06/12/2013
L'arbre noir
Ce grand arbre noir Ce ciel plein de fumée Devant ma fenêtre Aux vitres embuées Ce feu qui brûle et craque Ces reflets sur ces murs Le parfum de ces fleurs Sur ces meubles obscurs Et le bruit De ces gouttes de pluie Qui claquent sur les toits La nuit C'est un décor que tu connais Peut-être t'en souviendras-tu Rappelle-toi la cheminée Les livres si souvent relus Rien n'est changé, tout est pareil Tout est pourtant si différent Il flotte comme un goût de sommeil Ou de tristesse, je ne sais comment Ce n'est peut-être que le temps Qui passe et laisse une poussière De rêves morts et d'illusions Peut-être est-ce ton absence, mon coeur
Nino Ferrer
09:29 Publié dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2013
Et un groupe de femmes veillait sur les rochers
"Cependant la cloche, dans la chapelle, hélait encore plaintivement car il manquait trois barques, et un groupe de femmes veillait sur les rochers.
Mais avant minuit deux d’entre elles revinrent et, comme l’équipage ayant ramassé les filets, se dirigeait vers les maisons, une vieille lui barra le chemin.
— « Je Cherche » est-elle loin ?— demanda-t-elle tout bas.
— Savons pas, la mère. Tout de suite après midi le brouillard et le vent nous ont saisis. Nous nous sommes perdus. Peut-être qu’elle vient derrière nous, peut-être qu’elle s’est égarée ou ben qu’elle attend près des Sirènes que le brouillard soit tombé. Le temps est mauvais ; au large le flot vient d’en bas, le vent est court et le brouillard étouffe ; c’est seulement près des rochers que nous avons entendu les cloches. Ayez pas peur, y reviendront au matin. Bonne nuit, mère Caradec !
Elle ne répondit pas, elle écoutait l’océan.
Depuis longtemps déjà, le rivage s’était tu ; les derniers paniers de poissons avaient été enlevés des barques, quelque part la dernière porte s’était refermée, le dernier cabaret était clos et la dernière fenêtre s’était éteinte ; la mère Caradec veillait encore. Elle attendait son fils et sa fière « Je Cherche ». Elle attendait.
La nuit retomba silencieuse, obscure, humide. Les brumes enveloppaient le monde de leurs voiles noirs, mouillés, sur lesquels de temps en temps brillaient les éclats argentés de lumières lointaines. L’océan s’effondrait lourdement dans l’obscurité, les eaux s’amassaient ; on entendait la foule tumultueuse des vagues sortir des profondeurs et éclabousser les bords avec une plainte. La lutte sauvage, acharnée, avec la terre, recommençait.
Le village dormait, les maisonnettes en granit s’étaient assoupies, et les ruelles étroites, les routes interminables reposaient inertes au fond de la nuit.
Dans la chapelle déserte, embrumée, une lampe brûlait et parmi les reflets tremblants, dorés, émergeait, spectrale, la figure violette de la Sainte-Vierge et ses yeux immobiles regardaient à travers le brouillard, à travers le monde entier.
Assise sur le seuil, la mère Caradec égrenait un chapelet.
Patiemment elle attendait son fils et sa « Je Cherche ».
La pluie filtrait sans cesse et la frappait à la tête avec un murmure monotone assoupissant. Parfois les lames du flux crachaient sur elle une immonde écume salée ; mais elle ne sentait pas le froid ; absorbée dans sa prière elle ne savait ce qui se passait autour d’elle.
Elle disait son chapelet, pesant longtemps chaque grain, murmurant chaque mot avec un infini amour ; cette prière la défendait contre l’inquiétude et la frayeur dont les serpents flamboyants enveloppaient son cœur en des étreintes étouffantes. Par moments elle oubliait la prière, le chapelet s’échappait de ses mains et ses yeux se dirigeaient, craintifs, dans l’obscurité menaçante et lugubre.
Elle cherchait son fils là bas et ne trouvait que l’effroi, car, venus des brumes, les terribles fantômes du passé entouraient son âme.
Ils éveillèrent en elle les anciennes minutes maudites et douloureuses.
— Ayez pitié de moi ô Mère de miséricorde ! — murmurait-elle suppliante, revenant dans le cercle des reflets dorés. Et, comme un oison abandonné, elle se blottissait confiante aux pieds de la statue sacrée ; elle voulait s’enfuir loin de ces fantômes lugubres ; mais les anciennes douleurs, les anciens désespoirs, comme des cadavres, se levaient des tombes de l’oubli."
Intégral : http://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Reymont%20-...
04:53 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
09/08/2013
Qu'importe si je sais ...
Le poème du jour ici : http://wheatoncollege.edu/vive-voix/poemes/sous-vos-longu...
23:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)