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04/11/2014

Les animaux

Quand l'on traite une personne de "bête", on voit dans quelle estime on tient les bêtes (et évidemment la personne ainsi considérée de la part de celui qui déconsidère l'animal) ;  avec cette expression, "cochon qui s'en dédit", encore une insulte à un animal ; les animaux ont l'habitude d'être insultés par les hommes, qui le font presque sans s'en apercevoir souvent. Ceci n'est peut-être pas anodin au regard de la maltraitance que subissent les animaux. Tempérons quelque peu le propos : quand La Fontaine dit du loup "cette bête cruelle", il est vrai qu'au regard des dégâts qu'occasionnent les loups dans une bergerie,  la désolation du berger est compréhensible ainsi que le fait qu'il puisse penser du loup que c'est une bête cruelle ; le berger livrera lui-même quelques moutons à l'abattoir, mais où ils ne seront pas trucidés de façon aussi terrible, du moins espérons-le. La Fontaine en effet,  quand bien même il avait le génie de la langue,  a fait ce qu'il pouvait pour exprimer des choses qui auraient été sinon  de l'ordre de l'indicible, le tout est de ne pas prendre l'analogie au pied de la lettre.  À notre façon de traiter les animaux, les vieux, les malades, les êtres pour une raison ou une autre vulnérables, nous voyons notre degré d'évolution. J'ai eu mes moments d'inconscience moi aussi vis-à-vis des animaux, de gens même, parfois, auxquels je n'ai pas prêté l'attention qu'il aurait fallu, et envers lesquels j'ai pu faire preuve de balourdise... mais je ne suis pas au confessionnal, blogueurs, je suis venue ici vous faire partager un article concernant le traitement des cochons. Il se pourrait en effet que les choses évoluent concernant leurs conditions de "détention". D'abord la photo et ensuite l'article du journal Sud-Ouest et un peu de littérature (Wikipédia) où le cochon est pris "à parti" ? pas forcément, où l'on parle de lui :

 

 

cochons.jpg

 

  • […], allongé sur un lit d’ordures humides, un cochon tout rose, assoupi, grognait en rêvant. (Octave Mirbeau, La Bonne, dans Lettres de ma chaumière, 1885)
  • Il y avait dedans le temps à Gespunsart un homme, rusé comme un renard, qu'on appelait le Mayon. Maintes fois il tuait des cochons (c'était son métier), qu'il vendait aux cloutiers du village. (Vieux conte de Gespunsart, cité dans Charles Bruneau, Notes sur le patois de Gespunsart, dans Revue d'Ardenne & d'Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique, Sedan : Société d'études ardennaises « La Bruyère », janv-fèv. 1911, p.39)
  • Nourris de lait sûri, d’orties, puis de grenailles de pommes de terre, finalement poussés au seigle jusqu’à frôler le coup de sang, les cochons vagabondent tout le jour dans le pachis — le clos — autour de la maison, […]. (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, 1958)
  • L'article :

 

http://www.sudouest.fr/2014/11/04/les-animaux-ne-sont-plu...]

 

 

 

 

 

 

 

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Extrait du Bossu de Paul Féval — Le Bécasseau variable

"Il y avait dix-huit ans qu'Aurore de Caylus était la femme de Gonzague. On peut dire qu'elle ne le connaissait pas ; elle n'avait jamais voulu ni le voir ni l'entendre.

 

Gonzague avait fait tout au monde pour obtenir un entretien. Il est certain que Gonzague l'avait aimée ; peut-être l'aimait-il encore, à sa manière. Il avait grande opinion de lui-même, et avec raison. Il pensait, tant il était sûr de son éloquence, que si une fois la princesse consentait à l'écouter, il sortirait vainqueur de l'épreuve. Mais la princesse, inflexible dans son désespoir, ne voulait point être consolée. Elle était seule dans la vie. Elle se complaisait dans cet abandon. Elle n'avait ni un ami, ni une confidente, et le directeur de sa conscience lui-même n'avait que le secret de ses péchés. C'était une femme fière et endurcie à souffrir. Un seul sentiment restait vivant dans ce cœur cuirassé : l'amour maternel. Elle aimait uniquement, passionnément, le souvenir de sa fille. La mémoire de Nevers était pour elle comme une religion. La pensée de sa fille la ressuscitait et lui rendait de vagues rêves d'avenir. Personne n'ignore l'influence profonde exercée sur notre être par les objets matériels. La princesse de Gonzague, toujours seule avec ses femmes qui avaient défense de lui parler, toujours entourée de tableaux muets et lugubres, était amoindrie dans son intelligence et dans sa sensibilité. Elle disait parfois au prêtre qui la confessait :

 

— Je suis morte !

 

C'était vrai. La pauvre femme restait dans la vie comme un fantôme. Son existence ressemblait à un douloureux sommeil."

 

Le bossu de Paul Féval page 165, 166 

 

Et comme l'extrait n'est pas gai, j'ai tiré un oiseau du classeur, comme on tire une carte, et suis tombée sur le Bécasseau variable, oiseau du littoral. Lequel "trottine en groupe à la recherche de sa nourriture" dixit Atlas, trottine et patauge car il fouille la vase à la recherche de mollusques et petits vers marins. Les bécasseaux ont un côté pilote professionnel, d'avion s'entend, car ils exécutent dans les airs "des acrobaties de façon parfaitement synchronisée". Les bécasseaux sont protégés mais parfois encore chassés par des malotrus : "selon les réglementations en vigueur, le bécasseau variable ne peut être piégé, capturé, mis à mort ou encore revendu sous quelque forme que ce soit. Il est également interdit de le perturber intentionnellement, notamment en période de nidification, et de voler ses œufs. Ce petit limicole, bien que protégé en France, est pourtant parfois encore chassé sur les bords de mer. L'espèce est décrétée vulnérable à l'échelon européen." (Atlas)

 

Le vol de ces fiers pilotes :

 

"les bécasseaux variables s'envolent par centaines ou par milliers dans un accord parfait, puis virevoltent quelques instants avant de se poser dans un même mouvement, offrant ainsi à l'observateur le spectacle grandiose d'un vol parfaitement synchronisé." (Atlas)

 

Parade dans les airs :

 

"La parade nuptiale a lieu dans les airs. Le mâle décolle à la verticale et reste en vol stationnaire au-dessus de son territoire, accompagnant sa démonstration d'un chant roulé très aigu.

 

Le couple, une fois formé, creuse une légère dépression dans la végétation. La période de ponte peut s'étendre de mai à juillet. Quatre œufs sont déposés dans la cavité recouverte de végétation. Ils sont couvés par les parents pendant trois semaines. Les nouveau-nés prennent leur envol vers vingt jours."

J'irai chercher le lien des chants de bécasseaux tout à l'heure car il est temps pour moi de descendre prendre le petit-déjeuner, rompant, de deux tartines parcimonieusement beurrées,  un jeûne qui a duré presque un tour d'horloge. La femelle du bécasseau est-elle pas une bécassine ?... je vous laisse méditer là-dessus. 

 

Le petit déjeuner pris, me revoilà.

" If everyone is moving forward together, then success takes care of itself." a dit je ne sais plus qui.  On me souffle que c'est Henry Ford, que je ne connais pas du tout mais cette phrase de constatation toute simple s'applique bien au vol des bécasseaux : "Si tout le monde avance de concert, alors le succès ira de soi."

 

Les chants maintenant. Après le prétendu mugissement proche de celui du bovin du butor étoilé, il parait que le bécasseau en saison des amours a des sortes de hennissements : "Au printemps, on assiste à la formation des couples et les mâles commencent à marquer leur territoire en effectuant des vols de parade. Il grimpe d'abord rapidement à la verticale, puis effectue un vol stationnaire ou en 'montagnes russes' dans le vent. Cette manifestation est accompagnée par une production sonore assez tonitruante qui s'apparente à un hennissement roulant et prolongé." la fiche Web ci-après dans laquelle vous trouverez l'enregistrement :  http://www.oiseaux.net/oiseaux/becasseau.variable.html 

Tandis que le bécasseau de Bonaparte, lui, stridule quasiment, j'entends aussi le son que peut émettre un serpent à sonnettes je pense :

 

http://www.oiseaux.net/oiseaux/becasseau.de.bonaparte.html

 

et pourquoi "de Bonaparte" ce bécasseau ? Je vous laisse méditer là-dessus encore une fois... j'imagine que Bonaparte en campagne  a remarqué sa présence et a particulièrement apprécié les stridulations, se croyant revenu au pays des cigales, écoutez encore  : http://www.oiseaux.net/oiseaux/becasseau.de.bonaparte.html

 

 

   

 

 

 

 

 

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31/10/2014

Deuxième extrait du bossu de Paul Féval

 "4. Largesses

 

Ce devait être un bossu de beaucoup d'esprit, malgré l'extravagance qu'il commettait en ce moment. Il avait l'œil vif et le nez aquilin. Son front se dessinait bien sous sa perruque grotesquement révoltée, et le sourire fin qui raillait autour de ses lèvres annonçait une malice d'enfer. Un vrai bossu !

 

Quant à la bosse elle-même, elle était riche, bien plantée au milieu du dos, et se relevant pour caresser la nuque. Par-devant, son menton touchait sa poitrine. Les jambes étaient bizarrement contournées, mais n'avaient point cette maigreur proverbiale qui est l'accompagnement obligé de la bosse.

 

Cette singulière créature portait un costume noir complet, de la plus rigoureuse décence, manchettes et jabots de mousseline plissée d'une éclatante blancheur. Tous les regards étaient fixés sur lui, et cela ne semblait point l'incommoder.

 

— Bravo ! sage Esope ! s'écria Chaverny : tu me parais un spéculateur hardi et adroit !

 

— Hardi, répéta Esope en le regardant fixement ; assez... Adroit, nous verrons bien !

 

Sa petite voix grinçait comme une crécelle d'enfant. Tout le monde répéta :

 

— Bravo, Esope ! bravo !

 

Cocardasse et Passepoil ne pouvaient plus s'étonner de rien. Leurs bras étaient tombés depuis longtemps ; mais le Gascon demanda tout bas :

 

— N'avons-nous jamais connu de bossu, mon bon ?

 

— Pas que je me souvienne.

 

— Vivadiou ! il me semble que j'ai vu ces yeux-là quelque part.

 

Gonzague aussi regardait le petit homme avec une remarquable attention.

 

— L'ami, dit-il, on paye comptant, vous savez ?

 

— Je sais, répondit Esope, car, à dater de ce moment, il n'avait plus d'autre nom.

 

Chaverny était son parrain.

 

Esope tira son portefeuille de sa poche et mit aux mains de Peyrolles soixante billets d'Etat de cinq cents livres. On s'attendait presque à voir ces papiers se transformer en feuilles sèches, tant l'apparition du petit homme avait été fantastique. Mais c'étaient de belles et bonnes cédules de la Compagnie.

 

— Mon reçu, dit-il.

 

Peyrolles lui donna son reçu. Esope le plia et le mit dans son portefeuille, à la place des billets. Puis, frappant sur le carnet :

 

— Bonne affaire ! dit-il. A vous revoir, messieurs !

 

Il salua bien poliment Gonzague et la compagnie. Tout le monde s'écarta pour le laisser passer.

On riait encore, mais je ne sais quel froid courait dans toutes les veines. Gonzague était pensif.

 

Peyrolles et ses gens commençaient à faire sortir les acheteurs, qui déjà eussent voulu être au lendemain. Les amis du prince regardaient encore, et machinalement, la porte par où le petit homme noir venait de disparaître.

 

— Messieurs, dit Gonzague, pendant qu'on va disposer la salle, je vous prie de me suivre dans mes appartements.

 

— Allons ! dit Cocardasse derrière la draperie, c'est le moment où jamais, marchons !

 

— J'ai peur, fit le timide Passepoil.

 

— Eh donc ! je passerai le premier.

 

Il prit Passepoil par la main, et s'avança vers Gonzague, chapeau bas.

 

— Parbleu ! s'écria  Chaverny  en les apercevant, mon cousin a voulu nous donner la comédie ! c'est la journée des mascarades. Le bossu n'était pas mal, mais voici bien la plus belle paire de coupe-jarrets que j'aie vus de ma vie !

 

Cocardasse junior le regarda de travers. Navailles, Oriol et consorts se mirent à tourner autour de nos deux amis en les considérant curieusement.

 

— Sois prudent ! murmura Passepoil à l'oreille du Gascon.

 

— Capédédiou ! fit ce dernier, ceux-ci n'ont donc jamais vu deux gentilshommes, qu'ils nous dévisagent ainsi !

 

— Le  grand est de toute beauté ! dit Navailles.

 

— Moi, repartit Oriol, j'aime mieux le petit.

 

— Il n'y a plus de niche à louer ; que viennent-ils faire ici ?

 

Heureusement qu'ils arrivaient auprès de Gonzague, qui les aperçut et tressaillit.

[...]

 

— Peyrolles ! appela Gonzague.

 

L'intendant venait de faire sortir le dernier adjudicataire.

 

— Reconnais-tu ces beaux garçons ? lui demanda Gonzague. Mène-les à l'office, qu'ils mangent et qu'ils boivent. Donne-leur à chacun un habit neuf, et qu'ils attendent mes ordres !

 

— Ah ! monseigneur ! s'écria Cocardasse.

 

— Généreux prince ! fit Passepoil.

 

— Allez ! ordonna Gonzague.

 

Ils s'éloignèrent à reculons, saluant à outrance et balayant la terre avec les vieilles plumes de leurs feutres. Quand ils arrivèrent en face des rieurs, Cocardasse le premier planta son feutre sur l'oreille, et releva du bout de sa rapière le bord frangé de son manteau. Frère Passepoil l'imita de son mieux . Tous deux, hautains, superbes, le nez au vent, le poing sur la hanche,  foudroyant les railleurs de leurs regards terribles, ils traversèrent la salle sur les pas de Peyrolles,  et gagnèrent l'office, où leur coup de fourchette étonna tous les serviteurs du prince."

 

page 121 à 123 Le bossu de Paul Féval 

 

La citation du jour, de François d'Assise, lue dans le blog Jubilate Déo

 

"Heureux le serviteur qui aimerait et respecterait autant son frère lorsqu'il est loin que lorsqu'il est avec lui et ne dirait pas derrière son frère ce qu'il ne pourrait, en toute charité, dire devant lui."

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 


 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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