blé à la grande pelle et brûlant la menue paille dans un feu jamais éteint. En réalité ce Messie "plus fort que lui" mettra tous ses disciples à l'école de sa douceur.

Avec saint Paul notre ascèse de l'Avent, sans cesser d'être pratique et réaliste, va descendre dans notre cœur jusqu'à la racine de nos décisions et de nos comportements.

Ce sera avant tout l'ascèse de la joie, de la joie ancrée dans la Pâque de Jésus et maintenue courageusement, en dépit des épreuves et des incertitudes, familiales ou communautaires, en dépit également de nos désarrois personnels devant la maladie, l'incompréhension ou la solitude. Une sœur joyeuse, une maman joyeuse, joyeuse malgré tout, quel soleil dans la communauté, quelle espérance dans le cœur des enfants ! "Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je vous le redis, insiste saint Paul, réjouissez-vous !"

Et il ajoute, pour faire bonne mesure : "n'entretenez aucun souci". Ce sera l'ascèse de la confiance, si onéreuse pour nous qui voulons tout garder en mains, notre propre destin et celui de notre communauté. Le secret, selon saint Paul, est de tout demander, et de faire de Dieu le confident de tous nos besoins et de toutes nos craintes. Car nous passons notre vie à craindre, alors que "le Seigneur est proche", à portée de foi, à portée de prière.

Au fond, l'une des ascèses les plus nécessaires, pour notre cœur inquiet et trop souvent triste, est de laisser venir la paix de Dieu, cette paix qui, selon saint Paul, va "monter la garde" à l'entrée de notre cœur et maintenir nos pensées "dans le Christ Jésus ". Tant de négatif pénètre dans nos sentiments, dans nos souvenirs, dans notre regard sur demain ; tant de lassitude ou d'amertume se glisse parfois dans nos gestes ou dans nos paroles ; tant de retours sur le passé nous paralysent ou dévitalisent notre prière !

Le Seigneur est proche, le Seigneur vient.

Déjà il nous a choisis, déjà il nous a appelés.

Déjà chaque jour il nous ouvre sa vie.

Comment pourrions-nous oublier d'être heureux ?"

04:55 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

13/12/2018

Écologie et capitalisme

 

"Faut-il compter sur les gouvernements nationaux pour sauver le climat ? Un État peut-il être capitaliste et écologiste ? Pour Geoff Mann et Joel Wainwright, l’appel à cette solution manque de réalisme, et d’autres formes de lutte contre le réchauffement climatique doivent être envisagées."

 

"Can we rely on national governments to tackle climate change? Is a green capitalist state possible? For Geoff Mann and Joel Wainwright, such expectations are unrealistic, and other solutions need to be considered."

 

https://laviedesidees.fr/L-improbable-Etat-de-la-justice-...

12/12/2018

La méditation des carmes ce jour

"Vous qui peinez et qui êtes surchargés"...

 

Jésus, en disant cela, s'adressait en premier lieu à tous ceux qui étaient écrasés et blessés par le fardeau ou le joug de la Loi, mais aussi, plus largement, à tous ceux qui pliaient sous le poids des épreuves. Et là, chacun de nous se sent rejoint, compris, et interpellé. Car les épreuves sont notre lot à tous, au moins à certaines heures ou à certains tournants de la vie : Epreuves de santé, épreuves de famille, épreuves dans la réalisation de nous-mêmes et, pour les consacrés, épreuves de la vie communautaire.

 

Même les personnes au caractère le plus heureux ou le mieux trempé peuvent se sentir un moment écrasé par l'épreuve ; et quand les soucis s'accumulent, elles accusent le coup, car le malheur leur semble sans issue.

 

"Venez à moi, dit Jésus, vous qui pliez sous le poids de la souffrance, vous qui pleurez un être cher, car je viens habiter votre solitude.

 

Venez à moi, vous qui êtes las de vous donner et de vous oublier, car avec moi cette mort sera fécon­de.

 

Venez, vous qui peinez au désert de la foi, car ma parole le fera refleurir.

 

Venez à moi, vous que la haine a chassés de votre pays, de votre maison ou des horizons de votre enfance, car avec moi vous serez dans le pays de Dieu.

 

Venez à moi, vous qui pleurez de ne pouvoir pardonner, car je suis doux et humble de cœur.

 

Venez à moi, et moi, je vous ferai reposer."

 

Mais comment Jésus s'y prend-il, et quel ce repos qu'il nous promet ? Est-ce que le Seigneur enlève d'un seul coup de nos épaules toutes les charges et tous les jougs ?

 

Non : la plupart du temps nos fardeaux restent en place, même si parfois Dieu exauce nos prières de manière inattendue. Le plus souvent les fardeaux ne changent pas : c'est nous qui changeons sous le fardeau, à partir du moment où nous l'assumons comme le fardeau que Jésus nous demande de porter, et à partir du moment où, à l'école de Jésus, nous reprenons un chemin d'humilité et de douceur.

 

Car souvent c'est la révolte et l'agressivité qui nous ôtent toute force intérieure. Ce qui nous paralyse, c'est de deviner ou d'imaginer, derrière les épreuves, telle ou telle réaction trop humaine, telle ou telle incompréhension ou animosité, telle ou telle injustice, telle ou telle volonté de nous barrer la route.

 

Ce qui nous fait chavirer dans notre espérance, c'est d'interpréter nos souffrances comme un rejet de Dieu ou comme une absence de son amour.

 

À l'école de Jésus, on n'échappe pas forcément à l'épreuve, mais on apprend à lui donner un sens, à l'orienter le plus possible vers la vie, à l'assumer résolument dans la réponse à Dieu.

 

Le fardeau demeure, mais il devient léger, parce que c'est l'amour qui le porte : ce n'est plus le fardeau honni, mais le fardeau de Jésus. Le joug pèse encore sur les épaules, mais il ne fait plus mal, parce que Jésus lui-même l'a posé et l'ajuste chaque matin.

 

"Je vous ferai reposer", dit Jésus. Or son repos à lui fut rejoint à travers la Croix ; et c'est dans ce mystère qu'il nous invite à entrer : c'est par l'humilité et la douceur qu'il est entré lui-même dans le repos de Dieu."