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17/09/2007

Entretien

L’entretien de Suzi Vieira avec Emmanuel Terray, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS

Que vous évoque l’intitulé de ce « ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du Codéveloppement » ?

Ce ministère associe des choses n’ayant en réalité que très peu de rapport. Le problème de l’intégration n’est plus un problème d’immigration. Il touche des personnes de nationalité française que notre société discrimine. Le codéveloppement a peu de choses à voir avec l’immigration. Contrairement à ce que l’on croit, le développement, à court et moyen terme, accroît l’émigration au lieu de la diminuer. Enfin, joindre identité nationale et immigration laisse entendre que les immigrés sont une menace pour notre identité. Dans cet intitulé, le mot intégration ne recouvre rien d’autre que la doctrine de l’assimilation. La notion d’identité nationale, au singulier, est un instrument historiquement déterminé. Quoi que nous disent les discours actuels, elle a toujours servi à exclure (juifs, communistes , etc.) Et elle servira à exclure.

Que signifie l’«  identité nationale » ?

Parler d’identité au singulier est illusoire. L’identité est toujours multiple. Ce n’est pas une donnée que l’on peut constater ; c’est une histoire, parce qu’une partie de notre identité nous est léguée par le passé ; c’est une stratégie, parce qu’on la fabrique en fonction de nos intérêts ; et c’est une représentation, parce qu’il s’agit de l’image que nous donnons de nous-mêmes. Chacun d’entre nous a plusieurs identités dont il se sert selon les circonstances. L’identité nationale est une parmi d’autres (européenne, professionnelle, politique, religieuse etc.) Toutes ces identités ne sont pas nécessairement cohérentes entre elles. La France a aussi plusieurs identités qui ne sont pas toutes compatibles.

Est-ce au gouvernement de définir l’identité d’une nation ?

Confier le problème de l’identité nationale, au singulier, à un gouvernement est littéralement aberrant. Chacun a son idée de la France. Certains pensent que la France coloniale était à l’apogée de sa mission, d’autres estiment, au contraire, que son identité colonisatrice n’était pas à la gloire de la nation. Il y aura toujours plusieurs identités nationales, sinon nous serions dans un état totalitaire. C’est précisément pour négocier nos points de vue contradictoires que la politique existe.

Les deux entretiens, celui d'hier et celui-ci, sont tirés de Philosophie magazine.

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08:45 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (3)

08/09/2007

Bol d'air

L’œuvre dont il est question dans l’article que je vous propose de lire aujourd’hui, ressemble à une machine dépolluante, plus exactement une sorte de petite usine qui accélère en douceur le processus du retour à la nature de tout un bric à brac industriel. Une façon élégante de la part de l’artiste de rappeler les hommes à plus de modestie, de nous remettre à notre place au sein de la grande nature que nous ne dominons pas. C’est un peu le message de Wells qui est repris ici, mais avec plus de sérénité.

 

Un extrait de l’article :

" C’est une boucle dont le moteur est l’ironie. C’est une élégante pensée en art, moyennant les plus pauvres objets trouvés, de la modeste place de l’homme dans le cycle de la nature. De l’herbe et un grand bol d’air."

Pour le lire intégralement, cliquez ici

 

 

10:15 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)

05/09/2007

Élysée Reclus

Ce texte de Joël Cornuault, nous fait faire plus ample connaissance avec Élysée Reclus, qui a réfléchi sur l’Homme à travers l’histoire et la géographie, de façon significative. Pour le lire intégralement, cliquez ici

« Élisée a su, mieux que les épigones de Marx, " spatialiser " sa pensée et introduire la géographie dans la critique du capitalisme contemporain ; mais il a su également la " temporaliser ", au-delà pour ainsi dire de la critique de l’homme et de la nature capitalistes de son époque (ou pré-capitalistes). Reclus n’était pas rivé sur cette minuscule portion de temps que les gazettes nomment " l’actualité " ; ce ne sont pas non plus les " questions de société ", comme disent encore les journalistes, qui le retiennent. L’histoire chez Reclus, c’est toute l’histoire. De la nature, des animaux et du genre humain au sein de " l’immense univers ". Un projet de synthèse d’une tout autre magnitude, et en de nombreux points prématurée, mais assurément fort éloignée de l’idée restreinte et nationaliste selon laquelle l’histoire est la conscience que les peuples prennent d’eux-mêmes. La parole d’Élisée Reclus dit bien : " L’Homme est la nature prenant conscience d’elle-même ". »

« Ce serait folie fondamentaliste que de relire les travaux d’Élisée Reclus dans l’espoir de mettre au jour, tant en géographie qu’en anthropologie, une information scientifiquement utilisable telle quelle. Pas plus que Reclus ne proposait de copier le passé très lointain, nous n’avons à copier Reclus. Néanmoins, son interprétation de l’homme ancien et de l’homme à venir n’est pas délirante. Elle coïncide étrangement avec le phénomène que George Kubler appelait, dans son brillant essai sur les Formes du temps, " l’action coloniale inversée des hommes de l’âge de pierre sur les nations industrielles modernes à une grande distance chronologique. " Elle contient, pour un lecteur vigilant, des aperçus qui ne le cèdent en rien sur les autres en profondeur de pensée et en originalité. » 

 

 

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22:30 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0)