08/11/2014
Le palais-Royal - Extrait du Bossu de Féval
"Sous la tente
Les pierres aussi ont leurs destinées. Les murailles vivent longtemps et voient les générations passer ; elles savent bien des histoires ! Ce serait un curieux travail que la monographie d'un de ces cubes taillés dans le liais ou dans le tuf, dans le granit ou dans le grès. Que de drames à l'entour, comédies et tragédies ! Que de grandes et de petites choses ! combien de rires ! combien de pleurs !
Ce fut la tragédie qui fonda le Palais-Royal. Armand Du Plessis, cardinal de Richelieu, immense homme d'Etat, lamentable poète, acheta du sieur Dufresne l'ancien hôtel de Rambouillet, du marquis d'Estrées le grand hôtel de Mercœur ; sur l'emplacement de ces deux demeures seigneuriales, il donna l'ordre à l'architecte Lemercier de lui bâtir une maison digne de sa haute fortune. Quatre autres fiefs furent acquis pour dessiner les jardins. Enfin, pour dégager la façade, où étaient les armoiries de Richelieu surmontées du chapeau de cardinal, on fit emplette de l'hôtel de Sillery, en même temps qu'on ouvrait une grande rue pour permettre au carrosse de Son Eminence d'arriver sans encombre à ses fermes de la Grange-Batelière. La rue devait garder le nom de Richelieu ; la ferme, sur les terrains de laquelle s'élève maintenant le plus brillant quartier de Paris, baptisa longtemps l'arrière-façade de l'Opéra ; le palais seul n'eut point de mémoire. Tout battant neuf, il échangea son titre de cardinal pour un titre plus élevé encore. Richelieu dormait à peine dans la tombe que sa maison s'appelait déjà le Palais-Royal."
Féval
14:57 Publié dans vidéo | Lien permanent | Commentaires (0)
Extrait des Mythes Grecs
Tout autre chose. Un extrait des Mythes Grecs dont certains illustrent le passage du matriarcat (qui n'était pas drôle pour les rois à l'époque, car les reines en sacrifiaient un chaque année, sinon deux)... mais peut-être les autres hommes étaient-ils heureux, à condition de rester discrets pour ne surtout pas se faire repérer comme roi potentiel (et donc pas question d'appartenir à la Cour, à moins d'être inconscient). L'extrait :
"La mythologie grecque s'intéresse avant tout aux rapports sans cesse différents de la reine avec ses amants : au début les rois sont sacrifiés chaque année ou deux fois par an et à la fin, à l'époque ou fut composé l'Iliade et où les rois pouvaient s'écrier "Nous sommes plus heureux que nos pères !" la reine passe au second plan au profit d'une monarchie mâle qui ne devait plus s'interrompre. Il existe en Afrique beaucoup d'équivalents des phases progressives de ce changement.
La mythologie grecque est constituée pour une grande part d'événements politico-religieux. Bellérophon s'empare de Pégase, le cheval ailé, et tue la Chimère. Persée, dans une variante de la même légende s'envole dans les airs et tranche la tête de la mère de Pégase, la Gorgone Méduse : tout comme Marduk, le héros babylonien, tue le monstre marin féminin Tiamat, déesse de la mer. Le nom de Persée devait s'écrire en réalité : pterseos, le "destructeur" ; et il n'était pas, comme le pensait le professeur Kerenyi, une figure archétypique de la mort, mais représentait probablement les Hellènes patriarcaux qui envahirent la Grèce et l'Asie Mineure au début du second millénaire avant J.-C, et revendiquèrent les pouvoirs de la Triple Déesse. Pégase lui était consacré parce que le cheval avec ses sabots en forme de croissant de lune figurait aux cérémonies pour faire venir la pluie ainsi qu'à l'intronisation des rois sacrés ; ses ailes symbolisaient sa nature céleste et non pas sa rapidité. Jane Harrisson a fait remarquer que Méduse fut autrefois la déesse elle-même dissimulée derrière un masque de Gorgone qui servait à la protéger : c'était un visage hideux qui devait mettre en garde les profanes contre le danger qu'il y avait à violer les Mystères. Persée tranche la tête de Méduse : cela veut dire que les Hellènes s'emparent des principaux hôtels de la Déesse, ôtent aux prêtresses leurs masques de Gorgone et prennent possession des chevaux sacrés — on a découvert une représentation primitive de la Déesse à tête de Gorgone et à corps de jument en Béotie. Bellérophon, qui est une réplique de Persée, tue la Chimère Lycienne, cela veut dire que les Hellènes annulent le calendrier médusien et le remplacent par un autre."
Extrait de l'introduction des Mythes Grecs de Robert Graves traduit de l'anglais par Mounir Hafez
01:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le documentaire
Hier je suis restée sceptique à l'écoute du documentaire sur la ville de Croix dans le Nord, qui détient le plus grand nombre de bourgeois et d'aristocrates-bourgeois payant l'impôt sur la fortune ainsi que le taux de chômage le plus important, alors que certains riches de Croix-la-Galère créeraient de par le monde beaucoup d'emplois. Quels genre d'emplois ? sont-ils intéressants pour la planète aussi ? Enfin, les gens pauvres qui stagnent sur place passeraient plutôt aux oubliettes après être passés.... si j'en crois le genre d'emplois, à la moulinette active et rétro-active. La culture de la peine à la tache, du front suant à grosses gouttes, du labeur pur et dur fut d'abord établie comme une valeur sûre par la bourgeoisie, incontournable. Incontournable bourgeoisie locale aussi car elle donne les emplois dans le système tel qu'il fonctionne. Beaucoup ne purent résister et se laissèrent circonscrire dans ce rôle de laborieux, mais que sont-ils devenus aujourd'hui une fois abandonnés par ceux qui leur avaient inculqué "cette culture" ? Leurs enfants sont probablement devenus des français moyens pour les plus ou moins bons à l'école et/ou plus ou moins réseautés, pour les autres il semblerait qu'on ne se soucie pas d'eux, ils sont passés à la trappe. Un homme communiste, dans ce documentaire, se pose des questions quant à lui, pense aux siens, mais semble malgré tout patauger car les riches de Croix le traitent en bon bougre inoffensif. Pourquoi par ailleurs "l'homme pauvre du Nord" qui convient aux bourgeois et aux aristocrates de Croix doit-il avoir l'accent écrasé, comme obligatoirement ? Parce que, à mon avis, ces hommes richissimes de l'impôt sur la fortune, pour la plupart, ne se sentent exister qu'en écrasant l'autre, cela est une conviction personnelle. Et il y a comme de la mauvaise magie là-dedans, comme s'ils réussissaient par diverses attitudes et non-dits éloquents flirtant avec le sous-entendu, à convaincre l'autre de leur immense supériorité, laquelle se doit de représenter la fatalité du pauvre qui ne peut lui, qu'être mauvais en tout, un presque "bon à rien", n'était le bon samaritain de riche pour lui tendre la main dans son immense indulgence. Un processus de l'écrasement, que j'entends jusque dans l'accent écrasé qui me parle de l'humiliation pour certains et pour d'autres de leur abdication. Mais Croix n'est pas la France entière, il y a plus de souplesse en général. Croix serait plutôt pour moi une quintessence de la bourgeoisie-aristocratie dans ce qu'elle a de plus glauque. Croix fait porter une lourde croix aux pauvres dont certains semblent dépossédés d'eux-mêmes, ce n'est pas cela être chrétien mais cette religion y est brandie contre tout respect de la parole d'un certain Jésus.
01:24 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)