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16/10/2007

Poésie

Le tétrasyllabe. le tétrasyllabe (en grec, tettares = « quatre ») est le vers de quatre syllabes. Il est dans la très grande majorité des cas employé en hétérométrie, et ce à toutes époques, par exemple dans la complainte de Rutebeuf où il accompagne des octosyllabes :

— Que sont mi ami devenu

Que j’avoie si près tenu

Et tant amé ?

Je cuit qu’il sont trop cler semé ;

Il ne furent pas bien femé

Si sont failli.

 

Ou dans les Contrerimes de Paul-Jean Toulet, alternant avec des hexasyllabes :

Tout ainsi que ces pommes

De pourpre et d’or

Qui mûrissent aux bords

Où fut Sodome ;

 

Comme ces fruits encore

Que Tantalus,

Dans les sombres palus,

Crache, et dévore ;

 

Mon cœur, si doux à prendre

Entre tes mains,

Ouvre-le, ce n’est rien

Qu’un peu de cendre.

 

Le vers libre l’emploie beaucoup, comme tous les vers courts, en contrepoint :

Pourquoi s’étendre si longtemps dans les plumes de la lumière

Pourquoi s’éteindre lentement dans l’épaisseur froide de la carrière

Pourquoi courir

Pourquoi pleurer

Pourquoi tendre sa chair sensible et hésitante

À la torture de l’orage avorté

(Pierre Reverdy, Ferraille, Mercure de France)

 

L’emploi du tétrasyllabe en isométrie est beaucoup plus rare. Outre l’exemple des troisième et antépénultième strophes des « Djinns » de Victor Hugo, on peut citer la très parodique « Fête galante » de  l'Album zutique que Rimbaud dédie à Verlaine :

 

Rêveur, Scapin

Gratte un lapin

Sous sa capote.

 

Colombina,

– Que l’on pina ! –

– Do, mi, – tapote

 

L’Œil du lapin

Qui tôt, tapin,

Est en ribote…

 

 

Dictionnaire de poétique, Michèle Aquien

 

 

08:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

13/10/2007

Poésie ludique

La tmèse.

La tmèse (du grec tmêsis, « coupure ») est une figure de construction par laquelle un élément verbal (ou plusieurs) s’intercale entre les termes d’un mot composé ou d’une locution : ainsi ce quatrain de la  Prose pour des Esseintes, de Mallarmé :

Telles, immenses, que chacune

Ordinairement se para

D’un lucide contour, lacune,

Qui des jardins la sépara.

Dictionnaire de Poétique, Michèle Aquien

 

15:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

08/10/2007

Poésie

Un passage de l’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, page 26

 

Ce dimanche-là, le ciel s’était nettoyé de ses nuages et les rues se retrouvèrent noyées dans une buée brûlante qui faisait transpirer les thermomètres sur les murs. Au milieu de l’après-midi, alors que la température frôlait déjà les trente degrés, je partis vers la rue Canuda pour me rendre à mon rendez-vous avec Barcelo, le livre sous le bras et le visage couvert de sueur. L’Ateneo était — et est toujours — un des nombreux endroits de Barcelone où le XIXième siècle n’a pas encore été avisé de sa mise à la retraite. De la cour solennelle, un escalier de pierres conduisait à un entrelacs fantastique de galeries et de salons de lecture, où des inventions comme le téléphone, le stress ou la montre-bracelet semblaient autant d’anachronismes futuristes.

Manitas de Plata, ici

et pour finir, un peu d'harmonica, ici

 

16:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2)