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10/01/2008

Poésie en actes

"Notre terre appartient à la nature, elle n'est pas supposée seulement nous servir," a-t-il dit, précisant que toutes les formes de vie devraient avoir le droit de vivre sur la terre.

Pour preuve, il a planté un mu de millet spécialement pour les moineaux et les autres oiseaux. Ce morceau de terre est devenu depuis un paradis pour les oiseaux, en nourrissant des milliers lorsque le millet est mûr. Ce qui rend le fermier particulièrement fier est que ces oiseaux se nourrissent uniquement du millet et laissent maintenant les cultures environnantes.

Le lien

14:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

08/01/2008

Pierre Seghers

Pierre Seghers (1906-1987) – Le fondateur pendant la guerre de la revue Poètes casqués , le créateur de la collection « poètes d’aujourd'hui » est lui-même un poète original dont l’œuvre allie la verve à l’exaltation de la vie : Le domaine public, Racines etc. (Folio, La liberté en poésie)

D’une prison

Touche l’air et l’eau et le feu

Touche sa peau si tu la veux

Touche l’herbe la feuille l’aulne 

Toute la terre fait l’aumône

Touche ses yeux, ses yeux ont fui

Toutes les Sorgues de la nuit

Les perdirent dans leurs méandres

Touche son cœur, son cœur est tendre

Et touche l’aile de l’oiseau

Il vole à grands coups de ciseaux

Si loin que tes mains ne l’atteignent

Et puis avant qu’elle s’éteigne

Touche la flamme, elle est fumée

Touche la neige, elle est buée

Touche le ciel, il est en toi

—  O mon Amour — crie une voix

Une autre voix un nom murmure

Et la prison ferme ses murs.

Pierre Seghers

 

Un poème maintenant, de Jacques Dupin : Le prisonnier

Terre mal étreinte, terre aride,

Je partage avec toi l’eau glacée de la jarre,

L’air de la grille et le grabat.

Seul le chant insurgé

S’alourdit encore de tes gerbes,

Le chant qui est à soi-même sa faux.

 

Par une brèche dans le mur,

La rosée d’une seule branche

Nous rendra tout l'espace vivant,

 

Étoiles,

Si vous tirez à l’autre bout

Jacques Dupin (né en 1927)

16:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1)

07/01/2008

Boris Vian

Elle serait là, si lourde

Elle serait là, si lourde
Avec son ventre de fer
Et ses volants de laiton
Ses tubes d'eau et de fièvre
Elle courrait sur ses rails
Comme la mort à la guerre
Comme l'ombre dans les yeux
Il y a tant de travail
Tant et tant de coups de lime
Tant de peine et de douleurs
Tant de colère et d'ardeur
Et il y a tant d'années
Tant de visions entassées
De volonté ramassée
De blessures et d'orgueils
Métal arraché au sol
Martyrisé par la flamme
Plié, tourmenté, crevé
Tordu en forme de rêve
Il y a la sueur des âges
Enfermée dans cette cage
Dix et cent mille ans d'attente
Et de gaucherie vaincue
S'il restait
Un oiseau
Et une locomotive
Et moi seul dans le désert
Avec l'oiseau et le chose
Et si l'on disait choisis
Que ferais-je, que ferais-je
Il aurait un bec menu
Comme il sied aux conirostres
Deux boutons brillants aux yeux
Un petit ventre dodu
Je le tiendrais dans ma main
Et son coeur battrait si vite...
Tout autour, la fin du monde
En deux cent douze épisodes
Il aurait des plumes grises
Un peu de rouille au bréchet
Et ses fines pattes sèches
Aiguilles gainées de peau
Allons, que garderez vous
Car il faut que tout périsse
Mais pour vos loyaux services
On vous laisse conserver
Un unique échantillon
Comotive ou zoizillon
Tout reprendre à son début
Tous ces lourds secrets perdus
Toute science abattue
Si je laisse la machine
Mais ses plumes sont si fines
Et son coeur battrait si vite
Que je garderais l'oiseau.


Boris Vian

07:59 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)