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12/02/2012

Grez-en-Bouère

Grèz-en-Bouère, un village empoisonné mais pas abandonné à son triste sort grâce à ceux qui ont tiré la sonnette d'alarme. Un dossier qui va probablement monter à Paris afin d'éviter une pression locale trop forte et bien compréhensible ; pour en savoir plus, le lien du site : http://www.franceinter.fr/emission-interception 

11/02/2012

La distillerie de térébentine

Un extrait de cette nouvelle d'Arthur Miller  du livre intitulé Présence  :

"Les Levin étaient impatients de partir. Leur dernières vacances d'hiver — cinq jours interminables sur une plage des Caraïbes — leur avaient fait jurer de ne plus céder à une complaisance décérébrée, mais Haïti promettait d'être différent. Les Levin étaient des gens sérieux ; à une époque où l'on ne montrait pas encore des films étrangers à New York, ils faisaient partie d'un club qui organisait des projections de ces films dans les salles de séjour des uns et des autres, et Mark en particulier s'enthousiasmait pour les Français et les Italiens. Sa femme et lui étaient des pianistes classiques accomplis et s'étaient rencontrés pour la première fois chez leur professeur de piano, elle arrivant pour sa leçon quand lui partait, et ils avaient été immédiatement attirés, l'un et l'autre, par leur taille exceptionnelle. Mark mesurait un mètre quatre-vingt-quinze et Adèle un mètre quatre-vingts tout juste. Se retrouver ensemble avait normalisé ce qu'ils avaient supporté jusque-là comme une sorte de déformation, même si elle avait laissé de rares traces d'ironie agressive dans leurs conversations. Mark disait : «  J'ai enfin rencontré une fille que je peux regarder dans les yeux sans avoir à m'asseoir. Oui, répliquait-elle, et un de ces jours, il va se décider à me regarder. »

Le visage d'Adèle, sous sa frange et ses cheveux coupés court, avait quelque chose d'un peu oriental, les yeux noirs et les pommettes saillantes paraissant compresser son regard, et Mark avait un long visage chevalin, des cheveux frisés et épais, un rire timide, réticent, sauf au cours des journées où, marmonnant de désespoir, il croyait de nouveau que son estomac avait subi une tragique descente d'organe ou que son coeur s'était légèrement déplacé vers le centre de sa poitrine. Toutefois, derrière une ironie circonspecte, ils pouvaient se montrer naïfs au point d'être entraînés suffisamment près de tel ou tel complot idéaliste en faveur du progrès social. En déjeunant dans son bureau de Long Island City, il lisait The New Republic et jetait de temps en temps un coup d'oeil consciencieux à The New Masses ; il buvait son lait en parcourant parfois À la recherche du temps perdu, en français, qu'il aimait à peine moins que sa musique. Ils s'étaient envolés pour Port-au-Prince dans la cabine vrombissante d'un Constellation de la Pan American, s'efforçant tous les deux de repousser la prémonition selon laquelle le voyage était destiné à être un grain de plus sur le chapelet de leurs erreurs."

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08/02/2012

Jeunes errants, grands exclus

..."Un éclairage anthropologique est aussi nécessaire, dans la mesure où ce phénomène de l’exclusion s’intensifie et se massifie. Aujourd’hui, le marché du travail et la guerre moderne (c'est-à-dire mondiale) ont transformé les hommes en masse. Un flux humain s’incarne et qui n’est pas pour autant représentable.  Si un collectif ne peut avoir d’image directement spéculaire dans le miroir, en revanche il peut se soutenir par des fictions originaires et identitaires. Des mythes d’origine et des ritualités.Que se passe-t-il lorsque les individus ne se sentent plus concernés par le moindre mythe d’origine en partage – tel que l’est par exemple le mythe républicain, ou le mythe des droits de l’homme, dont on se moque de nos jours avec une terrifiante légèreté - alors la tentation de réinscrire, en fiction, un inentamé de l’origine insiste et pousse au ravage.  Il en est ainsi de l’intégrisme qui tend à revenir à une stricte contemporanéité de l’origine.

 

Si l’origine n’est plus en partage, si la participation de chacun au lien commun se fait de façon incertaine, insaisissable,  alors de plus en plus d’hommes et de femmes seront pris dans un extrême arbitraire qui préside à l’usage actif et signifiant citoyenneté.  Avec la grande exclusion, un abîme s’ouvre. Cet au-delà de la pauvreté qu’est la misère mène à considérer que le sujet mis en  "hors-lieu" n’est plus alors uniquement et uniment  l’exilé "exotique", il devient cet exilé de l’intérieur que l’on nomme “ exclu ”. 

Gérard Althabe a situé cette nouvelle configuration de la grande pauvreté  comme matrice de radicale, non seulement de marginalisation, mais, plus encore, de stigmatisation. 

 

L’institution de toute personne dans le social suppose des montages de représentation de sa division, ce qui explique par exemple que pour Freud, l'interdit de l'inceste est un interdit fondateur d'institution, un socle pour la fondation et pour la fabrication symbolique de l'humain.  

 

Tout un aspect sinistré de la  grande exclusion met en relief, par le négatif de la condition de ces grands exclus,  le rapport logique entre la construction subjective des individus et  les montages normatifs de la référence. À suivre, par exemple, les thèses de P. Legendre, on peut  avancer l’idée que ce rapport logique fonde l'universel humain, dans son artificialité symbolique et que  toutes les cultures" ... Le lien du site : http://www.appartenances.org/Ecrit/Exclusions%20et%20corp...

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