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31/08/2009

Jean L'Anselme

Jean L’Anselme

... Le poète culotté

Wwwc.con

de tout bois il fait feu :

http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=poetheque...

17:57 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

05/08/2009

Poème par Mahmoud Darwich

SUR LE RIEN

C’est le rien qui nous emporte au rien.
Nous avons scruté le rien à la recherche de son sens ...
mais un rien ressemblant au rien nous dépouilla du rien
et nous eûmes la nostalgie de l’absurdité du rien,
car il est plus léger qu’une chose qui nous réifie ...
L’esclave aime un tyran
car la majesté du rien change la statue
en idole
et l’esclave hait le tyran
si sa majesté s’abaisse sur une chose
que l’esclave voit banale.
Il aime alors un autre tyran
né d’un autre rien ...
Ainsi le rien se reproduit-il d’un autre rien ...
Quel est donc le rien, ce maître renouvelé,
multiple, tyrannique, orgueilleux, collant,
bouffon ... quel est donc ce rien ?

Une indisposition de l’âme, peut-être,
une énergie refoulée
ou un railleur rompu
à décrire notre état !

Mahmoud Darwich

08:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

16/06/2009

Poème

de Louise Ackermann : La guerre

Du fer, du feu, du sang ! C’est elle ! C’est la Guerre

Debout, le bras levé, superbe en sa colère,

Animant le combat d’un geste souverain.

Aux éclats de sa voix s’ébranlent les armées ;

Autour d’elle traçant des lignes enflammées,

Les canons ont ouvert leurs entrailles d’airain.

 

Partout chars, cavaliers, chevaux, masse mouvante !

En ce flux et reflux, sur cette mer vivante,

À son appel ardent l’épouvante s’abat.

Sous sa main qui frémit, en ses desseins féroces,

Pour aider et fournir aux massacres atroces

Toute matière est arme, et tout homme soldat.

 

Puis, quand elle a repu ses yeux et ses oreilles

De spectacles navrants, de rumeurs sans pareilles,

Quand un peuple agonise en son tombeau couché,

Pâle sous ses lauriers, l’âme d’orgueil remplie,

Devant l’œuvre achevée et la tâche accomplie,

Triomphante elle crie à la Mort : « Bien fauché ! »

 

Oui, bien fauché ! Vraiment la récolte est superbe ;

Pas un sillon qui n’ait de cadavres pour gerbes !

Les plus beaux, les plus forts sont les premiers frappés.

Sur son sein dévasté qui saigne et qui frissonne

L’Humanité, semblable aux champs que l’on moissonne,

Contemple avec douleur tous ces épis coupés.

 

Hélas ! au gré du vent et sous sa douce haleine

Ils ondulaient au loin des coteaux à la plaine,

Sur la tige encore verte attendant leur saison.

Le soleil leur versait ses rayons magnifiques ;

Riches de leurs trésors, sous les cieux pacifiques,

Ils auraient pu mûrir pour une autre moisson.

II

Si vivre c’est lutter, à l’humaine énergie

Pourquoi n’ouvrir jamais qu’une arène rougie ?

Pour un prix moins sanglant que les morts que voilà

L’homme ne pourrait-il concourir et combattre ?

Le malheureux ! Il cherche, et la misère est là !

 

Qu’il lui crie : «  À nous deux ! » et que sa main virile

S’acharne sans merci contre ce flanc stérile

Qu’il s’agit avant tout d’atteindre et de percer.

À leur tour, le front haut, l’Ignorance et le Vice,

L’un sur l’autre appuyé, l’attendent dans la lice :

Qu’il y descende donc, et pour les terrasser.

 

À la lutte entraînez les nations entières.

Délivrance partout ! Effaçant les frontières,

Unissez vos élans et tendez-vous la main.

Dans les rangs ennemis et vers un but unique,

Pour faire avec succès sa trouée héroïque,

Certes ce n’est pas trop de tout l’effort humain.

 

L’heure semblait propice, et le penseur candide

Croyait, dans le lointain d’une aurore splendide,

Voir de la Paix déjà poindre le front tremblant.

On respirait. Soudain, la trompette à la bouche,

Guerre, tu reparais, plus âpre, plus farouche,

Écrasant le progrès sous ton talon sanglant.

 

C’est à qui le premier, aveuglé de furie,

Se précipitera vers l’immense furie.

À mort ! Point de quartier ! L’emporter ou périr !

Cet inconnu qui vient des champs ou de la forge

Est un frère ; il fallait l’embrasser, - on l’égorge.

Quoi ! Lever pour frapper des bras faits pour s’ouvrir !

 

Les hameaux, les cités s’écroulent dans les flammes.

Les pierres ont souffert ; mais que dire des âmes ?

Près des pères les fils gisent inanimés.

Le Deuil sombre est assis devant les foyers vides,

Car ces monceaux de morts inertes et livides,

Étaient des cœurs aimants et des êtres aimés.

 

Affaiblis et ployant sous la tâche infinie,

Recommence, Travail ! Rallume-toi, Génie !

Le fruit de vos labeurs est broyé, dispersé.

Mais quoi ! Tous ces trésors ne formaient qu’un domaine ;

C’était le bien commun de la famille humaine,

Se ruiner soi-même, ah ! C’est être insensé !

 

Guerre, au seul souvenir des maux que tu déchaînes,

Fermente au fond des cœurs le vieux levain des haines ;

Dans le limon laissé par tes flots ravageurs

Des germes sont semés de rancune et de rage,

Et le vaincu n’a plus, dévorant son outrage,

Qu’un désir, qu’un espoir : enfanter des vengeurs.

 

Ainsi le genre humain, à force de revanches,

Arbre découronné, verra mourir ses branches,

Adieu, printemps futurs ! Adieux, soleils nouveaux !

En ce tronc mutilé la sève est impossible.

Plus d’ombre, plus de fleurs ! et la hache inflexible,

Pour mieux frapper les fruits, a tranché les rameaux.

III

Non, ce n’est point à nous, penseur et chantre austère,

De nier les grandeurs de la mort volontaire ;

D’un élan généreux il est beau d’y courir.

Philosophes, savants, explorateurs, apôtres,

Soldats de l’Idéal, ces héros sont les nôtres :

Guerre ! ils sauront sans toi trouver pour qui mourir.

 

Mais à ce fier brutal qui frappe et qui mutile,

Aux exploits destructeurs, au trépas inutile,

Ferme dans mon horreur, toujours je dirai : « Non ! »

O vous que l’art enivre ou quelque noble envie,

Qui, débordant d’amour, fleurissez pour la vie,

On ose vous jeter en pâture au canon !

 

Liberté, Droit, Justice, affaire de mitraille !

Pour un lambeau d’État, pour un pan de muraille,

Sans pitié, sans remords, un peuple est massacré.

- Mais il est innocent - Qu’importe ? On l’extermine.

Pourtant la vie humaine est de source divine :

N’y touchez pas, arrière ! Un homme c’est sacré !

 

Sous des vapeurs de poudre et de sang, quand les astres

Pâlissent indignés parmi tant de désastres,

Moi-même à la fureur me laissant emporter,

Je ne distingue plus les bourreaux des victimes ;

Mon âme se soulève, et devant de tels crimes

Je voudrais être foudre pour pouvoir éclater.

 

Du moins te poursuivant jusqu’en pleine victoire,

À travers tes lauriers, dans les bras de l’Histoire

Qui, séduite, pourrait t’absoudre et te sacrer,

O Guerre, Guerre impie, assasin qu'on encense,

Je resterai, navrée et dans mon impuissance,

Bouche pour te maudire, et cœur pour t’exécrer !

 Louise Ackermann

 

 

 

 

 

 

 

 

10:02 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)