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20/08/2016

Les horlogers de l'aube

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Je lis en ce moment Le pas du Loup de Yves Heurté. J'en suis à la nouvelle  Le château du temps, très courte, elle fait trois pages, je la mettrais volontiers en ligne ici mais ce soir je ne m'en sens pas le courage. L'auteur m'intéressant j'ai fait des recherches à son sujet... ai évidemment atterri sur Wikipédia où j'ai pu voir qu'il était décédé en 2006, à l'âge de 80 ans. Il a eu une vie bien remplie, engagée, médecin il a milité pour l'aide aux boat people. Breton d'origine, il est tombé amoureux de la montagne et c'est dans les Pyrénées qu'il avait élu domicile. Il a écrit de nombreux livres dont certains pour les enfants, notamment l'Horloger de l'aube. Dans You tube j'ai trouvé une vidéo qui est une adaptation en théâtre d'ombres de cette histoire. Des enfants de CM2 sont les personnages de cette vidéo :

 

https://www.youtube.com/watch?v=UFnqn7wgN28

21:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

09/08/2016

Extrait de La mélancolie des innocents de Jean-Pierre Milovanoff

"Cela vous étonne monsieur, que je parle du grand-père de Rosalie comme d'un voisin que je croiserais tous les jours ? C'est une habitude que j'ai prise depuis l'enfance. Le présent ne me suffit pas, il me faut chercher ailleurs. Il y en a qui fredonnent pour se rassurer, d'autres s'étourdissent dans l'action ou se gavent de sucreries. Moi je convoque les morts de la famille. Pourquoi les morts plutôt que les habitants du futur ? C'est qu'ils ont un visage, monsieur. Ils l'ont eu, de cela vous pouvez être certain. Même qu'ils n'ont pas pu faire autrement.

 

Le plus étrange, voyez-vous, monsieur Milanoff, c'est que ces gens qui m'ont précédé — maîtres ou serviteurs, arrogants ou humiliés — n'ont pas toujours été attentifs à la vie brève qui était la leur comme elle est la nôtre aujourd'hui. On les a vus tirer leur révérence alors qu'ils n'avaient pas donné le meilleur d'eux-mêmes sur la scène de l'univers. De là que je leur demande de venir bisser leur meilleur rôle, à mes frais naturellement.  Suis-je le seul à vivre avec des fantômes ? J'espère que non. Confronté aux caprices de la nature, j'ai compensé l'inertie de quelques nerfs par la mobilité d'une imagination que des exercices continuels ont aiguisée et exacerbée. Je regarde le temps passé comme une vaste imprimerie qui aurait fermé ses portes avant l'heure. Je repère une entrée bouchée par le lierre, j'y pénètre clandestinement et je remets en marche une rotative dont on a perdu l'usage. Tchac tchac ! Tchac tchac ! Tcac tchac ! Tchac tchac ! C'est le déclic de la machine, la pulsation des vies oubliées qui s'écoulent à travers moi. "

 

page 33, 34 La mélancolie des innocents de Jean Pierre Milovanoff

 

Que les morts soient dans le présent des vivants, n'est-ce pas une bonne chose ? D'ailleurs pourquoi les appeler fantômes au regard de cette présence positive. Ceux dont parle Victorin Jouve, personnage-narrateur du roman,  à l'auteur Jean-Pierre Milovanoff sont effectivement pleins d'une vie remuante qui déverse ses arômes dans le présent de Victorin... comme des fortifiants... ils ont quelque chose à dire sur eux, sur lui, sur le destin... qui pose question et pas seulement, qui touche parce que justement ils ont un visage, lequel se dessine peu à peu pour le lecteur et tout visage est singulier,  contraire du masque. 

04:44 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

04/08/2016

Du plus loin que je me souvienne

 

Extrait du livre que je suis en train de lire :

 

"Du plus loin que je me souvienne, je suis toujours réveillé entre deux et cinq. Ce sont les heures blanches de la nuit, un monde à part, le versant vierge des montagnes que j'ai gravies sans m'en rendre compte dans la journée. Nul doute que si j'étais peintre, c'est le moment où j'empoignerais mes pinceaux ; musicien, je composerais. Comme je ne suis qu'un artiste du souvenir, je me contente de passer en revue les personnes que j'ai aimées. J'y ajoute celles dont j'ai entendu parler et d'autres, plus lointaines et plus légendaires, à qui j'impute les dispositions secrètes de mon esprit. Car je ne crois pas que mon imagination m'appartienne comme un bien propre, elle est tellement plus étendue que mon expérience. J'en déduis qu'elle provient d'un patrimoine invisible que m'ont légué des ancêtres inconnus. En tout cas, c'est ma religion. Je ne vous demande pas de l'adopter."

 La mélancolie des innocents,  Jean-Pierre Milovanoff,  page 347, Grasset

 

Un livre plein d'une poésie qui me fait respirer en profondeur. Victorin est le personnage narrateur de ce roman, il est handicapé moteur et s'adonne tel un "chasseur d'ombres", à une "chronique familiale qui déploie sur plus d'un siècle un peuple d'enchanteurs, d'amoureuses et d'innocents à la poursuite d'un bonheur que le temps mettra à mal. Difficile d'oublier les fiançailles de l'ancien voleur de chevaux, la douceur de Baptistine "la belle Ottomane", Victor que la guerre rendra fou, Paulin le photographe amoureux, le jeune Léonce qui poursuit les abeilles dans la lumière des heures chaudes..."

J'ai cité ci-dessus la quatrième de couverture. Et je confirme, ces personnages entrent à jamais dans les cœurs, ils sont inoubliables.

 

 

14:09 Publié dans Lecture, Note | Lien permanent | Commentaires (0)