09/01/2014
Le pouvoir en question
En éteignant la radio au bout d'un certain temps de tolérance, ( quand je ne suis pas d'accord avec les propos entendus, n'ayant pas de droit de réponse ou alors trop en décalé dans le temps ), je me donne le pouvoir de ne pas subir. Je ne peux, et heureusement ou pas si les propos sont graves, rien faire de plus ( se poserait là sinon le problème de la censure et de la tolérance) concernant les autres auditeurs qui sont libres après tout de juger comme ils veulent ce qu'ils entendent ou de consentir de façon plus ou moins masochiste ou inconsciente, c'est selon.
Même les dictateurs féroces comme Hitler, Mao, Staline et autres ont été perçus un temps (souvent beaucoup trop long) par une majorité parfois, comme ayant beaucoup de charisme (charme). Cette fameuse fascination dont témoignent leurs suiveurs ou leurs admirateurs, ce magnétisme par exemple de Mao, d'après Han Suyin.
A contrario, Charlie Chaplin par exemple, bien que charmant, ne fascine pas ceux qui l'aiment, son charme les touche différemment, opère différemment. Charlie à mon sens rend meilleur par son regard sur les absurdités avec lesquelles il joue.
Où situez-vous Dieudonné ? A-t-il le genre de charme d'un Charlie Chaplin ou celui d'un homme de pouvoir d'une autre nature ?
Toujours est-il qu'en matière de fascination il y a retournement la plupart du temps, selon qu'il y a ou non prise de conscience. D'un coup les fascinés ( qui riaient parfois de "bon cœur" si le tyran avait de l'humour ) s'aperçoivent des conséquences de la fascination qui s'est exercée sur toute une foule de gens, fascination qui serait faite de l'espoir qu'ils projetaient sur "l'adoré" d'assouvir leurs méchants fantasmes.
Concernant Jésus qui lui aussi avait un fort charisme, celui-ci ne s'apparentait ni à celui d'un dictateur (évidemment), ni à celui d'un charmeur au grand cœur tel Chaplin (presque dommage je dirais). Toujours est-il que pour le charismatique Jésus, il y a quand même eu, hélas, retournement, lequel s'est opéré à l'envers, d'une certaine façon, de celui vu plus haut du fait qu'il n'y avait pas d'abus de pouvoir. Une foule de gens en effet l'aimaient, comment ne pas les comprendre s'agissant d'un guérisseur (divin pour moi parce que, la guérison n'opérait pas toujours sur le plan physique, ou pas seulement, mais aussi sur le plan moral) et d'un coup la foule (était-ce les mêmes qui la composaient ?) a préféré libérer un tueur en série nommé Barrabas, plutôt que de délivrer celui qui aurait pu, pour un croyant, leur donner le pouvoir de guérir s'ils l'avaient voulu, et celui qui, pour un non croyant, n'avait tué personne.
La littérature et la religion ont sûrement pour fonction de pallier ce dont la philosophie ne parle pas, hors champ pour elle.
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La pause
J'ai laissé temporairement en plan la lecture des deux romans. Des personnages des deux histoires, celles de Sand et de Bernanos se sont mis en arrêt sur image. Bénédict par exemple, chez Sand, qui parle de l'incitation de la société à ce que nombre d'individus redeviennent des abrutis après avoir étudié jusqu'à 20 ans. Cela pose nombre de questions. Les études mal digérées ne rendant pas nécessairement intelligent ( il n'est qu'à écouter la chronique de certains journalistes à la radio le matin pour s'en convaincre), "dont la pratique du monde tient lieu d'esprit". Mais sans étude dans notre société vous êtes aussi sans défense, il vaut mieux souvent un abruti qui a étudié qu'un homme intelligent qui n'a pas fait d'études.
Côté Bernanos, l'auteur dans Monsieur Ouine navigue dans les eaux troubles du crime : le petit valet, garçon vacher de son état, massacré. Monsieur Ouine et sa cohorte d'admirateurs interdits devant son intelligence qui relève du machiavélisme et, en contraste criant : Ginette, sorte d'enterrée vivante dont tout le monde se moque. Voilà ce que je vois dans ce roman, en dépit même peut-être de l'auteur, pour m'en assurer il faudra que je termine cette lecture.
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08/01/2014
Le petit matin
La veillée d'hier, je l'ai passée à lire quelques pages de plus du roman Monsieur Ouine. Ce que la lectrice que je suis comprend maintenant, ou pense avoir compris, dans ce roman me paraît presque incommunicable. Une impression d'entrer dans le secret par la porte dérobée. J'ai mis une note succinte hier soir sur ce moment de lecture.
Ce matin : Valentine de George Sand, dont voici un extrait :
"Louise était bien malheureuse. En voyant de quel amour Bénédict était capable, elle apprenait à connaître ce jeune homme qu'elle avait cru, jusque là, plus ardent que sensible. Cette puissance d'aimer, qu'elle découvrait en lui, le lui rendait plus cher ; elle mesurait l'étendue d'un sacrifice qu'elle n'avait pas compris en l'accomplissant, et pleurait en secret la perte d'un bonheur qu'elle eût pu goûter plus innocemment que Valentine. Cette pauvre Louise, dont l'âme était passionnée, mais qui avait appris à se vaincre en subissant les funestes conséquences de la passion, luttait maintenant contre des sentiments âpres et douloureux. Malgré elle, une dévorante jalousie lui rendait insupportable le bonheur pur de Valentine. Elle ne pouvait se défendre de déplorer le jour où elle l'avait retrouvée, et déjà cette amitié romanesque et sublime avait perdu tout son charme ; elle était déjà, comme la plupart des sentiments humains, dépouillée d'héroïsme et de poésie. Louise se surprenait parfois à regretter le temps où elle n'avait aucun espoir de retrouver sa sœur. Et puis, elle avait horreur d'elle-même, et priait Dieu de la soustraire à ces ignobles sentiments. Elle se représentait la douceur, la pureté, la tendresse de Valentine, et se prosternait devant cette image comme devant celle d'une sainte qu'elle priait d'opérer sa réconciliation avec le ciel. Par instants elle formait l'enthousiaste et téméraire projet de l'éclairer franchement sur le peu de mérite réel de M. de Lansac, de l'exhorter à rompre ouvertement avec sa mère, à suivre son penchant pour Bénédict, et à se créer, au sein de l'obscurité, une vie d'amour, de courage, et de liberté. Mais ce dessein, dont le dévouement n'était peut-être pas au-dessus de ses forces, s'évanouissait bientôt à l'examen de la raison. Entraîner sa sœur dans l'abîme où elle s'était précipitée, lui ravir la considération qu'elle même avait perdue, pour l'attirer dans les mêmes malheurs, la sacrifier à la contagion de son exemple, c'était de quoi faire reculer le désintéressement le plus hardi. Alors Louise persistait dans le plan qui lui avait paru le plus sage : c'était de ne point éclairer Valentine sur le compte de son fiancé, et de lui cacher soigneusement les confidences de Bénédict. Mais, quoique cette conduite fût la meilleure possible, à ce qu'elle pensait, elle n'était pas sans remords d'avoir attiré Valentine dans de semblables dangers, et de n'avoir pas la force de l'y soustraire tout à coup en quittant le pays."
George Sand
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